Guerre en Ukraine : l'ONU signe un cadre de coopération pour aider les survivants de violences sexuelles

Les droits des femmes ne s'arrêtent pas quand les guerres commencent, a déclaré en Ukraine Pramila Patten, la Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de mettre fin aux viols en temps de guerre.

S’exprimant lors d'une conférence de presse dans la capitale, Kyïv, aux côtés de la Vice-première ministre ukrainienne chargée de l'intégration européenne et euro-atlantique, Olga Stefanishyna, Pramila Patten a fait part sa solidarité avec les survivantes, affirmant qu'elles ne sont pas seules.

« La promesse que je vous fais est que le droit international ne sera pas une promesse vide. Les documents d'aujourd'hui seront les poursuites de demain et je veux que vous sachiez que vos droits ne s'arrêtent pas lorsque les guerres commencent », a déclaré la Représentante spéciale.

« Les droits des femmes ne s'arrêtent pas lorsque les guerres commencent. Vos corps ne sont pas (un) champ de bataille et ne doivent jamais être traités comme faisant partie du champ de bataille », a affirmé Mme Patten.

Interventions et assistance

Mme Patten et Mme Stefanishyna ont signé mardi un cadre de coopération qui soutient la conception et la mise en œuvre d'interventions prioritaires dans les domaines de la justice et de la responsabilité, pilier central de la dissuasion et de la prévention des violences sexuelles dans le contexte des conflits.

L'accord porte également sur la fourniture de services complets aux survivantes, notamment des services de santé sexuelle et reproductive, des services médicaux et de santé mentale spécialisés, une assistance juridique et un soutien aux moyens de subsistance.

Répondant à la question d'un journaliste, Mme Stefanishyna a décrit les violences sexuelles commises en temps de guerre comme « l'un des types de crimes les plus silencieux », soulignant la difficulté de recueillir des informations sur les chiffres exacts.

« Aujourd'hui, nous avons commencé à travailler pour recueillir ces informations en faisant appel à des volontaires, en travaillant avec des établissements médicaux et en documentant ces cas en dehors des procédures pénales », a-t-elle dit, s'exprimant par l'intermédiaire d'un interprète.

Mme Patten a ajouté que « nous ne pouvons pas nous attendre à avoir une comptabilité précise sur un champ de bataille actif », soulignant qu'elle n'attendra pas des données et des statistiques précises pour agir.

Services pour les hommes et les garçons

Bien que la violence sexuelle soit principalement perpétrée contre les femmes et les filles, Mme Patten a également reçu des rapports de cas impliquant des hommes et des garçons en Ukraine, que l'ONU n'a pas encore vérifiés.

« Je travaille avec les différentes agences de l'ONU pour faire en sorte qu'il y ait des services adaptés aux besoins des hommes et des garçons, car partout dans de nombreuses situations de conflit, j'ai observé qu'il y a un manque de services adaptés aux besoins des hommes et des garçons », a-t-elle déclaré.

Prévention de la traite des êtres humains

Le cadre conclu avec les autorités ukrainiennes couvre également la réforme du secteur de la sécurité tenant compte de la dimension de genre, ainsi que la prévention de la traite des êtres humains liée au conflit, dans un contexte de déplacement croissant.

Selon le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, plus de cinq millions de personnes ont fui l'Ukraine depuis le début de la guerre, il y a un peu plus de deux mois, générant ainsi la crise des réfugiés qui connaît la croissance la plus rapide depuis la Seconde Guerre mondiale.

« C’est un fait que les conflits exacerbent la vulnérabilité à la traite des êtres humains, et que la traite des femmes ukrainiennes pourrait être un sous-produit dangereux de cette crise des réfugiés alimentée par les conflits », a déclaré Mme Patten, soulignant la nécessité de prendre des mesures d'atténuation.

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