Pete Plough, président de la MH17 Flight Crash Foundation
Malgré l'ampleur de la désinformation, nous avons une grande confiance dans l'enquête
01.04.2020 16:30

La pandémie de coronavirus n'a pas interrompu le procès du vol MH17 qui se déroule à La Haye. Bien que les réunions soient en ligne et que la prochaine soit prévue pour juin, une attention mondiale sans précédent et le travail diligent des enquêteurs donnent l'espoir d'un verdict objectif et d'un triomphe de la justice. Pete Plough, président de la MH17 Flight Crash Foundation, qui réunit les proches de la majorité des victimes du MH17, fait le point sur l'atmosphère autour de l'affaire MH17 aux Pays-Bas

- Monsieur Plough, la société néerlandaise se désintéresse-t-elle aujourd'hui du cas du MH17 en raison de la situation extrêmement difficile créée par la pandémie de coronavirus et tous les problèmes qu'elle a engendrés?

- Bien sûr, la pandémie de COVID-19 est un sujet d'actualité pour notre pays, car cette tragédie affecte tout le monde. En outre, la catastrophe du MH17 a eu lieu il y a très longtemps. Cependant, l'intérêt pour le procès dans l’affaire du MH17 reste élevé, les gens me posent des questions même quand je marche dans la rue et s’intéressent à la situation entourant le procès. Cette tragédie est gravée dans la mémoire collective des Hollandais. Si vous demandez à un Néerlandais ce qu'il faisait le jour où le vol MH17 a été abattu, il se rappellera tous les détails

- L'affaire MH17 est-elle suffisamment couverte par les médias néerlandais?

- Oui, bien que, bien sûr, ce sont surtout les événements de pointe qui sont médiatisés. En particulier, la veille du procès, presque tous les médias ont porté leur attention sur ce sujet: ils ont parlé avec des proches des victimes, ont passé des reportages, reconstruit les événements, ont organisé des talk-shows sur le sujet.

Pensez-vous que la propagande russe essaie d'influencer l'opinion publique? Et si oui, que faut-il faire pour y résister?

-Cela se remarque tout d’abord dans les médias sociaux, également dans les «infos» des médias russes, du gouvernement et des ambassades russes aux Pays-Bas et à l'étranger. En outre, il y a une quantité notable de tweets Twitter en russe, qui remettent en question l'enquête JIT (Joint Investigation Team), et où l'Ukraine est accusée de la catastrophe MH17. Il y a aussi des «journalistes» néerlandais ou des blogueurs pro-russes qui sont très actifs. Nous avons également appelé l'attention sur les déclarations du Premier ministre malaisien, qui a qualifié l'enquête de l'Équipe commune d'enquête (JIT, ndlr) de partialité et d’avoir un caractère politique.

Malgré tous ces efforts pour sensibiliser le public et polariser son opinion, les proches des victimes et une grande partie des Néerlandais ont toujours une grande confiance dans l'enquête du JIT. Lors d'un sondage réalisé au printemps 2019, 95% des proches des personnes tuées ont déclaré que le JIT faisait du bon travail. J’estime que la propagande et la désinformation n’ont pas vraiment de succès. Cependant, il est facile de deviner quel impact la propagande a sur la population russe.

À mon avis, il est difficile de résister à ces tentatives d'influence. Cependant, notre Fondation a averti les proches des victimes de la désinformation. Parfois, il vaut mieux ne pas lire Twitter.

- Alors, qui la société néerlandaise considère-t-elle comme le principal coupable de la tragédie?

- Au début, on accusait les séparatistes, mais maintenant on note clairement un changement qui s’oriente vers la perception de la Russie en tant que pays principal coupable de cette catastrophe.

- On constate qu’actuellement seuls les individus sont blâmés. Pensez-vous qu'à l'avenir la Russie sera accusée en tant qu'Etat?

- Il y a quelque temps, le gouvernement des Pays-Bas et de l'Australie ont officiellement inculpé la Fédération de Russie pour son rôle dans l'accident de l'avion MH17. Autrement dit, cela concerne la responsabilité de l'État. Des négociations diplomatiques sont en cours entre les Pays-Bas, l'Australie et la Fédération de Russie. Et ces conversations sont également une condition préalable à un éventuel procès à l'avenir. Cela ne sera probablement possible que si les négociateurs ne s'accordent pas. Toutefois, je ne serais pas surpris que des poursuites contre la Fédération de Russie devant le Tribunal pénal international soient engagées à l'avenir.

Environ 400 proches des victimes ont déposé des plaintes contre la Russie auprès de la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH). Le gouvernement néerlandais a également décidé d'exercer son droit d'intervenir dans la procédure. En fait, les autorités le font pour soutenir les plaintes des proches. Par conséquent, plusieurs poursuites ont été ouvertes à l’encontre de la Fédération de Russie.

- Que pensez-vous que le public néerlandais devrait faire et comment l'Ukraine devrait-elle réagir aux tentatives éventuelles des Russes de retarder la procédure pénale?

- Le public néerlandais ne peut vraiment rien faire. La seule chose est de rester ferme et de faire confiance au JIT et au tribunal. Nous savons seulement que la Russie s'est activement opposée à ce procès, et elle continuera de le faire. Cela signifie que le processus prendra plus de temps. Mais aux Pays-Bas, nous avons un dicton: «L'honnêteté survit à tout le reste», nous voulons dire qu’avec le temps les mensonges sont toujours révélés, et la vérité reste toujours la vérité. Nous sommes confiants et patients.

Photo: Dmytro Dituk-Snitcharenko, Defense Express, pour Ukrinform

Photo: Iryna Drabok.        

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