L'Alliance européenne des agences de presse appelle à la libération rapide de Souchtchenko
Le conseil d'administration de l'EANA a fait cet appel aux autorités russes dans une déclaration signée par Jonas Eriksson, président et directeur général de l'EANA, et Erik Nylen, secrétaire général de l'EANA, dont Ukrinform, membre de l'Alliance européenne, a reçu copie.
"La décision du tribunal municipal de Moscou a fait l'objet d'un appel et un tribunal supérieur pourrait renverser la décision, mais M. Souchtchenko a été arrêté en septembre 2016 et un processus d'appel prend du temps. Le Conseil demande instamment à toutes les parties que M. Souchtchenko soit renvoyé sans délai dans son pays d'origine, par exemple au moyen d'un échange de prisonniers", peut-on lire dans la déclaration.
Durant plus d'un an et demi qu'a duré la détention illégale de Roman Souchtchenko, le Conseil d'administration de l'EANA a demandé à plusieurs reprises aux autorités russes de libérer le journaliste ukrainien, correspondant d'Ukrinform à Paris, si aucune preuve convaincante de culpabilité n'était présentée devant la Cour.
L'Alliance européenne des agences de presse, fondée en 1956, réunit actuellement plus de 30 agences de presse nationales de premier plan en Europe. L'Ukraine est représentée par Ukrinform, membre de l'EANA depuis 1995.
Roman Souchtchenko est journaliste à l'Agence nationale ukrainienne depuis travaille à l'Agence de presse ukrainienne 2002 et en est le correspondant en France depuis 2010.
Le correspondant d'Ukrinform en France a été arrêté le 30 septembre 2016 à Moscou où il se rendait pour un voyage privé, en violation complète du droit international, avant d'être accusé d'"espionnage". Le FSB russe a déclaré que Souchtchenko était membre de la Direction des renseignements du ministère ukrainien de la Défense, qui a pour sa part toujours nié ces allégations.
Le 24 janvier 2018, le tribunal municipal de Moscou a prolongé la détention de Souchtchenko pour deux mois supplémentaires - jusqu'au 30 mars 2018. L’appel fait par la défense contre cette décision a été rejeté à la mi-mars et les audiences préliminaires, qui se sont ouvertes le 27 mars dernier ont été suspendues le jour même jusqu'à la fin du mois d'avril. La détention de Roman Souchtchenko a quant à elle été prolongée de six mois, jusqu'au 16 septembre 2016.
Le 24 avril, l'accusation a présenté ses preuves devant le tribunal qui a autorisé la défense à présenter les siennes le 25 avril. Le même jour, la Commission de qualification des avocats de Moscou a décidé de déchoir l'avocat du journaliste d'Ukrinform, Marc Feyguine, de son statut d'avocat.
LSushchenko a toujours déclaré, y compris dans sa "dernière déclaration" lors d'une audience du tribunal le 28 mai 2018, qu'il n'admettait pas sa culpabilité.
Le 4 juin dernier, le tribunal municipal de Moscou a annoncé la condamnation du journaliste ukrainien à 12 ans de prison dans une colonie pénitentiaire de haute sécurité, avant que ses avocats n'interjettent un appel le lendemain, un processus qui pourrait durer jusqu'à six mois. Les avocats de la défense n'excluent d'ailleurs pas la possibilité d'un échange de prisonniers.
Le 6 juin, la Fédération internationale et européenne des journalistes (FIJ-EFJ) avait déjà publié une déclaration appelant les autorités de Moscou à libérer le correspondant d'Ukrinform en France, rejoints, le 7 juin, par un appel officiel à la communauté internationale de la Verkhovna Rada (le Parlement ukrainien).