La Hongrie pourrait changer sa position sur l'intégration euro-atlantique de l'Ukraine
Bruno Lete, Conseiller spécial pour la politique de sécurité et de défense au German Marshall Fund des États-Unis, une institution américaine de politique publique qui vise à promouvoir les relations transatlantiques, a fait cette déclaration dans un commentaire exclusif au correspondant d'Ukrinform à Bruxelles :
"J'espère que l'on trouvera un moyen de sortir de l'impasse. La question est très présente dans l'agenda politique bruxellois et les alliés de l'UE et de l'OTAN travaillent avec la Hongrie et l'Ukraine pour trouver une solution par médiation", a déclaré l'expert en géopolitique.
Parlant des principales raisons de la position de Budapest concernant l'article sur la langue de la nouvelle législation sur l'éducation ukrainienne, Lete a noté qu'elles n'étaient pas causées par des motifs politiques liées aux relations de la Hongrie avec la Russie :
"Le comportement de la Hongrie est principalement le résultat de son programme nationaliste radical. Le mélange de légitimation historique et de nationalisme héroïque du gouvernement Orban est particulièrement populaire parmi les électeurs hongrois", a ajouté l'analyste.
Lete a souligné qu'il n'y avait rien de nouveau dans les désaccords actuels entre Budapest et Kyiv et rappelé que des problèmes similaires avaient également été soulevés par la partie hongroise dans ses relations avec la Slovaquie et la Roumanie :
"Malheureusement, dans le cas de l'Ukraine, Kyiv ne peut pas compter sur la sécurité de l'adhésion à l'UE ou à l'OTAN pour limiter l'agenda nationaliste de la Hongrie", a ajouté l'expert.
La Hongrie a bloqué à plusieurs reprises les réunions de la Commission OTAN-Ukraine au niveau des ministres en raison des revendications de l'article sur la langue de la loi ukrainienne sur l'éducation.
La plupart des politiciens, diplomates et experts de l'OTAN estiment malgré tout que Budapest changera de position vis-à-vis du gouvernement ukrainien et n'utilisera pas les relations bilatérales pour réaliser ses propres intérêts politiques, en raison du contexte de l'agression militaire russe contre l'Ukraine.
Pour information : La nouvelle législation linguistique ukrainienne, adoptée en septembre 2017, soit avant la décision de la Cour constitutionnelle mais après sa saisie (2016) prévoit une augmentation du nombre de représentants d'une minorité dans une région pour que la langue de celle-ci puisse être enseignée, tout en obligeant à un partage maximum des matières de 60 – 40 % en faveur de l'Ukrainien et en introduisant l'obligation de la langue nationale dès 10 ans.
Cette nouvelle législation n'a pas été sans heurts puisqu'une partie de la population, les minorités ethniques présentes dans plusieurs régions de l'Ukraine, s'estime directement visée par celle-ci, à l'instar de la minorité hongroise de Transcarpathie (150 000 personnes), soutenue par le gouvernement hongrois, s'est également opposée à cette loi.
Ces tensions ont amené Budapest à contrecarrer à plusieurs reprises les réunions et conférences organisées entre l'Union européenne, l'OTAN et l'Ukraine en posant son veto et exigeant des amendements à la législation ukrainienne.