La mission de maintien de la paix dans le Donbass discutée à Berlin
Telle est l’opinion commune des participants à la discussion organisée par le Hertie School of Governance GmbH, qui a eu lieu ce jeudi à Berlin :
"Pour moi, l’idée de cette mission est le seul moyen de sortir de l’impasse des accords de Minsk [...] Sinon ce conflit, qu’il soit gelé ou non, durera des années", a déclaré Sigmar Gabriel, député du Bundestag et ancien ministre des Affaires étrangères de l’Allemagne.
Il a rappelé qu'au début des négociations de Minsk, tout le monde s'était accordé sur la nécessité d'établir, au début de la mise en place du processus politique, un cessez-le-feu et le retrait des armes lourdes que la mission de suivi de l’OSCE devait surveiller, le processus politique ne pouvant commencer sans le respect de ces conditions préalables.
Selon Sigmar Gabriel, la première initiative d'internationalisation du conflit, avec l’introduction d’une mission de l'ONU, a été proposée par l'Ukraine, ce à quoi le président russe Vladimir Poutine a montré une grande réticence. Lors des réunions avec les dirigeants russes, le député du Bundestag aurait personnellement constaté que les Russes insistaient pour qu’en premier lieu, l'attention soit portée sur un cessez-le-feu en Syrie avant d'engager un processus politique. Il aurait donc demandé à Vladimir Poutine pourquoi un tel schéma serait favorable à la paix en Syrie et non en Ukraine.
L'approche sur la mission des casques bleus en Ukraine par les autorités russesaprès deux ans de négociations a donc surpris les partenaires occidentaux. Zigmar Gabriel a souligné que ces derniers ont immédiatement rejeté l'idée de déployer les gardiens de la paix uniquement sur la ligne de contact, car cela conduirait à l'émergence d'une nouvelle frontière entre l'Ukraine et le Donbass.
Le fait que la partie russe ait commencé à accepter l'idée d'un déploiement sur l'ensemble du territoire sur lequel opère la mission de l’OSCE, c'est-à-dire jusqu'à la frontière russo-ukrainienne, est un "énorme pas en avant du côté du président russe" pour le parlementaire.
L’ancien ministre allemand des Affaires étrangères a également abordé la question des sanctions européennes contre la Russie :
"Il s'agit de la position officieuse de l'Occident, mais je dirais : s'il n'y a pas de carotte, mais seulement un bâton, il sera très difficile de convaincre la Russie", a t-il déclaré tout en préconisant l'élimination progressive des mesures restrictives, en s'efforçant de ramener les parties à la table des négociations de manière plus positives afin de discuter des conditions dans lesquelles la mission contrôlera la trêve et le retrait des armes lourdes.
L’Ambassadeur d'Allemagne en Ukraine, Andriy Melnyk, a noté comme positif le fait que la proposition de mission de maintien de la paix présentée par le président ukrainien en mars 2015, ait enfin attiré l'attention de la communauté internationale et que le nouveau gouvernement allemand ait introduit un point sur les Casques bleus dans son accord de coalition :
"C’est un nouvel espoir de terminer la guerre en Ukraine et d’obtenir des progrès", a déclaré Melnyk, soulignant que la proposition de Poutine de septembre 2017 avait donné un nouvel élan à l'idée. Cependant, l'ambassadeur a noté que ses homologues diplomates russes tentaient d'imposer une autre vision, radicalement différente et « cosmétique ». Une mission qui ne devrait que protéger l’OSCE étant par définition une "mauvaise utilisation des outils de maintien de la paix".
En dépit de ces divergences concernant la mission, Melnyk a exprimé son optimisme et sa confiance dans la réalisation de son déploiement à venir et a noté que cette mission ne serait en aucune manière en contradiction avec la stratégie globale du processus de Minsk mais, bien au contraire, qu'elle la complèterait.
EH