Les ressources arctiques de la Russie sous le contrôle de Kirienko, Setchine et Dmitriev, selon le renseignement ukrainien

Les réserves russes de terres rares, de pétrole et de gaz dans la zone arctique sont partagées entre trois proches du pouvoir : Sergueï Kirienko, premier adjoint au chef de l’administration présidentielle, Igor Setchine, PDG de Rosneft, et Kirill Dmitriev, directeur du Fonds russe d’investissement direct, a confié à Ukrinform une source informée au sein du Service de renseignement extérieur ukrainien (SZRU).

Nikolaï Patrouchev, ancien secrétaire du Conseil de sécurité et actuel président de la Commission maritime de Russie, n’est plus un acteur clé dans l’Arctique. Son fils cadet, Andreï Patrouchev, directeur général du Centre des initiatives arctiques, qui supervisait auparavant l’extraction de gaz sur le plateau continental arctique, a également perdu son influence.

À leur place, les nouveaux favoris se partagent le « gâteau arctique ». Sergueï Kirienko, via le groupe Rosatom (non sanctionné), contrôle l’ensemble de l’écosystème du Passage du Nord-Est. Rosatom possède, à travers la compagnie FESCO, les principaux ports maritimes, et assure, via l’entreprise hydrographique intégrée à la direction du Passage du Nord-Est, la navigation et le soutien hydrographique dans cette voie maritime.

« Les principaux gisements de terres rares dans la zone arctique sont également dans la sphère d’influence de Rosatom et de Kirienko », a précisé la source.

Igor Setchine et Rosneft arrivent en deuxième position. La compagnie contrôle le chantier naval Zvezda, dans le kraï du Primorié, quasi-monopole pour la construction de brise-glace, principalement destinés à Rosatom. Rosneft possède aussi ses propres gisements de terres rares dans le Nord, notamment le gisement de carbonate de Tomtor.

Kirill Dmitriev complète le trio. « Il tente de s’emparer du contrôle des précieux gisements de terres rares. Il se positionne comme un acteur clé en promouvant des projets comme le Fonds d’investissement arctique. L’objectif est d’essayer de “vendre” l’Arctique le plus cher possible aux investisseurs étrangers », a expliqué la source.

Moscou mise sur deux atouts : les réserves de terres rares arctiques et le projet du Passage du Nord-Est, étroitement liés puisque les plus grands gisements se trouvent dans le Nord russe (régions de Mourmansk et Sakha-Iakoutie), le long de cette voie.

En l’état, la Russie manque de ressources financières et de technologies pour exploiter pleinement ces terres rares et les exporter via le Passage du Nord-Est. Elle a donc besoin d’investissements étrangers substantiels.

À court terme, le Kremlin vise à consolider son contrôle juridique et de fait sur le Passage du Nord-Est, en limitant la liberté de navigation pour les navires étrangers – notamment en imposant une autorisation obligatoire pour les bâtiments militaires et civils dans les zones couvertes de glace.

Il est à noter que les régions arctiques russes à pergélisol représentent plus de la moitié de l’Arctique mondiale. Elles génèrent 10 % du PIB russe et 20 % de ses exportations, avec 18 % de la production pétrolière, 90 % du gaz naturel, 90 % du nickel et du cobalt, 60 % du cuivre et 100 % des diamants.

Photo: АА