Les défenseurs des droits humains déplorent l’escalade des attaques russes contre les civils en Ukraine

Les défenseurs des droits humains déplorent l’escalade des attaques russes contre les civils en Ukraine. Ces attaques qui ont tué au moins 47 civils et blessé plus de 180 autres constituent des crimes de guerre.

Les attaques menées par la Russie en Ukraine depuis janvier 2025 ont tué et blessé davantage de civils que durant la même période en 2024, a déclaré Human Rights Watch, exhortant tous les gouvernements, en particulier l'administration Trump, à user de leur influence lors de leurs discussions avec le Kremlin pour inciter la Russie à respecter le droit international humanitaire et à mettre fin aux attaques délibérées, indiscriminées et disproportionnées contre les civils et les biens civils.

« Les attaques russes tuent et blessent un plus grand nombre de civils, y compris des femmes et des enfants, qu'auparavant, alors même que les dirigeants mondiaux impliqués dans les négociations expriment leur horreur face au nombre croissant de victimes. Les négociateurs devraient exiger la fin immédiate des attaques contre les civils et les infrastructures civiles », a déclaré Belkis Wille, directrice adjointe de la division Crises, conflits et armes à Human Rights Watch.

Human Rights Watch a enquêté sur quatre attaques menées par les forces russes en Ukraine entre le 1er février et le 4 avril 2025, qui ont tué au moins 47 civils et blessé plus de 180 autres personnes. Human Rights Watch a conclu que ces attaques étaient illégales car elles ont violé, au minimum, l'interdiction des attaques indiscriminées et disproportionnées en vertu du droit international. Les forces russes n'ont pas fait la distinction entre objectifs civils et militaires, ni évité les pertes civiles disproportionnées que l'on pouvait attendre de ces attaques par rapport à l'avantage militaire attendu. De telles attaques, qu'elles soient commises délibérément ou imprudemment, constituent des crimes de guerre au regard du droit international.

Il s’agit des attaques sur les villes de Poltava, Izioum et Kryvyï Rih.

Le 1er février à 7h44, un missile russe a détruit une aile d'un immeuble résidentiel dans la ville de Poltava, située à 240 kilomètres de la ligne de front ; cette attaque a tué 15 civils et blessé 20 autres personnes. Une base aérienne militaire dont l’entrée est située à une distance d’environ 700 mètres du lieu de l'explosion est la seule cible militaire identifiée par Human Rights Watch dans cette zone.

Le 4 février, les forces russes ont lancé un missile sur la ville d'Izioum, située dans l'est de l’Ukraine à une distance de 42 kilomètres de la ligne de front. La frappe a touché le bâtiment du Conseil municipal dans le quartier central d’Izioum, tuant 6 civils et en blessant 57 autres, dont trois enfants. La cible militaire la plus proche identifiée par Human Rights Watch est un bureau de recrutement militaire, situé à une distance d’environ un kilomètre du Conseil municipal.

Dans la nuit du 5 mars, une munition explosive a frappé le toit de l'Hôtel Tsentralnyi, à Kryvyï Rih, dans le sud-est du pays, à 70 kilomètres de la ligne de front ; cette frappe a tué 6 civils, et blessé 31 autres personnes. La munition a touché le centre de l'hôtel, et endommagé 14 immeubles résidentiels et plusieurs autres bâtiments. Les forces russes et des blogueurs russes ont confirmé l'attaque, affirmant qu'elle avait tué 28 combattants étrangers qui se trouvaient dans l'hôtel ; toutefois, Human Rights Watch n'a trouvé aucune preuve étayant cette assertion. La cible militaire la plus proche identifiée par Human Rights Watch est un bureau de recrutement militaire, situé à une distance de 5,7 kilomètres de l’hôtel.

Le soir du 4 avril, les forces russes ont lancé une autre attaque contre Kryvyï Rih. Une munition a explosé au-dessus d'un parc, endommageant son aire de jeux, de nombreux bâtiments à proximité et un restaurant. Cette attaque a tué 20 civils, y compris neuf enfants, dont la plupart se trouvaient dans l'aire de jeux. La frappe a aussi blessé 73 autres personnes, dont un bébé de 3 mois.

Les forces russes n'ont émis aucun avertissement préalable aux civils qui se trouvaient sur ces sites ou à proximité, avant ces quatre attaques meurtrières. Pourtant, le droit international humanitaire, qui rassemble les lois de la guerre, oblige les parties à un conflit à faire en tout temps la distinction entre combattants et civils. Les violations graves du droit de la guerre, y compris les attaques indiscriminées et disproportionnées, commises avec une intention criminelle – c'est-à-dire délibérément ou par imprudence – constituent des crimes de guerre.