Lors de son séjour à Kyiv, le champion du monde de WBC (World Boxing Council), poids lourds (jusqu’à 79,4 kg), Olexandre Gvozdik, a accordé une petite interview au correspondant d’Ukrinform pour discuter de sa vie aux États-Unis, de ses sparrings avec Olexandre Usik et des spécificités de la boxe professionnelle.
- Olexandre, vous et votre famille vivez aux États-Unis depuis plus de cinq ans. La vie américaine a-t-elle modifié votre état d'esprit?
- Oui, un petit peu. Je vis dans la petite ville d’Oxnard, 192 000 habitants, pas loin de Los Angeles. C’est un lieu calme où j’ai loué une maison et une salle de sport à 10 minutes de chez moi. Pas d'embouteillage. Du confort. Tout d’abord, j’avais pensé vivre à Las Vegas, mais aujourd'hui, je comprends que j'ai fait le bon choix. Il est impossible de vivre à Las Vegas en été, la chaleur y est insupportable. À Oxnard c’est plus agréable, il fait plus frais, la nature est proche et il est facile d’aller à Los Angeles.
- Votre programme d'entrainement aux États-Unis est-il très différent de celui de la boxe olympique et des «Atamans ukrainiens»?
- Ma méthode d’entrainement est à bien des égards semblable à celle de Vassyl Lomachenko avec son père. J'ai beaucoup appris pendant cette période. L’entrainement dépend du cycle de formation. J’augmente progressivement son intensité avant le combat. Lors des derniers combats, j’ai invité Ismail Sillah, mon compatriote, comme partenaire d'entrainement. J’ai dû également me préparer avec Dmitry Mitrofanov, qui vit et s’entraine aux États-Unis.

- Vous avez aidé Olexandre Usik à se préparer à un combat contre le Russe Murat Gassiyev; ce fut une victoire qui a permis à l'Ukrainien d’obtenir le titre de champion du monde absolu. Les sparrings avec Usik ont-ils été violents?
- Pendant les séances d'entrainement, j'ai essayé de ne pas trop le fâcher, car si Olexandre se fâche, je vais me sentir mal à l’aise sur le ring.
- Dans le milieu de la boxe on a beaucoup parlé du Russe Sergey Kovalev qui avait revêtu un t-shirt de Vassyl Lomachenko avec un trident. On sait que pour cela, il a été sévèrement critiqué par les médias russes et ses compatriotes. Vous vous entraînez dans la même salle que Sergey, savez-vous ce qui s’est passé?
- Vassyl a offert son t-shirt à Sergey, Kovalev l'a mis et s’est pris en photo. Les t-shirts étaient de deux couleurs - jaune et bleu avec un dessin stylisé qui représentait un trident. Sergey a mis le t-shirt en signe de reconnaissance à Vassyl et ils ont fait une photo ensemble. Il n'y avait pas de politique. Vassyl portait également le t-shirt de Kovalev en signe de soutien à Sergey. Les gars ont juste montré leur respect réciproque. Mais, apparemment, quelqu'un n’a pas pardonné à Sergey sa précédente photo avec un t-shirt représentant Nestor Makhno et l'inscription en ukrainien « Liberté ou mort » et a donc tenté d'en faire une sorte de « drame » incompréhensible.

- Quelle est votre relation avec Kovalev, quels sont les boxeurs de votre catégorie? Selon certaines informations, vous auriez pu vous affronter sur le ring avec Kovalev?
- Je ne peux pas dire que nous sommes de proches amis mais plutôt des copains. Nous nous entrainons dans la même salle. Lors de la préparation de la lutte avec Ward, j'ai effectué plusieurs sparrings avec Sergey. Je le traite avec respect, j'espère que c'est réciproque.
En ce qui concerne l'éventuel combat entre nous, à ce stade, le public américain ne s’y intéresse pas vraiment. Un Ukrainien contre un Russe, ce sera difficile à vendre aux États-Unis. Dans notre cas, un tel duel serait hautement politisé, ce que ni Sergey ni moi ne souhaitons, mais je n’exclus pas la possibilité d'un tel combat dans le futur.
- Votre promoteur, Bob Arum, a déclaré il y a quelques années que Manny Pacquiao voulait se battre avec Vassyl Lomachenko. Selon la version non officielle, c’est le père de Vassyl, Anatoly Lomachenko, qui s’est opposé à ce combat. Sa position, vous a-t-elle surpris?
- Tout ce qui se passe dans la boxe professionnelle tourne en quelque sorte autour de l'argent. Un tel combat peut réunir un bon box-office. De plus, il aurait fait une belle publicité pour Vassyl. Mais probablement que ce n'est pas le combat qu'Anatoly Lomachenko aimerait voir. Pacquiao est certainement une légende, mais aujourd'hui, ce n'est plus le Pacquiao d’avant.

- Anatoly Lomachenko ralentit-il la carrière de son fils avec une méthode aussi archaïque? En 2017, les promoteurs de Joshua ont organisé son combat avec Volodymyr Klitchko, âgé de 41 ans, et ceci a donné une «bataille de Wembley», dont on se souvient encore aujourd'hui, et cette mégafight a redonné un nouvel élan à Joshua.
- Les boxeurs professionnels sont à 70% des hommes d’affaires. Joshua n'avait pas honte de l'âge de Klitchko et il est aujourd'hui l'un des boxeurs les mieux payés au monde. Vassyl et son père procèdent davantage à la promotion du sport. Chacun a ses priorités, mais je ne pense pas que, dans l’héritage de la boxe, le refus de se battre avec Pacquiao ait quelque peu ralenti la carrière de Vassyl.
Maxime Rozenko, Kyiv
Photo : Valeria Belokryla
eh
eh