Les élections présidentielles en Ukraine: quand le spectacle sera terminé, qu'adviendra-t-il du pays?

Les élections présidentielles en Ukraine: quand le spectacle sera terminé, qu'adviendra-t-il du pays?

Ukrinform
Jamais une telle campagne électorale n’a eu lieu auparavant non seulement en Ukraine, mais aussi dans le monde entier: parfaitement démocratique et à moitié virtuelle

Le 31 mars de cette année s’est déroulé le premier tour de l'élection présidentielle. Trente-neuf candidats au total y ont pris part, dont un nouveau venu en politique, le showman Volodymyr Zelensky (30,24% des voix) et le chef de l’Etat en exercice, Petro Porochenko (15,95%), qui sont tous deux arrivés au second tour. Plus de 2 057 observateurs de diverses organisations internationales étaient présents en Ukraine au cours de ces élections, ce qui a permis de donner une évaluation très positive de l'organisation et du déroulement des élections. Le second tour est prévu pour le 21 avril.

Deux semaines après le premier tour, les électeurs ukrainiens sont très impressionnés et inquiets. La rivalité entre un politicien expérimenté et un novice anti-système qui plaît à ceux qui parlent de changement et de méfiance vis-à-vis des vieux politiciens, est la variante ukrainienne de cette tendance mondiale. Dans le même temps, tout cela semble un peu ridicule et surtout alarmant à ceux qui demandent de ne pas oublier que le pays est en guerre et doit affronter de nombreux problèmes graves.

Essayons d’analyser la situation point par point

Les programmes. Les programmes de Zelensky et de Porochenko ont beaucoup de points communs. En ce qui concerne la Crimée et le Donbass, qui sont occupés par la Russie, les deux candidats déclarent fermement leur intention de restituer les territoires ukrainiens et de le faire de manière diplomatique.

Concernant le programme d’adhésion à l’OTAN et à l’Union européenne. Porochenko pense que l’année 2023 sera le moment idéal pour faire une demande d’adhésion et obtenir un plan d'action pour rejoindre l'Alliance. Zelensky promet l’adhésion à l'OTAN, mais souhaite organiser un référendum national, et il mentionne également l'Union européenne dans le contexte de son soutien à l'Ukraine.

Concernant l'économie et le domaine social. Ces questions, contrairement à la politique étrangère et à la défense, relèvent de la compétence du Conseil des ministres et non du président, mais si le gouvernement est formé de membres du parti du président et de ses alliés au parlement, il aura un impact sur ces questions. Les deux candidats promettent une aide sociale, le développement du secteur agraire et des technologies de l'information, et la production nationale d'énergie. Zelensky promet une «déclaration zéro» pour les entreprises et une taxe sur le capital retiré. Porochenko a déjà soumis cette loi à la Verkhovna Rada et a promis de soutenir la science. Zelensky promet d'ouvrir l'Ukraine aux universités étrangères. Les deux veulent veiller au bien-être des médecins et des enseignants. Porochenko promet de soutenir les projets culturels. Zelensky évoque un mode de vie sain.

Les deux candidats déclarent être orientés vers l'Europe, socialement et démocratiquement.

Les débats. Dans les jours qui ont suivi les résultats du premier tour, le mot «débat» est devenu le mot essentiel. Selon la loi électorale, les débats télévisés sont une partie obligatoire de la procédure électorale: ils sont financés sur le budget et doivent se dérouler à une heure précise, le 19 avril, sur une chaîne précise et dans un format défini. Mais Volodymyr Zelensky a déclaré que le débat devait avoir lieu au stade pour pouvoir accueillir un public très nombreux. La Commission électorale centrale a expliqué que c'était possible: des débats obligatoires seront organisés conformément à la loi, mais à d'autres moment les candidats peuvent se réunir et débattre dans un lieu choisi d’un commun accord.

La virtualité de Zelenski et sa réticence à apparaître dans le monde réel sont devenues un sujet de préoccupation et d’intérêt, car il ne reste que quelques jours avant les élections, et on ne sait pas grand chose concrètement des intentions du président potentiel sur toutes les questions concernant l’État, y compris les plus importantes: la guerre et les territoires occupés de Crimée et du Donbass, la nomination du personnel, la lutte contre la corruption, la réforme judiciaire.

Les journalistes se sont unis dans le mouvement «Des médias pour un choix conscient» et ont appelé Zelensky à faire preuve de respect envers les médias et à donner une conférence de presse au plus tard le 18 avril, déclarant que Zelensky «évite personnellement depuis plusieurs semaines une communication directe et complète avec les journalistes». L’état-major de campagne a déclaré que la conférence de presse n’aura pas lieu, le candidat se préparant pour le débat.

Igor Kolomoisky. Volodymyr Zelensky a été, dès le début de la campagne électorale, considéré comme le représentant d'Igor Kolomoisky, un oligarque propriétaire d’un groupe de sociétés, notamment de la chaîne de télévision dans laquelle travaille Zelensky, et ancien gouverneur de la région de Dnipropetrovsk. Après sa démission du poste du gouverneur et la nationalisation de la plus grande banque ukrainienne Privat, qui lui appartenait, il a quitté l'Ukraine pour la Suisse et Israël - et est considéré comme l’ennemi du président sortant Porochenko. Un changement de pouvoir lui serait pour le moins profitable.

L’année dernière la chaîne de télévision sociale suisse SRF s’est intéressée aux visites régulières de Zelensky à Genève, où résidait Kolomoisky, puis à Tel Aviv, où l’homme d'affaires s'est installé. Zelensky nie catégoriquement dépendre de l'oligarque et avoir l'intention de l'amener au pouvoir en Ukraine.

Les équipes. Les candidats que Petro Porochenko pourrait proposer pour les postes gouvernementaux sont plus ou moins prévisibles. Il est le président en exercice et mène une campagne électoral en soulignant les succès de l'équipe dirigeante actuelle. Il n'a donc pas déclaré son intention de changer ou d'initier un changement de hauts responsables. Dans le même temps, commentant les résultats du premier tour, Petro Porochenko a déclaré qu'il en avait tiré une «leçon essentielle» et qu'il devait en particulier changer sa politique concernant ses collaborateurs.

En outre, le président actuel a annoncé des modifications dans le système de gouvernement local après les changements dans la Constitution relatifs à la décentralisation. Les chefs des administrations d'État seront remplacés par des préfets aux pouvoirs réduits: ils vérifieront la constitutionnalité et la légitimité des décisions des administrations locales.

En revanche, Volodymyr Zelensky n’a pas encore dévoilé les noms de ses candidats pour les postes clés.

Sondages. Après le premier tour, deux études sociologiques ont été publiées. Au cours d’un sondage réalisé par l’Institut sociologique «Reyting» 3000 personnes ont été interrogées. Selon les résultats, 51% des électeurs ont l'intention de voter pour Zelensky, 21% pour Porochenko, 18% ne voteront pas et 18% n'ont pas encore pris de décision.

Le deuxième sondage a été réalisé par l'Institut international de sociologie de Kyiv (KIIS). Selon ses résultats, 48,4% des électeurs voteront pour Zelensky, 17% pour Porochenko, 6,3% n’ont pas l’intention de voter, 17,9% n’ont pas encore décidé et 8,8% refusent de répondre. En deux jours, l'institut a donné une dynamique selon laquelle l'écart entre les candidats a été réduit de moitié. Zelensky est soutenu par 61,9% des électeurs et Porochenko par 38,1%.

Les rivaux politiques des deux candidats. Presque tous les candidats à la présidentielle, éliminés au premier tour, ont déclaré qu’ils n’appuyaient aucun candidat au second tour et n’entérineraient un accord avec aucun d’entre eux. Les élections législatives doivent avoir lieu le 27 octobre de cette année, aussi les politiciens ne veulent pas se discréditer par des alliances temporaires, ni exacerber leur rivaux avant les élections. La Verkhovna Rada, en vertu de la Constitution, dispose de pouvoirs importants: en particulier, il est impossible de nommer un Premier ministre sans son consentement, la Rada peut rejeter les initiatives législatives du président, imposer son veto sur les lois. Ainsi, les politiciens, même après avoir perdu l'élection présidentielle, ont la possibilité d’exercer une grande influence dans le pays si le parti du président élu - quel qu'il soit - n'a pas la majorité au parlement.

Olexandre Volynsky, Kyiv.


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