Pologne : Les amendements à la loi mémorielle dénoncés officiellement par le Parlement ukrainien

Pologne : Les amendements à la loi mémorielle dénoncés officiellement par le Parlement ukrainien

Ukrinform
La Verkhovna Rada, le parlement ukrainien, a adopté une déclaration condamnant l'adoption par l’assemblée nationale et le Sénat de Pologne d'amendements à la loi mémorielle sur « l’Institut de la mémoire nationale », qui criminalisent en particulier le déni de "crimes des nationalistes ukrainiens".

L'assemblée nationale (le 26 janvier) et le Sénat (le 1er février) polonais ont approuvé des amendements à la loi sur l'Institut de la mémoire nationale qui criminalisent toute personne, y compris les étrangers, pour avoir attribué au peuple polonais la responsabilité, seule ou conjointe, des crimes commis par les nazis durant la Seconde Guerre mondiale. La loi introduit également une sanction pour le déni de «crimes commis par les nationalistes ukrainiens» pendant la guerre contre les citoyens de la République de Pologne.

La ratification de cette loi mémorielle par le président polonais Andrzej Duda mardi dernier a entrainé une levée de boucliers en Ukraine, poussant les députés à condamner officiellement le texte, mais également dans d'autres pays et organisations internationales.

 

La Verkhovna Rada, le parlement ukrainien, a adopté une déclaration condamnant l'adoption par l’assemblée nationale et le Sénat de Pologne d'amendements à la loi mémorielle sur « l’Institut de la mémoire nationale », qui criminalisent en particulier le déni de "crimes des nationalistes ukrainiens".
Le projet de résolution a été soutenu par 242 députés lors d'une réunion plénière ce mardi.

Les députés ukrainiens estiment que les changements législatifs adoptés par les deux chambres polonaises contredisent les valeurs démocratiques et le partenariat stratégique entre les deux pays :

"Les modifications législatives adoptées contredisent le contenu et l'esprit du partenariat stratégique entre l'Ukraine et la République de Pologne, ainsi que les principes convenus entre les parties, entre autres, dans la Déclaration de la mémoire et de la solidarité du 20 octobre 2016".

Le communiqué stipule également que c'est dans cette déclaration que la Verkhovna Rada d'Ukraine et le Sejm (l’assemblée nationale de Pologne) avaient convenu de la nécessité d'intensifier la recherche historique impartiale et de "dissuader les forces qui mènent à des différends dans nos États".

Ils ont également exhorté la partie polonaise à s’ouvrir et à être constructive dans le développement des relations bilatérales :

"Nous appelons le président de la République de Pologne à user de ses pouvoirs constitutionnels et, en coordination avec le Sejm et le Sénat de la République de Pologne, à ramener délibération, rationalité et bienveillance dans les relations ukraino-polonaises", poursuit le texte.

Le document indique que la loi polonaise interdisant la négation ou la critique des «crimes de nationalistes ukrainiens» prévoit une «définition biaisée et anti-historique de ce concept qui ouvre la voie à la manipulation et au renforcement des tendances anti-ukrainiennes dans la société polonaise».

Les députés ukrainiens soulignent en outre que le dialogue franc, le libre échange d'opinions et la liberté universitaire se retrouvent menacés de poursuites pénales dans le cadre de l'adoption de cette loi "incompatible avec les valeurs démocratiques".

Ils insistent donc sur la nécessité de préserver et de transmettre aux prochaines générations "la vérité sur les causes réelles, et non sur celles qui ont été retirées du contexte général", qui ont entraîné un bain de sang entre les peuples pendant la Seconde Guerre mondiale et à d’autres moments de l'Histoire et eu de tragiques conséquences pour les deux peuples".

La déclaration souligne également que l'incitation aux conflits entre les peuples ukrainiens et polonais, traditionnellement amis, réside dans les intérêts des ennemis communs de la Pologne et de l'Ukraine, à l’époque les "régimes nazis et communistes, [...] aujourd'hui les agresseurs et occupants russes".

La déclaration a été préparée sur ordre du président de la Verkhovna Rada, Andriy Parubiy, par la commission parlementaire des affaires étrangères, composée de représentants du ministère ukrainien des Affaires étrangères et d'experts internationaux.

En plus de l’Ukraine, d’autres pays et organisations ont également critiqué cette loi mémorielle.

L’OSCE, par la voix de son représentant pour la liberté de la presse Harlem Désir, avait émis dès le vote des réserves quant à la censure que cette loi allait provoquer et l’incompatibilité de celle-ci avec l’indépendance nécessaire aux chercheurs et universitaires.

Les Etats-Unis et Israël ont également réagit négativement, mettant plus particulièrement en cause un amendement de cette loi qui, à l’instar de celui sur le déni de « crimes des nationalistes ukrainiens », pourraient entraîner une responsabilité pénale en cas de discours imduisant la responsabilité polonaise dans les exactions antisémites qui ont eu ieu sur son territoire durant la seconde guerre mondiale.

Jérusalem s’était prononcé dès le vote du sénat polonais, le 1er février dernier, et avait jugé d’un très mauvais oeil cet amendement qui empêche désormais, selon la diplomatie israélienne, la critique à l’encontre des polonais ayant participé à ces exactions.

De son côté, Washington est déçu par la décision du président polonais de promulguer cette loi mémorielle qui prévoit également des sanctions judiciaires en cas d'utilisation du terme "camps de la mort polonais".


Le  département d'État américain, via son porte-parole Heather Nauert, s’est fendu d’un communiqué :

Nauert a déclaré que des termes comme «camps de la mort polonais» étaient certes douloureux et trompeurs et que des inexactitudes historiques "affectaient grandement [leur] allié polonais, mais que cela devait être débattu et traité de manière à ce que [les Polonais puissent avoir] une éducation et une discussion libres et ouvertes à ce sujet."

"Nous croyons également à la liberté d'expression et à la liberté d'avoir la liberté académique pour que les gens puissent apprendre ce qui s'est vraiment passé", a-t-elle conclu.


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