Volodymyr Groisman, Premier-ministre ukrainien: Nous avons toutes les raisons de dire que l’année 2018 sera bien plus stable et prévisible que cette année
28.09.2017 14:39

Pour la deuxième année consécutive, le gouvernement a approuvé et soumis, en temps utile, à la Verkhovna Rada un projet de budget d'État pour 2018. 

Désormais, des  discussions se poursuivront jusqu'à la date de l’adoption du projet. Le Premier ministre ukrainien, Volodymyr Groisman, s'est déjà déclaré prêt à faire des compromis sur des questions «techniques», mais certains points fondamentaux ne seront en aucun cas modifiés.

Le chef du gouvernement a annoncé à Ukrinform les réformes prioritaires qu’il avait l’intention de mettre en oeuvre, le combat qu’il poursuivait pour la réalisation de ces réformes et la confirmation qu’il n’avait pas l’intention de reculer.

-Monsieur le Premier ministre, le 15 septembre, le gouvernement a soumis à l’examen de la Rada le projet du budget d’État conformément aux exigences de la législation. En avez-vous parlé aux députés? Quels sont les sujets les plus discutables et les plus sensibles?

- Il existe un processus budgétaire et nous le respectons. Nous avons soumis, en temps utile, le budget au Parlement et créé une plate-forme pour discuter du contenu et de ses paramètres.

C'est le budget établi sur une croissance économique. Il est équilibré, clairement structuré selon les objectifs et les priorités afférents à nos recettes et nos dépenses.

Nous commençons seulement à discuter. J’ai d’abord présenté le projet de budget et ses paramètres lors d'une réunion du gouvernement et, vendredi dernier, il a été présenté à la tribune du Parlement. Le document sera maintenant évalué et discuté par les députés avec l’ensemble des experts.

Nous ferons en sorte que ce projet de loi soit discuté avec toutes les parties intéressées et compréhensible pour tout le monde. Progressivement et logiquement, nous parviendrons à finaliser le document.

- Vous avez tenu un certain nombre de réunions avec des experts. Quels ont été leurs remarques sur le budget?

- Pour le moment, il n'y a pas eu de remarques, mais des questions. Les experts poursuivent l’étude de  ce document.

Je tiens à souligner que le gouvernement est absolument ouvert et que dans le budget, il n’y a rien que nous voudrions cacher ou magnifier.

Nous avons fixé la croissance du PIB à 3%, le déficit budgétaire à  2,4%, l'inflation à 7%, car nous considérons que ces chiffres sont acceptables pour l’année 2018.

Entre autres, nous prévoyons d’investir beaucoup dans la défense et la sécurité. À titre d’exemple, 60 milliards de hryvnias  seront destinés à soutenir l'activité des forces armées ukrainiennes et plus de 16 milliards  pour le développement, l'approvisionnement et la modernisation des équipements militaires.

L'année prochaine, nous prévoyons d’allouer 7,3 milliards de hryvnias pour appuyer le développement de complexes agro-industriels et de l'agriculture. Les dépenses pour le développement de l'infrastructure routière se chiffrent à 44 milliards de dollars et le fonds de mise en place d’une efficacité énergétique à 1,6 milliard de hryvnias. Tout cela entraînera également la création de plusieurs dizaines de milliers d'emplois qui contribueront au développement de l'économie nationale.

Je pense également que la croissance de 3% de l'économie l'année prochaine pourrait être augmentée, mais pour cela, des réformes structurelles sont nécessaires. En particulier, nous devons résoudre les problèmes liés à une gestion efficace et mettre en vente des propriétés de l'État et des entreprises qui ne sont pas stratégiquement importantes. Je veux dire l'adoption d'une nouvelle loi de privatisation qui donnera à tous les investisseurs potentiels une égalité de chance. Ceux qui seront intéressés pourront ouvrir le site concerné et voir les actifs des entreprises publiques et ainsi investir dans des entreprises modernes, créer des emplois et rendre notre pays plus compétitif.

Actuellement, l'Ukraine dispose de 3500 entreprises publiques, dont la plupart ne sont pas rentables. Elles n’ont aucune valeur stratégique et restent fermées à des investisseurs de petites, moyennes et grandes entreprises, car leurs dirigeants actuels gardent tous les recettes et par conséquent, les bloquent.

- Monsieur le Premier ministre, vous avez déclaré que vous étiez prêt à faire des compromis sur certains problèmes budgétaires. Quels sont ceux que vous refuserez de négocier ?

- Tout d'abord, nous devons maintenir l'équilibre budgétaire. Ensuite, la défense et la sécurité, les complexes agro-industriels et toutes les priorités que j'ai déjà mentionnées ne seront pas négociables.

Le soutien à l'éducation est extrêmement important. La question de l'augmentation des salaires des  enseignants ukrainiens d’au moins 25%, soit en moyenne 1500 hryvnias, ne pourra faire l'objet de discussions.

Quant à la Santé, je n'abandonne pas le programme "Médicaments disponibles". Nous prévoyons pour cela 1 milliard de hryvnias. À l'initiative du Président, des fonds supplémentaires sont consacrés au budget de la médecine rurale. En général, les dépenses de soins de santé sont équilibrées et ne peuvent pas non plus faire l'objet de concessions.

La prochaine priorité est consacrée à la construction de routes ukrainiennes. Nous poursuivrons ce qui est entrepris.

La protection sociale: la réforme des retraites, les prestations sociales et autres formes d'aide de l'État seront maintenues.

La réforme de l'administration publique, également incluse dans le budget de l'année prochaine, est importante.  Nous augmenterons les dépenses en matière de gestion électronique qui permettront ainsi d’améliorer non seulement la qualité de la gestion et la commodité des services pour les citoyens, mais qui constitue également un moyen efficace de prévenir la corruption.

- Il existe une sphère qui n'exigeait pas de financement important : la sécurité de l'information et la cyber sécurité. Mais maintenant, nous sommes en guerre. Les dépenses sont-elles prévues?

- Bien sûr, ces dépenses sont prévues, y compris pour la mise à jour du logiciel pour des structures spéciales. 

- Vous avez parlé à plusieurs reprises des aides de l'État au développement du complexe agro-industriel. Quels sont les programmes et les fonds?

- C'est aussi une priorité qui ne peut pas être modifiée.  En 2018, le gouvernement a l'intention d'allouer 7,3 milliards de hryvnias au développement du système agro-industriel et de l'agriculture.

Nous avons créé, pour la première fois en Ukraine, un programme de soutien particulier aux fermiers, pour lesquels nous allouerons 1 milliard de hryvnias.

En outre, il est prévu de fournir près d’1 milliard de hryvnias pour réduire le coût du matériel  agricole des fermiers et 2,3 milliards de hryvnias pour développer l’élevage. Nous prévoyons une compensation pour les prêts souscrits pour la création de nouvelles fermes, de complexes laitiers et d’élevages afin de restaurer complètement la production animale en Ukraine. Cela aura un effet très positif sur le développement de l'économie nationale, sur le potentiel d'exportation, et par ailleurs, cela permettra au marché ukrainien de fournir des produits nationaux de bonne qualité, de réduire et de stabiliser les prix des produits à base de viande.

Je comprends que les gens ont des difficultés maintenant car en 2017 les prix des différents produits ont fluctué en raison de mauvaises récoltes de fruits et de baies et du  nombre de bétail en forte baisse. Tout cela a eu une incidence négative sur les prix, en particulier pour la viande. L'augmentation des exportations et l'accès aux marchés mondiaux ont également renforcé les prix. Mais maintenant, nous avons toutes les raisons de dire qu’en 2018, les prix seront beaucoup plus stables et plus prévisibles qu’en 2017.

-Le rythme de la décentralisation sera-t-il maintenu?

- J'ai commencé la réforme de la décentralisation en 2014 dans le premier gouvernement après la Révolution de la Dignité, dirigée par Arseniy Yatsenyuk. La décentralisation est devenue l'une des priorités du programme électoral du président Petro Porochenko. Au cours des trois dernières années, il a déjà fait ses preuves, les budgets locaux augmentent, alors nous poursuivrons cette réforme.

Le soutien de l'État au développement régional est maintenu à 10 milliards de hryvnias. Bien sûr, nous exigerons une responsabilité accrue des autorités locales, ce qui est absolument normal.

-Monsieur le Premier ministre, le projet du budget 2018 prévoit d’allouer, pour la première fois, des sommes très importantes au développement de la culture et de l'éducation ...

- La culture et l'éducation sont fondamentales dans toute société, il faut donc y prêter une attention particulière.  Par conséquent, nous avons augmenté les dépenses consacrées au développement de la culture en 2018 de 4,1 milliards de hryvnias. En particulier, pour le cinéma national nous prévoyons d'allouer 500 millions de hryvnias- le processus a déjà commencé cette année, tout le monde a été convaincu que nous pouvions réaliser des films ukrainiens de qualité.

Dieu merci, le Parlement a finalement approuvé la loi "Sur l'éducation", ce qui signifie que nous aurons un nouveau système adapté aux réalités modernes. Cette loi est déjà signée par le Président et nous commençons à mettre en œuvre cette réforme très importante. 

- Comment le projet de budget de l'Etat reflète-t-il les plans de réforme de l'économie dans le cadre de la coopération avec le FMI? Comment évaluez-vous cette coopération maintenant?

 - Vous savez, lors de la période de travail de notre gouvernement, nous avons  déjà révisé à deux reprises notre programme de coopération (EFF- Programme de Fonds Élargi) avec le FMI, ce qui est un signal très positif pour l'Ukraine, pour notre gouvernement. Nous continuons à travailler sur ce programme afin de préparer les réformes qui doivent être mises en œuvre.

Ce n’est pas le FMI qui a besoin de notre programme de coopération, c’est l’Ukraine. Nous pouvons dire qu’il nécessitera plusieurs amendements. Il s'agit d’une bonne gestion des entreprises publiques ou de leur vente, comme je l'ai déjà dit. Cela attirera plus d'investissements qui permettront de fabriquer plus de produits, donc plus de PIB. Et lorsque l'économie s’accroît, d'autres étapes importantes peuvent être franchies. Par exemple, réaliser une réforme des retraites. Mais personne ne voudra nous considérer si nous avons trop de dépenses budgétaires et de déficits des fonds de pension. Actuellement, le FMI a soutenu le projet de réforme des retraites que nous avons proposé.

Oui, si nous parlons d'une lutte efficace contre la corruption, cela est également nécessaire pour l'Ukraine et non pour le FMI. Bien sûr, nous devons mettre en place une institution juridique pour lutter efficacement contre la corruption.

Nous avons créé toute l'infrastructure des organismes de lutte contre la corruption - le Bureau du Procureur anti-corruption, l’Agence nationale anti-corruption et l’Agence nationale de la prévention de la corruption. Tous fonctionnent, des corrompus sont arrêtés, des enquêtes sont menées, puis les tribunaux les libèrent, car il n'y a pas de système judiciaire équitable. Nous devons, de toute urgence, créer une institution judiciaire anticorruption. Je souligne qu’il est préférable de créer rapidement une institution indépendante contre la corruption avec de nouveaux juges. 

Lutter contre la corruption est une question d'honneur, de conscience et, in fine, de l'avenir de notre pays.

-A propos de la construction des routes, le gouvernement alloue à nouveau plusieurs dizaines de milliards de dollars. Comment envisagez-vous de contrôler la qualité de la construction et la réparation des routes?

- Nous introduirons un système transparent et nous prouverons que nous pouvons ne pas voler. J'ai construit des routes dans ma vie et je sais exactement ce que l'on peut faire à moindre coût et de qualité, mais je sais aussi que cela peut être coûteux et de mauvaise qualité.

Mais j'ai chargé le ministère de l'Intérieur et la Police nationale de surveiller attentivement tous les travaux de construction. Si quelqu'un vole quelque chose, il doit être emprisonné. Les Ukrainiens ont le droit de circuler sur de bonnes routes.

Je vous informe que l'année prochaine, nous prévoyons de faire la route Lviv-Ternopil-Khmelnitsky-Vinnytsia-Uman-Odessa-Mykolaiv-Kherson. 

 - Les Ukrainiens attendent le 1er octobre car le gouvernement a promis d'augmenter les retraites. La Verkhovna Rada ne se presse pas de voter. Que ferez-vous si le Parlement n'approuve pas cette réforme dans un avenir proche?

- Je crois que notre gouvernement a proposé une réforme tout à fait unique et équitable du système de retraite qui ne menace personne.

Mais les retraités ne peuvent plus attendre un autre mois, deux mois de plus. Le gouvernement a trouvé une solution, nous avons le financement, nous devons simplement voter et procéder à sa mise en place. 

 Malheureusement, c’est un manque de temps. Les députés, individuellement, ont dû analyser de nombreux amendements. Selon la procédure législative, ils semblent faire un travail correct mais est-ce vraiment pour améliorer la loi? J’en doute.

- Le projet du budget prévoit un taux de change du dollar à 29,3 hryvnias. Une telle prévision ne conduira-t-elle pas à une chute de la monnaie nationale et une grande demande de devises?

- C'est un chiffre purement technique, le résultat des calculs fourni par la Banque nationale d'Ukraine. Mais je ne vois actuellement aucun motif objectif pour que le dollar augmente d'ici la fin de l'année prochaine.

Je souligne que tout dépendra du rythme des réformes et de la croissance économique. Si le Parlement vote une demi-douzaine de lois nécessaires, cela nous permettra d'accélérer le développement économique et d'assurer la stabilité.

Par conséquent, nous n’avons aucune raison d’affirmer que le dollar s’échangera à  30 hryvnias.

- Les critiques avaient prédit une diminution du nombre de petites entreprises en raison d'une augmentation du salaire minimum. Il est évident que cela ne s'est pas produit ...

- Non, cela n'a pas eu lieu. Toutes les petites entreprises qui ont réellement travaillé, ont poursuivi leur activité. Et l'augmentation du «minimum salarial» a permis de revaloriser les retraites. 

 Et maintenant, après l'étape à 3200 hryvnias, je garantis l’étape à 3700 hryvnias. Une augmentation des pensions s’ensuivra, il suffit que le Parlement vote la réforme des retraites et le budget. Mais l’essentiel ne réside pas dans la seule augmentation du salaire minimum. La relance de l'économie est effective et le salaire moyen augmente. La particularité de ce budget est qu’il ne prévoit pas une augmentation de la charge fiscale, mais une croissance économique. C'est pourquoi nous l’appelons le budget de la croissance et je suis sûr que le pays va changer, se développer et que tout ira bien.

Marina Syngaevskaya, Olena Sobko, UKRINFORM.

Marina Syngaevskaya, Olena Sobko, UKRINFORM.

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