La médiatrice ukrainienne anti-discrimination prend une mesure forte pour la défense des droits de la communauté LGBT

La médiatrice anti-discrimination de l'Ukraine, Aksana Filipishyna, a exigé qu’une pétition prétendant "défendre les valeurs familliales" publiée sur le site internet de la présidence soit retirée, au motif qu’elle viole les droits des minorités sexuelles en incitant à la discrimination.

Cette information a été communiquée par l’Organisation de protection des droits de l’Homme de Kharkiv.

La pétition en question réclamait que des « mesures soient prises pour mettre fin à la propagande homosexuelle et pour défendre les valeurs familiales". Elle était soutenue par diverses organisations religieuses et avait reçu près de 23 000 signatures au moment de sa suppression, le 28 mars dernier.

Face au retrait, Maksym Vasin, le directeur de l'Institut pour la liberté religieuse, a réagi en déclarant que l'article 10 de la Convention européenne des droits de l'homme garantissait la liberté d'expression :

"Si des citoyens ukrainiens ne sont pas autorisés à exprimer leur point de vue sur tel ou tel phénomène social ou processus législatif, cela constitue une violation de leur droit à exprimer librement leurs opinions et, à son tour, une discrimination à leur encontre. Il apparaît que les partisans de l'idéologie du « genre » jouissent désormais de ce droit sans obstruction, alors que les citoyens ayant un point de vue conservateur sur la politique familiale de l'Etat sont confrontés à des restrictions dans l'expression de leur position. "

Akasa Filipishyna a rappelé dans un communiqué le 3 avril que la Constitution de l’Ukraine et la Convention européenne, tout en garantissant la liberté d’opinion, d’expression et de religion, mais que l’article 68 de la Constitution de l'Ukraine stipule également que nul n’était autorisé à «empiéter sur les droits et libertés, l'honneur et la dignité des autres personnes». En outre l’article 6 de la loi sur les principes de prévention et de lutte contre les discriminations interdit expressément l’utilisation de l’orientation sexuelle comme moyen de discrimination.

Certaines allégations de la pétition, comme l’affirmation que «l'orientation sexuelle non traditionnelle des parents a une influence terrible sur la vie future des enfants» et que l'adoption par les homosexuels est «un acte de violence contre ces enfants» entraient donc selon elle en contradiction avec la loi.

Les défenseurs de la famille traditionnelle ont organisé en représaille une manifestation devant le Parlement ukrainien, mercredi 4 avril au matin, une manifestation pour dénoncer le retrait de la pétition, affichant des slogans et des pancartes tels que « Protéger la famille - sauver l'Ukraine ! » « L'Union gay n'est pas une famille ».