Le service de renseignement extérieur ukrainien : le Kremlin ne peut sortir de la guerre contre l’Ukraine sans crise
Selon ces renseignements, la guerre déclenchée par la Russie contre l’Ukraine a profondément modifié la structure de l’économie russe.
Au cours des trois années de militarisation, le pays s’est retrouvé piégé : les dépenses de défense ont atteint près de 8 % du PIB et le complexe militaro-industriel est devenu le principal moteur de la demande.
Cela a permis au Kremlin de soutenir la croissance dans les secteurs stratégiques, mais a en parallèle détruit l’équilibre et laissé le secteur privé et les branches civiles à l’écart.
« Un retour à un modèle pacifique sans effondrement brutal est impossible. Après la guerre, Moscou devra réduire les dépenses militaires. En conséquence, des millions de personnes employées dans le complexe militaro-industriel perdront leur emploi et des régions entières, où sont concentrées les entreprises de défense, se retrouveront sans base économique », a indiqué le SRU. La démobilisation de centaines de milliers de contractuels provoquera également un choc sur le marché du travail russe.
Dans le même temps, le budget de la Fédération de Russie montre déjà des signes d’épuisement. Au premier semestre 2025, les recettes fédérales ont chuté de près de 17 %, principalement en raison de la baisse des revenus pétroliers et gaziers, désormais vendus avec un important rabais.
La hausse des revenus pétroliers et gaziers ne compense pas les pertes. Le ministère des Finances est donc contraint d’augmenter les impôts et d’introduire de nouvelles taxes, ce qui accroît encore la pression sur les entreprises.
Par ailleurs, les sanctions et les restrictions sur l’importation de technologies entraînent une dégradation de la production civile : les entreprises russes sont obligées de fabriquer des produits plus simples et moins chers, ce qui réduit leur compétitivité.
À long terme, cela prive la Russie de la possibilité de revenir sur les marchés mondiaux avec des produits de haute technologie.
« Ainsi, la Russie s’est retrouvée dans un piège de rente militaire. Le Kremlin ne peut pas réduire fortement ses dépenses militaires sans effondrement, mais continuer à financer la guerre devient de plus en plus difficile. Cela signifie qu’une nouvelle crise économique en Russie est inévitable et qu’en sortir exigera une restructuration longue et douloureuse de tout le système », résume le renseignement.
Il est à noter que le nombre d’entreprises enregistrées en Russie est tombé à son niveau le plus bas depuis 2010. Au 1er septembre 2025, le registre national unifié des personnes morales de la Fédération de Russie ne comptait plus que 3,17 millions d’entreprises. D’après les services ukrainiens, au premier semestre 2025, la « mortalité des entreprises » en Russie a dépassé leur « natalité » d’un facteur de 1,5 – pour la première fois depuis 2022, lorsque les sanctions avaient poussé de nombreuses sociétés à quitter massivement le marché. Les fermetures concernent principalement les entreprises commerciales, de construction et industrielles.