Iryna Herachtchenko, première adjointe du président de la Verkhovna Rada de l’Ukraine
Poutine pourrait utiliser les otages pour augmenter le taux de popularité des candidats à la présidentielle loyaux au Kremlin.
20.07.2018 14:17

Iryna Herachtchenko est la première adjointe du président de la Verkhovna Rada de l’Ukraine et une des femmes les plus influentes dans le monde de la politique ukrainienne. Actuellement elle est également la Commissaire du président de l’Ukraine aux questions du règlement pacifique du conflit dans le Donbass.

- Iryna, que pensez-vous de cette session parlementaire?

- Elle a été moins émotionnelle, plus raisonnable et correcte en ce qui concerne les relations entre les députés. Sans bagarres, sans microphones cassés, sans blocage des tribunes. Étant donné que je suis la première adjointe du président du parlement, c’est très important pour moi.

Notre victoire incontestable est l’adoption du paquet de lois relatives à la création de la Cour suprême anti-corruption. J’aimerais que cela fasse honte aux critiques traditionnelles et signes avant-coureurs de l'apocalypse qui prédisaient que la loi ne serait jamais acceptée. Le projet de loi présidentiel a été adopté par la majorité constitutionnelle. Je me rappelle que le projet de loi présidentiel prévoyait que toutes les questions ayant trait aux sommets de la corruption seront automatiquement transférées à la juridiction de la Cour anti-corruption, mais dans la préparation des amendements, à la deuxième lecture, les députés y ont ajouté l’amendement de n'y transférer que des affaires ouvertes après la mise en place de la Cour, sous le prétexte de ne pas surcharger cette nouvelle Cour. Les critiques recommencent à évoquer une «trahison», accusant on ne sait pourquoi le président pour cet amendement qui a été proposé par des députés. Le dernier jour de la semaine de session, cet amendement scandaleux a été annulé. Ainsi, tous les cas précédemment ouverts qui relèvent de la compétence de la Cour anti-corruption y seront transférés. L’adoption de la loi sur le service diplomatique est importante également. La diplomatie ukrainienne qui se trouve à l’avant-garde de l’information sera désormais modernisée.

La loi présidentielle sur la sécurité nationale, traditionnellement critiquée par les opposants, a été très appréciée par nos partenaires internationaux, et dans une déclaration spéciale du Département d'État américain, et lors du sommet Ukraine-UE, et lors du sommet de l'OTAN. Maintenant, nos partenaires attendent la réforme de la législation sur le fonctionnement des services spéciaux.

Il convient de rappeler la loi sur la réintégration du Donbass, entrée en vigueur le 30 avril de cette année, qui a permis d'organiser une gestion unifiée dans le Donbass et une étroite coordination de tous les services dans le cadre du quartier général des Forces unies.

Maintenant, parlons des occasions manquées. Malheureusement, le parlement a été noyé sous le tsunami du populisme et un faux départ de campagne électorale. N’existent plus que des candidats solides à la présidence et des chanceliers qui promettent le meilleur du meilleur, luttent contre tout ce qui ne va pas, pendant des mois ils font l’impasse sur les séances, ne votant même pas pour reconnaître la Fédération de Russie comme pays agresseur. Il y a des questions à poser aux députés de la coalition qui négligent également les semaines de session, et le président doit littéralement conduire ses collègues dans la salle pour les votes importants. J'aimerais aussi que le gouvernement soit plus engagé dans l'économie réelle.

Qu’est-ce qui dérange dans cette session et ne peut être acceptable? Les problèmes de personnel. Il n'est pas normal que nous ayons un gouvernement intérimaire, que la coalition ne puisse pas se mettre d'accord, que le premier ministre ne puisse pas soumettre des candidatures de ministres. Ministre est un poste politique, et c'est un ministre, et non pas un ministre par intérim, qui devrait être responsable du secteur confié. Nous n'avons jamais créé de ministère des anciens combattants, bien que nos soldats démobilisés aient besoin de programmes complets de réinsertion dans la vie civile, de réadaptation et de recherche d'un nouveau lieu de travail.

Après la décision positive de la Cour constitutionnelle sur la levée de l'immunité, le parlement pouvait déjà voter en juillet des amendements à la Constitution, en première lecture, sur la levée de l'immunité parlementaire. Cette promesse a retenti dans les programmes de tous les partis représentés au parlement.

L'histoire du Comité central électoral semble elle aussi honteuse, puisque c'est le parlement qui bloque depuis deux ans le renouvellement du Comité dont les membres ont été nommés à l'époque de Ianoukovitch. Le président de l'Ukraine a présenté par deux fois les nouvelles candidatures, mais tous les jours, des députés trouvent des raisons peu convaincantes de ne pas soumettre cette question aux votes.

 - La composition actuelle du parlement diffère des précédentes en ce que beaucoup de personnes nouvelles sont arrivées à la Rada et il y avait des attentes élevées dans la société sur son travail, mais aujourd’hui le niveau de soutien du parlement est inférieur à celui du gouvernement et du président. Pourquoi?

- Malheureusement, certains membres des organismes communautaires, des autorités autoproclamées sont plus saint que tous les saints, et décident de qui est honnête et qui ne l’est pas. Pour cela il y a tout d’abord la justice. Deuxièmement les électeurs eux-mêmes peuvent le déterminer. Troisièmement, il s'agit d’une discrimination fondée sur l'âge. Notre évaluation doit se baser sur les actes. À titre d’exemple, au parlement il y a des personnes comme Refat Tchoubarov, Mustafa Dzhemilev. Ce ne sont pas des «visages nouveaux», mais ce sont des personnalités, des Hommes avec une lettre majuscule. Et c'est leur expérience, leur chemin de vie et leur position qui sont inestimables et irremplaçables pour contribuer à l'autorité du parlement. Par conséquent, un parlement idéal, c'est toujours un mélange d'expérience et de jeunesse. Parce qu'il est évident qu'il doit y avoir du sang neuf, un changement de génération, de nouvelles expériences, une compétition, une meilleure éducation, un désir de perfectionnisme et même la destruction de l'ancien, mais il ne faut pas radier toutes les personnes, seulement à cause de leur âge, des rides, d’une expérience de vie difficile et différente. Bien au contraire, nous avons un énorme problème de professionnalisme, de responsabilité, de confiance, d'expérience, d'efficacité, parce qu’il y a des personnes qui travaillent pendant deux jours avec une surcharge de travail, puis disparaissent pendant un mois, rattrapent le cours des travaux. Et que l'irresponsabilité et l'absentéisme, le populisme et le manque de professionnalisme nuisent énormément au fonctionnement de la Rada.

L’UKRAINE DOIT SE DÉFENDRE CONTRE L’INFLUENCE RUSSE PENDANT LES ÉLECTIONS QUI APPROCHENT.

- J’ai examiné Internet pour voir quel était le projet de loi qui a eu le plus de résonnance. Toute la cyberindustrie, Cyberalliance, les représentants de tous les secteurs critiquent la loi 6688.

- Au total, près de trois mille projets de loi sont enregistrés à la Rada. Chacun des membres du parlement n’a aucune limite de projets de loi, ils peuvent donc s'inscrire et déposer toutes les lois qu'ils estiment nécessaires. Je ne pense pas qu'il vaille la peine de consacrer du temps à un projet de loi qui n’est pas à l’ordre du jour. En même temps, par exemple, j'ai sur ma table une loi française sur la lutte contre les contrevérités, récemment adoptée par l'Assemblée nationale.

Le sujet de l'ingérence dans les élections à travers les réseaux sociaux, à travers de fausses informations, à travers la propagation de sentiments apocalyptiques sera très pertinent pour l'Ukraine dans cette campagne électorale qui débutera, en fait, à l'automne. Je souligne que nous parlons d'élections régulières, mais la campagne entrera dans sa phase active à l'automne. Et l'Ukraine doit se protéger de tout cela. Je voudrais une discussion sérieuse sur ce sujet, comment protéger le pays et ne pas permettre aux influences extérieures de décider du sort du pays à travers de fausses informations, à travers la boue et la distorsion des sentiments publics.

Alors je me suis fixée une tâche pour cet été: étudier la loi française qui m'intéresse beaucoup. Moi, par exemple, je m'inquiète de la situation lorsque l'OSCE organise une conférence en Ukraine sur, semble-t-il, des choses correctes, sur la protection de la liberté d'expression, mais qu’on y entend des provocations contre Oleg Sentsov. Quand nos syndicats se montrent à la hauteur des adversaires non du pouvoir, mais de l'Ukraine, y compris lors de la signature de certaines proclamations avec l'Union des propagandistes russes. Parce que je ne crois pas que nous ayons avec la Russie «deux pays et un seul métier». Mon point de vue sur le journalisme et la liberté d'expression est bien différent des propagandistes russes et cela me dérange aussi.

Je ne peux que saluer les discussions sur tous les projets de loi ayant un rapport avec le domaine journalistique. Mais nous ne pouvons pas ignorer tous les défis sérieux qui nous guettent dans le domaine de la sécurité de l’information nationale. Et je pense que nous ne pouvons pas négliger les faits quand le problème de la liberté de parole est remplacé par l'exigence de l'impunité pour les fausses informations, la distorsion de l'opinion publique, y compris pour plaire à notre ennemi extérieur.

-Parlons du format de Minsk. Je le considère comme l’option du soutien de la paix.

Le travail des groupes de Minsk dure depuis trois ans, soit à partir de mai 2015. Les réalisations clés sont l'arrêt de l’offensive à grande échelle en Ukraine, la localisation de la guerre, de sorte que le «printemps russe», comme des tentacules, ne se propage pas plus loin à travers l'Ukraine, la libération de centaines d'otages. C'est très important pour moi.

Les sanctions sont étroitement liées à la réalisation des accords de Minsk. Chez nous, on aime bien critiquer les accords de Minsk, émettre les théories qu'au lieu du «format Normandie», il faut mettre en place un «format de Budapest». Un format de Budapest, de Genève, de Mars, ok, pas de problème, en théorie nous savons tous comment il faut faire. Par contre, demander aux États-Unis et à Trump qu’ils adhèrent au format de Budapest, et que la Fédération de Russie soit d’accord, et est –ce que l’Union européenne y est prête?

Le format de Genève ne consiste pas à se mettre autour d’une table et à réfléchir sur le Donbass et la Crimée. Il faut d’abord l’accord de la Russie: il faut la forcer à nous rejoindre autour de cette table de négociations sur la Crimée, la faire s’asseoir et la faire répondre à des questions embarrassantes et lui faire porter la responsabilité de ses actes ou ses inactions. En attendant, Moscou refuse catégoriquement tout dialogue en Crimée ... et la pression à laquelle la soumet la communauté internationale reste insuffisante.

Les accords de Minsk ne sont pas parfaits, mais il est important qu’ils portent la signature du représentant de la Fédération de Russie, et donc Moscou est responsable de leur inactivité et du non-respect des accords, sanctionné par des sanctions. Et les sanctions, que cela n’en déplaise à notre opposition, sont liées à la mise en œuvre des accords de Minsk. Le travail des groupes dépend directement de l’activité des leaders du format Normandie et des tâches qu’ils nous fixent.

-Le format Normandie a créé le processus de Minsk et des groupes de travail. Où en sont-ils maintenant?

- Bien entendu, la situation que nous avons aujourd’hui est très compliquée et elle va continuer à empirer avec l’approche des élections. Car Poutine va utiliser tous les prétextes pour discréditer le «format Normandie» et le processus de Minsk. En effet il veut se débarrasser des sanctions, accuser l’Ukraine de violer les accords et prétendre que c’est un «conflit civil» qui fait rage dans le Donbass. À Minsk, la partie opposée traîne des pieds: la question des otages n’a pas été résolue depuis 6 mois, les questions sur le désarmement, l’accès des missions humanitaires, la création du groupe de travail le long de la frontière, tout cela n’a pas avancé.

Mais nous, malgré tout, nous essayons d'utiliser même cette plate-forme, qui est loin d’être idéale, pour la désescalade. Depuis le 1er juillet, une autre «trêve des céréales» régulière a été annoncée, au front actuellement une légère diminution de l'intensité des opérations militaires est constatée, ce qui signifie des vies sauvées pour nos soldats.

Chaque vie sauvée vaut la peine de s'asseoir avec les Russes et leurs marionnettes et de mener des négociations très désagréables et difficiles. Mais il s’agit de la vie et du sort des gens.

-Avez-vous reçu une réponse à votre initiative de remettre à la Russie 36 de ses citoyens en échange de nos prisonniers politiques?

-Non, aucune réponse, même si nous avons à plusieurs reprises abordé cette question à Minsk, envoyé des lettres officielles aux représentants de la Fédération de Russie, transmis des lettres officielles dans le cadre des rencontres des ministres des Affaires étrangères des pays du format Normandie.

Quand on aborde cette question à Minsk, les représentants des Républiques auto-proclamées de Donetsk et de Louhansk répètent à chaque fois que la Russie n’a rien à voir avec cette guerre dans le Donbass, Kyiv doit mener des négociations directes avec Donetsk et Louhansk. Et ils recommencent à prétendre que «ce ne sont pas des Russes, mais des milices qui protègent leurs Républiques de la junte».

Nous posons la question à la Russie: ce sont vos citoyens? Oui! Alors, répondrez-vous dans le cadre de la législation internationale, avez-vous l’intention de reprendre vos citoyens? Et les représentants de la Fédération de Russie, notamment l’ancien président de la Douma russe, Boris Gryzlov, racontent que «ces gens-là vivent dans le Donbass depuis longtemps, c’est la raison pour laquelle ils figurent sur les listes». Alors, je leur réponds: ces personnes ont avoué qu’ils étaient venus dans le Donbass pour la première fois en 2014-2015, ils n’y ont jamais vraiment vécu. Ils ne connaissent même pas la différence entre les régions de Donetsk et de Louhansk, ils ne connaissent même pas les noms des localités. Certains sont condamnés pour préparation d’actes terroristes non pas dans le Donbass, mais à Kyiv, Kharkiv et Odessa.

Bien que je comprenne que la fenêtre d'opportunité dans la question de la libération des otages se rétréci, actuellement, en tant qu'État, nous cherchons toutes les possibilités pour sortir nos gens, nous essayons d'utiliser tous les mécanismes pour les libérer. Vous avez vu ce que les dernières semaines ont apporté: et la déclaration du sommet Ukraine-UE où la demande de libération des otages a été diffusée; et la déclaration du sommet de l'OTAN où cette demande s’est fait entendre; et la déclaration de l'Assemblée parlementaire de l'OSCE; et la résolution de l'APCE; et lors des rencontres personnelles du président Porochenko avec ses homologues Macron et Trump ce sujet a également été soulevé.

Nous sommes prêts à faire de sérieux compromis: remettre à la Russie ses «militaires perdus» afin de récupérer nos citoyens. Mais Poutine utilise nos otages comme une sorte de carte maîtresse dans sa poche, qu'il est prêt à mettre sur la table, à vendre, mais pour quoi? Pour la Crimée? Pour qu’on laisse la Russie tranquille et lève les sanctions? Pour permettre à la Russie de rester dans le Donbass? C'est la question. Il ne va pas tout simplement les donner. Et certainement pas les échanger contre 36.

Et autre chose. Je n’exclus pas que Poutine utilise cette carte avant les élections. Je n’exclus pas que la Russie ait l’intention d’utiliser nos otages dans les campagnes électorales, peut-être même en les cédant aux candidats loyaux envers le Kremlin pour montrer qu’ils sont les seuls à trouver un accord avec le Kremlin etc. Donc, malheureusement, le destin des gens est instrumentalisé de manière cynique et immonde dans les négociations.

Et c'est là où la communauté internationale se montre d’une douceur indécente parce que l’on ne peut pas permettre aux régimes dictatoriaux de négliger les droits de l’Homme et d’utiliser la vies des gens dans les jeux politiques. Nous avons appelé le monde à boycotter la Coupe du Monde, alors que la Fédération de Russie est en guerre contre l'Ukraine, aide le régime d'Assad en Syrie, mais certains dirigeants de l'UE ont fait preuve de duplicité morale en se rendant à la Coupe du monde en personne et donc, au contraire, en envoyant le signal qu’à l'avenir on peut attaquer, démembrer, tuer. Je comprends l'importance de soutenir son équipe, mais surtout, ils ont soutenu Poutine comme hôte de ce championnat sanglant.

- Est-ce qu’actuellement vous avez toujours la possibilité de travailler sur les problèmes des personnes disparues dans le Donbass?

- Le groupe humanitaire a plusieurs tâches prioritaires. La première est la négociation pour la libération des personnes détenues illégalement; la seconde est la recherche des personnes disparues. Malheureusement, là nous n'avons pas progressé d'un iota, l'Ukraine insiste sur la création d'un mécanisme avec la participation du Comité international de la Croix-Rouge, la Fédération de Russie, car il y a beaucoup de Russes disparus dans le Donbass. Mais la Russie bloque la création de ce mécanisme, ne veut pas y envoyer ses experts, car il faudrait reconnaître la présence de morts et de disparus russes, même si la Russie prétend qu’il n’y a pas de Russes dans le Donbass.

Soit dit en passant, la Russie n'accepte pas d’échanger les 36 Russes en question, car il faut reconnaître qu'ils ne sont pas des «milices», pas des habitants des «jeunes républiques», mais des Russes envoyés pour tuer, préparer des actes terroristes et déstabiliser la situation.

Bien sûr, c'est une mauvaise chose car le temps joue contre la recherche des disparus: certains faits disparaissent, certains détails manquent, des témoins de certains événements sont perdus ou quelque chose s’est effacé de la mémoire. Et un autre sujet dont nous discutons constamment est que le Comité international de la Croix-Rouge n'est pas autorisé à entrer dans les prisons des territoires occupés, donc nos gars sont complètement isolés pendant des années, ils n'ont pas le droit de téléphoner, de correspondre avec leurs proches, ce qui est inacceptable. Et, bien sûr, cela fait mal que le monde ne réagisse pas plus durement, car cela nécessite un renforcement des sanctions. Oui, et la Croix Rouge pourrait être plus active en matière d'accès et ne pas seulement exprimer simplement son inquiétude et rappeler sa neutralité.

-Est-ce qu’il y a des chances que la mission de l’OSCE à l’est soit élargie et que les Casques Bleus de l’ONU y entrent?

- La Mission de l'OSCE travaille dans des conditions difficiles d'agression et de pressions de la part des combattants pro-russes. Chaque semaine, le rapport de la mission constate que les observateurs n’ont pas été autorisés à inspecter un lieu, que les milices ont tiré sur eux, les ont intimidés. Cela exige également une réaction plus dure de la part des États membres de l'OSCE, la mission doit travailler dans un environnement sécurisé. Et les combattants du Kremlin, ivres en règle générale, doivent cesser de se comporter ainsi avec des observateurs non armés.

Et la Russie nie la possibilité d'étoffer la mission SMM de l'OSCE et de lui donner un mandat plus large. La Russie apporte son soutien au fait que la mission souvent n'est pas autorisée à accéder à la frontière ukraino-russe non contrôlée. C'est sa tactique d’aujourd'hui: travailler pour discréditer les institutions internationales, l'APCE, l'OSCE, pour bloquer le travail du Conseil de sécurité de l'ONU, où aucune résolution sur la Syrie n'est adoptée et l'initiative de la résolution sur l'Ukraine est bloquée.

Quant au déploiement des Casques bleus, l’Ukraine y travaille activement avec nos partenaires, mais, aujourd’hui, le seul pays qui bloque cette initiative est la Russie. Elle nous a jeté un hybride, un produit semi-fini, en nous disant, allez, envoyons cette mission sur la ligne de démarcation. Voilà comment couper pour de bon le Donbass de l’Ukraine. Et, pardon, ce n’est pas une ligne de démarcation, c’est une ligne de contact de la partie temporairement occupée de l’Ukraine. Et les Casques bleus devraient se rendre sur le territoire occupé avec un vaste mandat, le mandat d'une administration intérimaire qui doit surveiller la démilitarisation de la région et prendre le contrôle de la frontière afin que les «Grad», les «Bouratino» et tout autre armement russe ne puissent plus arriver en Ukraine par cette frontière. Et, en fait, pour aider à préparer la région à revenir dans la sphère du droit ukrainien et à se préparer pour les élections régionales, ce sont les autorités locales ukrainiennes qui doivent y revenir. Et, bien sûr, la Russie bloque cela.

Dans le même temps, nous consultons sur tous les fronts et avec les États-Unis, et avec nos partenaires du «format Normandie», et avec l'Union européenne, et nous disons que la mission de maintien de la paix est l'un des maillons, l’un des éléments importants du retour de la paix dans le Donbass.

IL Y A UN AN, LES «SÉPARATISTES» ONT TENTÉ DE VIOLER UNE FEMME INSPECTEUR DE L’OSCE

                                                          

La Fédération de Russie crée des risques pour la mission non armée de suivi de l'OSCE. Et l'OSCE ne peut rien y faire. Cela vaut la peine de demander à l'OSCE en tant qu’organisme: où sont les déclarations sévères? Où sont les enquêtes approfondies qui montreraient qui a interféré avec la mission et où, à quelle époque, y avait-il des coordinateurs russes? Pourquoi n'ont-ils pas arrêté ces ivrognes qui ont interféré, ou tiré, humilié, ou essayé de violer une femme - observatrice de l'OSCE CMM?

-Cet incident a vraiment eu lieu?

-Oui, il y a un an. Seule l’Ukraine a fait une déclaration pour exiger d’enquêter sur le harcèlement sexuel d'une femme observatrice. Et à Minsk, les représentants de la Russie ont eu cette réaction: «Ha,ha, c'est juste une femme qui était jolie, les gars voulaient faire sa connaissance». En fait, dans cette explication si désinvolte se cache non seulement l'attitude envers une femme observatrice, mais plus généralement envers les missions internationales, et ce qu'un milicien armé ou un représentant avec un chevron de l'armée russe peut se permettre, et ce qu’il ne peut pas. Et peut-être qu'il peut presque tout.

- Que pensez-vous de la rencontre entre Trump et Poutine (cet entretien a eu lieu quelques jours avant la rencontre.) - Y a-t-il une crainte qu'il y ait un réchauffement, un retour de Poutine dans l'arène?

- Bien sûr, le monde attend un tel événement, un premier sommet au plus haut niveau entre les présidents de la Fédération de Russie et des États-Unis. Je suis d'avis qu'il est toujours plus important de se parler, plutôt que de ne pas se parler, mais il est important de parler pour défendre clairement ses positions. Et les États-Unis ne sont pas seulement un partenaire stratégique de l'Ukraine, un garant du pays dans le cadre du mémorandum de Budapest, comme la Fédération de Russie, qui a montré que ses garanties sont sans valeur. Et, en fait, nous attendons des États-Unis qu'ils s'acquittent, en premier lieu, de leurs obligations, de leurs assurances que l'Ukraine se sentirait en sécurité en abandonnant le troisième potentiel d'armes nucléaires du monde. Et, en fait, l'Amérique a tous les leviers pour mieux adresser ces exigences à la Fédération de Russie.

De toute évidence, Poutine n'est pas encore prêt à parler de la Crimée. Mais, étape par étape, il est nécessaire de créer des conditions telles que la Russie siège à la table des négociations où le retour de la Crimée sera discuté. Maintenant, pas à pas, nous discutons du retour de la paix dans le Donbass, de la démilitarisation de la région et du retrait des Russes. Mais, je le souligne, pour l'Ukraine, il ne peut être question d'échanger le Donbass contre la Crimée. Le Donbass et la Crimée, c'est pour nous un territoire entier et volé par la Fédération de Russie, et nous n'échangerons jamais la Crimée contre le Donbass. Et même si le monde entier envoie des signaux venant de l'espace, nous ne le ferons pas, parce que c'est notre terre et notre peuple.

EH

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