La France considère la Russie comme la principale menace pour la sécurité
Le Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale de la France a publié une nouvelle version de la Revue stratégique nationale. Ce document identifie la Russie comme la principale menace pour la sécurité de la France et du continent jusqu'à l'an 2030.
La version précédente de la doctrine principale de défense et de diplomatie a été publiée en 2022, après l'invasion totale de l'Ukraine par la Russie, rapporte Ukrinform citant Le Monde.
« La menace russe est aujourd'hui sans équivalent pour nos intérêts et ceux de nos alliés et partenaires. Depuis le début de la guerre d'agression qu'elle mène en Ukraine, la Russie a intensifié ses actions hostiles : intimidation, cyberattaques, sabotage, espionnage et manipulation de l'information contre la France et ses partenaires européens », indique le document. Il identifie la possibilité d'une guerre à grande échelle sur le continent comme la principale menace jusqu'à 2030.
« Jusqu'à 2030, la principale menace pour la France et les pays européens est une guerre ouverte au centre de l'Europe, qui impliquera une participation massive de nos forces armées en dehors du territoire national et une augmentation massive des attaques hybrides sur notre sol », explique le document.
Le document souligne le rôle unique de la France en tant que puissance nucléaire à l'intérieur de l'UE.
« En tant que seul État membre de l'UE doté d'armes nucléaires, la France a un rôle particulier à jouer. Elle devrait être l'un des acteurs clés de la mise en œuvre du pilier européen de la défense à l'OTAN », indique le document.
La France soutient le processus d'intégration de l'Ukraine dans l'UE et lie directement la sécurité du pays au soutien de l'Ukraine et au renforcement du flanc oriental de l'Europe. Le document appelle au réarmement, au renforcement de l'industrie de la défense et à la « préparation morale » à une éventuelle guerre.
Le document, d'une centaine de pages, met l'accent sur les problèmes de la « connexion transatlantique », c'est-à-dire des relations avec les Etats-Unis et de la violation de la « stabilité stratégique ».
En plus d'une « politique étrangère moins prévisible avec des conséquences potentiellement graves pour les alliances (y compris l'OTAN), les Etats-Unis affichent leurs différences de vues et de valeurs avec les Européens », soulignent les analystes.
Dans ce contexte, la National Review accorde aussi une attention particulière à l'Ukraine.
« Les relations avec l'Ukraine doivent rester un élément central de la stratégie de partenariat de l'OTAN dans l'accomplissement de son mandat de défense de la zone euro-atlantique », notent les auteurs, qui insistent sur la nécessité de maintenir un dialogue avec l'Ukraine et sur le fait que « l'OTAN doit contrer la menace russe ». La stratégie nous rappelle ainsi les promesses faites à l'Ukraine par ses alliés concernant « l'irréversibilité du chemin » vers une future adhésion à l'OTAN.
Les plans de l'Alliance atlantique indiquent clairement qu'en cas d'action militaire de grande échelle de l'OTAN, la France deviendrait la principale base arrière logistique.
La stratégie prévient que les territoires d'outre-mer de la France sont aussi particulièrement vulnérables aux crises modernes. Elle annonce également le début des travaux législatifs visant à créer des « régimes juridiques intermédiaires entre la paix et la loi martiale ».
Le document couvre au total 11 objectifs stratégiques de la France. En tête de ces objectifs figurent la force de dissuasion nucléaire, la résilience nationale et le développement d'une économie militaire. La version 2025 ajoute un onzième objectif : « l'excellence universitaire, scientifique et technologique ».
En plus d'une vision large des risques, le document insiste sur la nécessité de préserver les connaissances essentielles à la « souveraineté française et européenne », y compris la protection des technologies fondamentales qui contribuent à la sûreté nucléaire, des moteurs, des matériaux et des savoir-faire associés.
Il est aussi noté que, pour la première fois, la Revue stratégique nationale devrait faire l'objet d'une forme de suivi de sa mise en œuvre. Jusqu'à présent, sa mise en œuvre n'a fait l'objet d'aucun contrôle.
En résumé, le président français a annoncé une augmentation « historique » des dépenses de défense.
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