Denys Kozlovskiy, neveu d’Igor Kozlovskiy, scientifique ukrainien détenu en «DNR»

07.04.2017 12:17

Les «enquêteurs» de la «DNR» ont imputé prétendument la prise de 2 grenades

Dans les réseaux sociaux de l'Ukraine s’amplifie un flashmob #FreeKozlovskyy à l’appui d’Igor Kozlovskiy, savant ukrainien, philosophe, spécialiste en sciences des religions, détenu actuellement à Donetsk occupé à qui a été décernée la médaille de la Société autrichienne d'Albert Schweitzer pour ses activités de maintien de la paix. Les forces de sécurité de la soi-disant «DNR» ont placé en détention cet homme de 63 ans le 27 janvier 2016 lorsqu’il était sorti de l'appartement pourdescendre les poubelles. Dans son appartement est resté cloué à un fauteuil roulant son fils Slava atteint du syndrome de Down.

Lui a été d'abord imputé «l'espionnage», puis «la détention de deux grenades de combat». La famille d’Igor Anatoliyovitch estime que les accusations sont fabriquées et que c’est fort illégitimement qu’il reste en détention pendant plus d’un an.

Le neveu d'un célèbre scientifique ukrainien Denys Kozlovskiy a raconté dans une interview à Ukrinform tout ce qui est connu en ce moment sur l'état de santé d'Igor Kozlovskiy et les défis auxquels fait face son fils Slava après avoir déménagé à Kyiv.

- Je comprends bien que la famille n'est pas d'accord avec les accusations portées contre Igor Anatolievitch et estime son emprisonnement dans l’ORDO absurde?

- C'est vrai. C'est une arrestation et détention absolument injustifiée de la personne qui n'avait jamais eu une relation avec les conflits. Igor Anatoliyovitch pendant toute sa vie menait une activité purement scientifique et humanitaire et a consacré une énorme quantité d'efforts et de temps à la construction du consensus interconfessionnel dans la région de Donetsk. Le maintien de la paix a été vraiment une vocation d'Igor Kozlovskiy et lui, en tant que personnalité, il a toujours été associé par tout le monde à la volonté de construire un dialogue "de tous avec tous".

- Où se trouve maintenant le savant?

- Autant que je sache, dans la maison d’arrêt, SIZO, n° 5, à Donetsk, à proximité du grand magasin central.

En février, a débuté le soi-disant "procès". Il y avait déjà deux audiences du tribunal, la deuxième s’est tenue le 15 mars dernier. La suivante est prévue pour le 20 avril 2017.

Après son arrestation nous avons presque immédiatement engagé un avocat qui a le droit de travailler sur le territoire de la "DNR". Mais, franchement, il n’y a pas beaucoup d'espoirs qu’il pourra réussir à faire évoluer la situation.

- Ça faisait combien de temps que vous avez pu contacter votre oncle? De quoi avez-vous parlé?

- L'année dernière, Igor Anatoliyovitch nous a appelé plusieurs fois mais très brièvement. Au sujet de ce qui se passait alors avec lui il n’avait rien dit parce qu’il n'était pas seul dans la cellule et, probablement, tous ses entretiens téléphoniques sont sur écoute.

Nous avons discuté pas mal de choses, juste pour entendre sa voix et s’assurer qu'il tient ferme et le soutenir moralement.

Nous n'avons aucune information fiable sur l'état de sa santé. Nous savons, indirectement, qu'il a mal aux jambes, que l'arthrose s'est aggravée dans son genou, qu’il y avaient de graves perturbations dans son système digestif. Eh bien, en général, le séjour en captivité sans une alimentation normale, sans le grand air et la lumière du soleil, bien sûr, cela affecte chaque organisme.

Mon oncle a pu une fois quitter le territoire de la SIZO pour assister à la deuxième audience (le 15 mars 2017. - Réd.). Notre parente a pu y aller et voir Igor Anatoliyovitch, mais elle n’a pas réussi à lui parler. Selon elle, l'oncle avait l'air pâle, les traits tirés, il était épuisé.

- Pour quelles raisons Igor Anatoliyovitch s’est retrouvé dans le SIZO?

- Nous ne le savons pas. Ne sont connues que quelques circonstances de sa détention. Un beau soir, quelques personnes attendaient le savant près de l’escalier et l’ont arrêté au moment où il était sorti littéralement pour une minute afin de descendre les poubelles. Ensuite ils sont entrés dans l'appartement ayant profité du fait que l'oncle n'a pas fermé la porte ou, peut-être, ils ont dépossédé les clés de l’appartement, et ont commencé à perquisitionner, saisir les documents, de l'argent, les affaires.

- C’est quoi, en fait, les accusations portées contre Igor Kozlovskiy?

- On lui incrimine la première partie de l'article 256 du soi-disant «Code Pénal de la DNR», c’est-à-dire, la détention illégale d'explosifs. Prétendument lors de son arrestation ont été trouvées deux grenades dans une bibliothèque, ce qui est, bien sûr, absurde. Il n’avait jamais ni grenades, ni toute autre arme. Je pense que ces individus n’ont même pas pris la peine de déposer furtivement ces grenades, ils ont simplement écrit qu’ils les saisissaient.

- La Partie ukrainienne a porté Igor Anatoliyovitch sur la liste «d’échange» avec l’ORDLO (territoires occupés des régions de Donetsk et de Lougansk), la question concernant sa libération a été soulevée lors de la réunion du Groupe tripartite de contact à Minsk. Pourquoi n'est-il pas libéré?

- Autant que je sache, après l'inscription d’Igor Kozlowski en mai-juin 2016 sur les listes d'échange, la Partie ukrainienne pendant pratiquement toutes les réunions du sous-groupe humanitaire de Minsk soulevait la question de sa libération. Mais la partie adverse, refusait toujours, sous différents prétextes, de l'inscrire sur la liste. Les représentants de la «DNR» ont confirmé qu’ils le détiennent, mais le refus de l'inscrire sur la liste d'échange, selon la dernière version, est motivé par le fait qu'il est prétendument un citoyen de la «DNR» et non pas un prisonnier de guerre détenu au cours du conflit.

- Est-ce que votre oncle a un passeport de la «DNR»?

- Non, il n’a pas fait un dépôt renouvelé. Tous les documents qu’il a, sont ukrainiens.

- Qu’en pensez-vous, pourquoi ils le retiennent? Votre famille, probablement, a des hypothèses.

- Nous n'avons pas d'hypothèses. Il est évident que quelqu'un à côté de l'ORDO bloque toutes les tentatives de libération du savant. Pourquoi? On n’en sait rien.

- Igor Anatoliyovitch n'a pas quitté la ville depuis le début de l'occupation et jusqu'au moment de son arrestation. De quoi s’occupait-il pendant tout ce temps-là?

- Mon oncle avait mené une vie ordinaire à la retraite et n'a jamais quitté son appartement pour plus de 2-3 heures, sachant que son fils malade nécessite des soins spéciaux.

- Où se trouve maintenant la famille d’Igor Kozlovskiy?

- La famille d’Igor Anatoliyovitch a quitté Donetsk occupé en parties. Quand le conflit est passé à une phase chaude, le plus jeune fils Alexandre est parti le premier, puis sa femme Valentina a quitté la ville. Igor Anatoliyovitch est resté dans la ville avec Sviatoslav.

Après l’arrestation du savant, la famille a commencé à chercher un moyen de sortir Sviatoslav, mais comme lors de la perquisition tous les documents ont été saisis, il était impossible de traverser la ligne de démarcation et de passer sur le territoire contrôlé par les autorités ukrainiennes. Il fallait attendre environ neuf mois, jusqu'à ce que l'enquêteur de la soi-disant «DNR» renvoie au moins le passeport de Slava.

En octobre 2016 on a réussi tout de même à le sortir de là. Aujourd'hui, la famille habite à Kyiv. Cependant, parce que le tuteur de Slava a été Igor Anatoliyovitch, alors après l'arrestation de son père il ne touche aucune aide financière : ni pension, ni prestations de migrant forcé, rien de ce qu’il a le droit de recevoir selon la loi. Afin de reprendre les paiements, il faut renouveler les documents, recueillir des dizaines d’attestations, mais c'est extrêmement difficile de le faire.

- Vous avez récemment organisé un flashmob dans les réseaux sociaux #FreeKozlovskyy. Pourquoi c’est maintenant que vous avez décidé d'attirer l'attention du public au sujet de la libération d’Igor Anatoliyovitch?

- Quand depuis le moment de l'arrestation d'Igor Anatoliyovitch un an est passé, nous nous sommes rendus compte qu'au niveau du groupe de Minsk cette question ne peut pas être résolue, il faut remonter le dialogue au niveau de format de Normandie et des rencontres au sommets internationaux. On a besoin de la pression sur l’administration politique de la Russie de la part des dirigeants des pays du quatuor de Normandie. En premier lieu de l'Allemagne, de la France, des États-Unis d'Amérique. De manière similaire à comment cela se passait avec tous les prisonniers politiques, en particulier avec Nadiya Savtchenko qui a été dans tous les actus, et dont la libération a toujours été à l'ordre du jour. Je pense que maintenant c'est la seule façon d'obtenir la libération d'Igor Anatoliyovitch.

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Référence: Kozlovskiy Igor Anatoliyovitch, 63 ans, habitant de la ville de Donetsk, savant ukrainien, spécialiste en sciences des religions, homme public, candidat ès sciences historiques, professeur, enseignant, président du Centre d’études des religions et des relations intellectuelles internationales, directeur du Centre international de dialogue et de coopération chrétien et musulman.

Igor Anatoliyovitch est l'auteur de plus de 50 livres scientifiques, plus de 200 articles dans les dictionnaires, encyclopédies, périodiques. Plus de 25 ans il a travaillé dans l'Administration d’État régionale de Donetsk en tant que spécialiste en affaires religieuses, a enseigné dans les universités de Donetsk.

Toute son activité professionnelle a été visée à élever du respect et de la tolérance, de la paix et de la compréhension mutuelle entre les différentes religions et a contribué à la formation de l’image de Donbass en tant que région multiculturelle, multiethnique et polyconfessionnel. Il a visité différents coins du monde, a eu pas mal de rencontres avec des leaders religieux et communautaires, a rencontré le Patriarche Alexis II, le Pape Jean-Paul II, le Patriarche Bartholomée de Constantinople I, le Rabbin principal d'Israël Shlomo Аmar, le Président de la Fédération des communautés juives de la CEI Levy Levayev et ainsi de suite. En tant qu’enseignant, il a effectué des visites dans les universités des État-Unis : l’Universités Harding et l’Universités Pepperdine.

Pour ses activités de maintien de la paix lui a été décernée la médaille de la Société autrichienne d'Albert Schweitzer.

Kateryna Zavada, Kyiv