Human Rights Watch : Des frappes russes ont tué de nombreux civils à Tchernihiv

Human Rights Watch : Des frappes russes ont tué de nombreux civils à Tchernihiv

Ukrinform
Les forces russes ont tué et blessé de nombreux civils lors de huit attaques menées début mars 2022 à Tchernihiv, dans le nord-est de l’Ukraine, a déclaré Human Rights Watch.

Selon le rapport de l’organisation datant du 10 juin, quatre de ces attaques, menées par voie aérienne et terrestre, ont constitué des violations flagrantes des lois de la guerre. Il s’agit notamment du bombardement d’un immeuble résidentiel qui a tué 47 civils, d’une attaque qui a tué au moins 17 personnes qui faisaient la queue pour acheter du pain devant un supermarché, ainsi que de deux autres attaques ayant endommagé deux hôpitaux ; l’une de ces attaques a recouru à des armes à sous-munitions interdites.

L’une des frappes russes a touché un hôpital, établissement bénéficiant de protections spéciales en vertu des lois de la guerre, ce qui rend illégale cette attaque malgré l’éventuelle présence d’un poste de contrôle militaire ukrainien a proximité. Quatre autres frappes russes ont peut-être aussi violé l’interdiction d’attaques menées de manière indiscriminée ou disproportionnée, malgré la présence apparente de troupes ukrainiennes à proximité.

« En mars, les forces russes ont attaqué à plusieurs reprises des zones peuplées de Tchernihiv par voie aérienne et terrestre, avec un mépris apparent pour les pertes de vies parmi les civils », a déclaré Belkis Wille, chercheuse senior auprès de la division Crises et conflits de Human Rights Watch. « Le fait que les forces ukrainiennes n’aient pas évacué les civils dans certaines zones a alourdi le bilan des victimes, mais il incombe toujours aux forces assaillantes de faire la distinction entre civils et combattants. ». L’armée russe a commencé à attaquer Tchernihiv dès le premier jour de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le 24 février. Human Rights Watch a enquêté sur les attaques russes perpétrées dans cette ville entre le 3 et le 17 mars. Bien que les forces russes n’aient pas réussi à conquérir Tchernihiv, vers la fin mars, elles avaient réussi à encercler la ville, prenant les civils au piège et leur faisant subir de nouveaux bombardements. Les forces russes ont fini par quitter cette zone le 31 mars, dans le cadre de leur retraite générale des régions de Kyiv et Tchernihiv.

Entre le 8 mars et le 9 mai, Human Rights Watch a mené des entretiens avec 34 personnes, dont 24 témoins des huit attaques, ainsi qu’avec des secouristes, des membres de l’administration régionale de Tchernihiv et des procureurs locaux, qui ont fourni des chiffres sur les victimes civiles. Les 19 et 20 avril, des chercheurs ont inspecté les sites de ces huit attaques.

Human Rights Watch a également examiné des images satellite afin de confirmer les dates et l’étendue des dommages, et d’aider à déterminer le positionnement éventuel de forces ukrainiennes dans les secteurs attaqués. Les notices nécrologiques concernant des soldats ukrainiens décédés, et publiées dans les médias locaux, ont également permis d’établir si des personnels militaires ukrainiens se trouvaient à proximité des lieux visés par les attaques.

Le département ukrainien de la Santé pour la région de Tchernihiv a affirmé qu’au moins 98 civils avaient été tués lors des huit attaques, et au moins 123 civils avaient été blessés. La directrice de ce département a indiqué que ces chiffres étaient basés sur des données fournies par les hôpitaux locaux et par les services médicaux d’urgence, ainsi que sur la consultation du registre officiel de la morgue. Cette responsable a fourni à Human Rights Watch les noms de 22 personnes tuées et de 122 personnes blessées lors des attaques, ainsi que des données sur leur âge et leur sexe. Elle a précisé que des experts légistes continuaient de recueillir des informations personnelles relatives aux autres victimes, et qu’elle serait en mesure de transmettre des données complémentaires à Human Rights Watch ultérieurement.

La plus meurtrière des huit attaques russes examinées a été menée le 3 mars, quand les forces russes ont largué plusieurs bombes non guidées sur un ensemble d’immeubles résidentiels, tuant 47 civils. « Quand les explosions se sont produites, j’ai vu des gens tomber par les fenêtres », a témoigné un habitant d’un de ces immeubles. « Certain d’entre eux avaient le corps en flammes. » Plusieurs témoins interrogés ont déclaré qu’ils ne croyaient pas que des forces ukrainiennes se trouvaient a proximité à ce moment-là.

Dans une attaque menée le 17 mars dans le centre de Tchernihiv, les forces russes ont tiré une roquette à sous-munitions Uragan, qui a endommagé un complexe médical comprenant deux hôpitaux. Selon des responsables locaux, cette attaque a tué 14 civils et a blessé 21 civils. Des témoins ont affirmé n’avoir vu aucune cible militaire dans cette zone à ce moment-là.

Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine, les forces russes ont recouru à plusieurs reprises à des armes à sous-munitions, qui sont intrinsèquement utilisées sans discernement, lors d’attaques ayant tué des centaines de civils et endommagé des maisons, des hôpitaux et des écoles. Les forces ukrainiennes semblent avoir également utilisé des armes à sous-munitions, au moins une fois.

Les graves violations des lois de la guerre, notamment les attaques menées sans discernement et de manière disproportionnée, commises avec une intention criminelle – c’est-à-dire délibérément ou de manière imprudente – constituent des crimes de guerre. Des individus peuvent aussi être considérés comme pénalement responsables de tentatives de commission d’un crime de guerre, ainsi que d’avoir participé, facilité, aidé ou s’être rendu complice de la commission d’un crime de guerre. Les commandants et les dirigeants civils peuvent être poursuivis pour crimes de guerre, en raison de leur responsabilité de commandement, lorsqu’ils avaient ou auraient dû avoir connaissance de la commission de crimes de guerre et n’ont pas pris de mesures suffisantes pour les empêcher ou pour punir leurs auteurs.

Les attaques menées par les forces russes à Tchernihiv démontrent l’effet dévastateur sur les populations et les infrastructures civiles de l’utilisation par des forces armées d’armes explosives à large rayon d’impact dans des zones densément peuplées, et la probabilité accrue que ces attaques soient illégales du fait de leur caractère indiscriminé et disproportionné.

Ces armes ont un large rayon d’impact destructif, sont intrinsèquement imprécises ou déclenchent de multiples munitions simultanément. Les effets à long terme de leur utilisation comprennent des dommages infligés à des bâtiments civils et à des infrastructures cruciales, des interférences avec des services comme la santé et l’éducation, ainsi que le déplacement de la population locale.

Selon le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH), au moins 4 266 civils ont été tués et 5 178 civils blessés en Ukraine entre le 24 février et le 7 juin ; ces chiffres sont selon toute probabilité, nettement inférieures aux chiffres réels. La majorité des pertes civiles ou blessures ont été causées par des armes explosives à large rayon d’impact, employées lors de tirs d’artillerie lourde, d’attaques aux lance-roquettes multiples (LRM), de tirs de missiles et de frappes aériennes.

La Russie et l’Ukraine devraient éviter d’utiliser des armes explosives à large rayon d’impact dans les zones peuplées, a déclaré Human Rights Watch. Tous les pays devraient soutenir l’adoption par la communauté internationale d’une déclaration politique forte afin de mieux protéger les civils contre l’utilisation de telles armes dans les zones peuplées.

« Les attaques dévastatrices menées par voie aérienne et terrestre par les forces russes contre Tchernihiv démontrent pourquoi les armes explosives ne devraient pas être utilisées dans des zones urbaines peuplées », a affirmé Belkis Wille. « Tous les gouvernements devraient s'engager à renforcer la protection des civils contre l'utilisation d'armes explosives dans des villes et villages. »

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