Les sénateurs français estiment que la France et Europe ne sont « pas à la hauteur des attentes » de l’Ukraine en matière de livraisons de munitions

Le 17 janvier, Olivier Cigolotti, Jean-Marc Vayssouze-Faure et Ronan Le Gleut, sénateurs, ont présenté à la presse les conclusions de leur rapport  « Ukraine : il faut changer de braquet maintenant ! » à la suite de la mission qu’ils ont effectuée en Pologne et en Ukraine du 18 au 22 décembre 2023.

Dans ce rapport, les sénateurs ont estimé que la France et les pays européens n’étaient « pas à la hauteur » des attentes de l’Ukraine, qui a un besoin urgent de munitions.

 « La production nationale et européenne est extrêmement faible, l’économie mise en place n’est pas à la hauteur des attentes » ukrainiennes, a insisté le président de la commission des affaires étrangères et de la défense du Sénat, Cédric Perrin qui s’est rendu avec une délégation à Varsovie et à Kyiv du 19 au 21 décembre.

Il a précisé que les militaires ukrainiens tiraient entre 5 000 et 8 000 fois quotidiennement contre entre 10 000 et 15 000 côté russe, en rappelant que la France produisait 20 000 obus de 155 mm par an, « soit l’équivalent de trois ou quatre jours de combats en Ukraine… ».

Le sénateur a rappelé que l’Union européenne avait promis de livrer à l’Ukraine 1 million de munitions promises d’ici au printemps 2024, mais, pour le moment, seulement 300 000 obus avaient été livrés.  « C’est maintenant qu’il faut agir, c’est maintenant que l’Ukraine a besoin de notre aide », a-t-il souligné.

« La situation est critique pour les Ukrainiens en ce moment », a alerté de son côté le sénateur socialiste Jean-Marc Vayssouze-Faure, en évoquant notamment l’aspect crucial du nombre d’hommes. « Côté ukrainien, les combattants sont les mêmes que ceux arrivés sur le front il y a deux ans », lors de l’invasion russe, a-t-il souligné. Il est à noter que l’armée ukrainienne estime que 30 000 nouveaux soldats russes arrivent chaque mois sur le front.

Le rapport sénatorial recommande de remettre les enjeux du conflit au cœur du débat public, de multiplier les chaînes de production de munitions pour pouvoir produire « plusieurs centaines de milliers d’obus par an », et de développer la présence des entreprises françaises en Ukraine pour préparer la reconstruction.

À l’approche du deuxième anniversaire d’un conflit qui s’installe dans la durée, la commission des affaires étrangères et de la défense a souhaité faire un point sur la situation et les perspectives d’évolution du conflit. Les entretiens à haut niveau ont confirmé la difficulté de la situation, mais aussi la résilience et la détermination du peuple ukrainien. La délégation de Sénateurs a pu échanger sur les principaux besoins militaires des Ukrainiens et les perspectives de coopération avec la France et les autres pays occidentaux.

À ce titre, la délégation a également eu des échanges éclairants à Varsovie, qui mettent en évidence les défis que la guerre d’Ukraine pose aux pays de l’Union européenne.