Dmytro Storojouk, adjoint du Procureur de l’Ukraine

21.03.2017 19:45

120 personnes apparaissent dans l’affaire du crash du vol MH 17

Dmytro Storojouk, premier adjoint du Procureur général d’Ukraine, est chargé de superviser le travail des enquêteurs ukrainiens dans l’affaire du vol MH17 de la compagnie aérienne malaisienne, abattu par un Bouk russe en juillet 2014.

- Est-ce que le groupe national d’enquête a de nouvelles pistes dans l’affaire du vol MH 17?

- Le bureau du Groupe d’enquête commun international se trouve dans le Bureau du Procureur de l’Ukraine. Ainsi, nos agents peuvent coopérer avec des agents des Forces de sécurité et des forces de l’ordre d’Australie et des Pays-Bas pour mener cette enquête jusqu’à son terme. Notre travail fournit des résultats. Nous sommes prêts à envoyer des actes d’accusation et à déposer des dossiers aux tribunaux. Pourquoi nous ne l’avons pas encore fait? Car la juridiction du tribunal n’a pas encore été définie. Conceptuellement, cela peut être le tribunal des Pays-Bas. Cependant, des conflits d’ordre juridique dans notre législation et dans la législation des Pays-Bas apparaissent concernant l'extradition des suspects pour l'acte d'accusation. Il serait préférable pour l’Ukraine que les audiences aient lieu dans le cadre de la Cour internationale ou à la Cour nationale hollandaise. De ce fait, la Russie ne pourrait plus nous accuser d’être partie prenante.

- Combien de personnes êtes-vous prêt à envoyer pour cet acte d’accusation?

- Lors de l’enquête, nous avons déterminé 120 personnes qui figurent dans l’affaire du vol MH 17 abattu. Nous prévoyons des opérations spéciales pour arrêter les accusés. Elles seront compliquées et les forces de l’ordre des 5 pays membres du Groupe d’enquête commun international seront également impliquées. Nous voulons non seulement adopter une résolution sur l’implication des fonctionnaires de haut niveau de la Fédération de Russie mais nous voulons également que les personnes concernées purgent une peine réelle et soient présentes au tribunal.

- Comment avez-vous prévu de conduire les accusés au tribunal?

- Je ne peux pas le dire maintenant, car les Russes liraient cette réponse.

- Est-ce que la Russie coopére avec le Groupe d’enquête?

- Fred Westerbeke, Procureur général des Pays-Bas, a déclaré qu’il s’était adressé à deux reprises à la Fédération de Russie pour lui demander son aide juridique. Mais les Russes nient tout en bloc. Leur version s’énonce ainsi : il n’y a pas de militaires russes, ni de fonctionnaires russes, ni d’équipements de combat sur le territoire des régions de Lougansk et de Donetsk.

- Lors d’une dernière conférence de presse concernant ce sujet, vous avez demandé une aide pour identifier deux personnes : Mykola Fedorovitch, dit Dauphin et Andriy Ivanovitch, dit Orion. Avez-vous réussi à les identifier?

- Nous avons eu beaucoup d’informations intéressantes.

- Est-ce que des membres des unités armées illégales ont accepté de coopérer avec le Groupe d’enquête?

- Même si un seul était venu nous voir, je ne pourrais pas le dire.

- En janvier cette année, un journaliste hollandais a trouvé dans le Donbass un fragment d’os de l’une des victimes de la tragédie. Stef Blok, ministre de la Justice des Pays-Bas, a déclaré qu’il attendait que l’Ukraine fasse de nouvelles recherches sur le lieu du crash de l’avion. Est-ce que ces recherches ont été entreprises?

- Nous n’avons pas de confirmation, mais selon des données non-officielles, il s’agit d’un proche d’une victime. Et pour pouvoir passer sur ce territoire, il a dû se mettre d’accord avec des combattants, peut-être même les payer.

Aujourd’hui, nous n’avons pas la possibilté d’examiner le lieu du crash, car ce territoire est situé dans la zone du conflit, il est contrôlé par les terroristes et les militaires russes. Et tous les membres du Groupe d’enquête l’ont constaté.

Les membres du Groupe d’enquête s’adressent constamment à la Russie pour demander de contribuer à l’enquête de ce terrible crime, mais la Russie continue de tout faire pour les en empêcher.

- Récemment, il y a eu une information selon laquelle les enquêteurs n’arrivent pas à déchiffrer les photos du radar fournies par la Russie. A-t-elle envoyé des spécialistes pour vous aider à les décoder?

- Le problème est que les photos sont déjà déchiffrées, mais les données sont enregistrées dans un mauvais format. Dans ce cas, ICAO prévoit l’enregistrement des données dans le format ASTERIX-STANDART. Ce format permet non seulement de voir les images capturées par des radars, mais aussi les données des «protocoles » qui contiennent des informations détectées par les radars sur tous les objets, même ceux qui ne figurent pas à l’écran. Comme vous le comprenez, cette partie la plus intéressante pour les enquêteurs ne leur a pas été transmise. Il n’y a pas de coopération. Et, bien entendu, nous ne pouvons pas dire que ce processus n’est pas politisé.