La guerre en Ukraine continue d’assombrir les perspectives de croissance mondiale

La guerre en Ukraine va continuer à coûter cher aux États du monde. L'Organisation de coopération et de développement économiques a nettement dégradé sa prévision de croissance mondiale l'an prochain.

« Les perspectives de croissance mondiale se sont assombries ».

« L’économie mondiale paie au prix fort la guerre d’agression non provoquée, injustifiable et illégale menée par la Russie contre l’Ukraine. Conjuguée aux effets encore persistants de la pandémie de COVID-19, la guerre vient ralentir la croissance et ajoute aux tensions sur les prix, surtout ceux de l’alimentation et de l’énergie. Le PIB mondial a stagné au deuxième trimestre 2022 et la production a reculé dans les économies du G20. L’inflation perdure plus longtemps que prévu à un niveau élevé. Dans de nombreuses économies, l’inflation a atteint, au premier semestre 2022, un pic inédit depuis les années 1980. Au vu de la dégradation des indicateurs récents, les perspectives économiques mondiales s’assombrissent », peut-on lire dans un rapport de l’OCDE.

Les quatre principaux messages de ces Perspectives économiques intermédiaires sont les suivants :

> Le ralentissement de l’économie mondiale est plus fort que prévu

Malgré le coup de fouet à l’activité faisant suite à la diminution du nombre de contaminations au COVID-19 dans le monde, la croissance mondiale devrait rester atone au second semestre 2022, avant de décélérer encore en 2023 pour atteindre un niveau de croissance annuelle de seulement 2.2 %. Le PIB mondial devrait, selon les projections actuelles, être inférieur d’au moins 2 800 milliards USD en 2023 aux prévisions de décembre 2021, avant la guerre en Ukraine. Les coûts liés à cette guerre sont très divers, mais ce montant donne une idée de son prix au niveau mondial en termes de production économique.

L’un des principaux facteurs de ralentissement de la croissance mondiale tient au resserrement généralisé des politiques monétaires en raison du dépassement plus marqué que prévu des objectifs d’inflation. Les confinements stricts en Chine accompagnant la politique zéro COVID du pays ont également eu un impact sur l’économie chinoise mais aussi mondiale. Les suspensions d’activité et les défaillances du marché immobilier ralentissent la croissance chinoise qui est descendue à seulement 3.2 % en 2022.

> L’inflation s’est généralisée

Les tensions inflationnistes se propagent au-delà de l’alimentation et de l’énergie, les entreprises de tous les secteurs de l’économie répercutant le renchérissement des coûts de l’énergie, des transports et de la main-d’œuvre. L’amplification de ces tensions, déjà évidente dans les premiers mois de 2022 aux États-Unis, se fait désormais également jour dans la zone euro et, dans une moindre mesure, au Japon.

Plus de la moitié des produits composant l’indice des prix connaît une inflation supérieure à 4 % au Royaume-Uni, aux États-Unis et dans la zone euro, soit une forte hausse par rapport à il y a un an avec un niveau plus de deux fois supérieur aux objectifs.

La situation tendue sur le marché du travail – avec des taux de chômage atteignant ou approchant leurs plus bas niveaux historiques depuis 20 ans – dope les salaires et contribue à atténuer la perte de pouvoir d’achat et de croissance. Cela étant, elle contribue également à la généralisation de l’inflation. La hausse des salaires s’est renforcée dans de nombreux pays, en particulier aux États-Unis, au Canada et au Royaume-Uni, mais pas encore dans la zone euro.

> L'inflation va fléchir mais rester élevée

Compte tenu du retournement du cycle économique mondial et des effets de plus en plus tangibles du resserrement de la politique monétaire opéré par la plupart des grandes banques centrales, l’inflation globale devrait culminer ce trimestre dans la plupart des grandes économies avant de refluer au dernier trimestre de 2022 et tout au long de 2023 dans la majorité des pays du G20. Cela dit, l’inflation annuelle restera nettement supérieure aux objectifs des banques centrales presque partout en 2023.

Les États-Unis, qui ont commencé à resserrer le plus tôt leur politique monétaire, devraient parvenir à ramener l’inflation vers l’objectif plus rapidement que la zone euro ou le Royaume-Uni. En revanche, compte tenu de la diffusion de la récente flambée des prix de l’énergie dans l’ensemble de l’économie et de l’enclenchement plus tardif qu’aux États-Unis du resserrement de la politique monétaire, l’inflation globale comme l’inflation sous-jacente devraient rester élevées dans une grande partie de l’Europe.

Dans les grandes économies de marché émergentes, le tableau sur le front de l’inflation est très variable. L’inflation est faible et stable en Chine alors qu’au Brésil et au Mexique, les fortes tensions inflationnistes devraient s’affaiblir pour revenir vers les objectifs fixés une fois que les hausses des taux produiront leurs effets. En 2023, les taux d’inflation en Türkiye et en Argentine devraient se maintenir à des niveaux très élevés, quoique légèrement inférieurs à 2022.

> Une réduction de la demande et une diversification des approvisionnements sont indispensables pour éviter les pénuries d’énergie

Un risque de divergence par rapport aux Perspectives tient au fait que le recul des approvisionnements énergétiques de l’Union européenne en Russie pourrait finalement générer des perturbations bien plus fortes que prévu dans les projections.

Les stocks de gaz de l’Union européenne ont été portés à près de 90 % des capacités. Cela étant, si l’Union européenne n'arrive pas à réduire sa consommation, ces stocks pourraient, même à ce niveau, s’avérer insuffisants pour garantir que la demande, lors d’un hiver type, puisse être satisfaite sans les faire baisser dangereusement. Les déficits d’offre pourraient nettement se creuser si les approvisionnements non russes en provenance de pays hors Union européenne ne se concrétisent pas comme prévu, ou si la demande de gaz est plus forte sous l’effet d’un hiver rigoureux.

Faute d’une diversification suffisante des approvisionnements et d’une réduction ordonnée de la demande, les pénuries pourraient provoquer une flambée des prix mondiaux de l’énergie, mettre à mal la confiance, aggraver la situation financière et nécessiter, pendant un temps, d’imposer aux entreprises une réduction de leur consommation de gaz. Considérés dans leur ensemble, ces chocs pourraient amputer la croissance dans les économies européennes de plus de 1¼ point de pourcentage en 2023 par rapport au scénario de référence, et entraîner une hausse de l'inflation de plus de 1½ point de pourcentage, faisant basculer nombre de pays européens dans la récession en 2023. À l’échelle mondiale, l'inflation serait renforcée de plus de ½ point de pourcentage en 2023, et la croissance amputée d'un peu moins de ½ point de pourcentage.

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