Pas de mines : comment les sapeurs préparent un terrain pour la construction d'un hôpital

Pas de mines : comment les sapeurs préparent un terrain pour la construction d'un hôpital

Ukrinform
Des machines innovantes sont au travail pour éliminer des objets explosifs dans la région de Kyiv et dans plusieurs autres régions.

Depuis début avril, les sapeurs vérifient 5 hectares de terrain à la recherche d'objets explosifs potentiels dans une zone de loisirs de la région de Kyiv. L'objectif est de rayer cette zone du registre des terrains minés d'ici fin mai et de la confier à des entrepreneurs pour la construction d'un hôpital modulaire sur la base du centre de santé mentale spécialisé dans la réhabilitation de nos défenseurs.

En 2022, les occupants russes ont séjourné temporairement ici, dans la communauté de Boutcha, pendant 35 jours. Des restes de roquettes de type Grad ont été découverts à proximité. Il était donc nécessaire d'inspecter le territoire.

Les journalistes d'Ukrinform se sont entretenus avec ceux qui participent au déminage. Et ils ont également observé le travail de la machine anti-mines innovante du type GCS-200, qui fut la première à pénétrer dans cette zone potentiellement dangereuse et est capable de « casser » les mines en toute sécurité. 

APRÈS LA DEUXIÈME GUERRE MONDIALE, LE DÉMINAGE EN EUROPE A DURÉ 15 ANS

Selon Le Service d'urgence de l'Ukraine en date du 17 mai, 494 875 objets explosifs et 2 950 kg d'explosifs, dont 3 537 bombes aériennes, ont été éliminés depuis le début de l'invasion à grande échelle de la Fédération de Russie. Un territoire d'une superficie de plus de 132 620 hectares a déjà été inspecté. Cependant, environ un quart des terres ukrainiennes sont contaminées par des mines et des objets explosifs... Les régions désoccupées sont les plus densément minées. Les mesures de stabilisation commencent précisément par le déminage, partout où la botte russe ennemie a temporairement posé le pied.

Éliminer de manière sécurisée les objets explosifs des territoires est une affaire qui nécessite beaucoup de temps et de ressources. L'année dernière, on a déclaré aux Nations Unies que pour déminer l’Ukraine après l’invasion de la Fédération de Russie, une opération serait nécessaire semblable à celle du déminage des substances explosives en Europe après la Seconde Guerre mondiale. C'est ce que The Straits Times a rapporté citant le directeur du Service de la lutte anti-mines des Nations Unies Paul Heslop : « Ce dont nous avons réellement besoin de la communauté internationale... c'est une obligation d'environ 200 à 300 millions de dollars US par an pour les cinq prochaines années ». À l'époque, il a fallu 15 ans à l’Europe pour résoudre ce problème.

Conformément à la loi « Sur les activités contre les mines en Ukraine », les opérateurs dans ce domaine peuvent être à la fois des unités autorisées des organes exécutifs centrales (le Service d'urgence de l'État, la Police nationale d'Ukraine, le Ministère de la défense et le Service spécial des transports de l'État, une formation militaire spécialisée qui fait partie du système MOU), ainsi que des entreprises, institutions et organisations de diverses formes de propriété, y compris celles internationales et étrangères.

Les journalistes ont visité l'une des sociétés à cycle complet, Global Clearance Solutions Ukraine, qui s'occupe du nettoyage du territoire de la région de Kyiv. Ainsi, non seulement elle organise et assure les travaux d'unités de déminage certifiées, mais fournit également des machines automatisées spécialisées du type GCS. Les travaux pour la mairie de Boutcha sont effectués gratuitement. L'entreprise apporte ainsi à contribution ses ressources, ses forces et ses compétences à la restauration de l'Ukraine. 

L'UKRAINE A BESOIN DE CENTAINES DE MACHINES DE DÉMINAGE

Les machines de déminage appartiennent à un marché très spécialisé. Cependant, elles sont demandées en raison d'un grand nombre de conflits militaires dans le monde depuis plusieurs décennies, qui nécessitent l'élimination d'objets explosifs. En particulier, citons l'Irak, l'Arabie Saoudite, l'Irlande, l'Azerbaïdjan, les pays d'Afrique et d'Amérique du Sud, ainsi qu'en Ukraine au cours de la dernière décennie.

Il existe actuellement dix principaux fabricants qui produisent des machines spéciales pour le déminage, qui diffèrent avant tout selon leur objectif. En toutre, lors des opérations militaires, les véhicules blindés du génie Wisent 1, développés sur la base du châssis du char Leopard 2, sauvent les vies des défenseurs. Israël a aussi ses développements en matière de haute technologie. En 2019, la Turquie a décidé de mettre fin à sa dépendance aux équipements étrangers dans ce domaine pour déminer le territoire en toute sécurité.

La société ukrainienne A3tech, qui accroît ses capacités, effectue l'assemblage et la localisation des machines croates DOK-ING. Pour la sécurité de nos territoires, Efarm.pro a proposé de fournir dans un mois un tracteur-machine spécial nommé « Narodniy razminovuvach » (Démineur populaire), qui a été développé en collaboration avec une entreprise leader de machines agricoles, « Zavod Kobzarenko ».

Autrement dit, sur le marché des machines de déminage, dont l'Ukraine ne peut se passer alors que la guerre russo-ukrainienne en est à sa onzième année, au sens figuré, les « Mercedes », comme les « Zaporojets » sont représentés. Chaque modèle peut être utilisé sur le terrain pour sécuriser la vie des gens au front et dans les territoires désoccupés, ainsi que pour remettre progressivement en service les terres agricoles et les forêts.

En Allemagne, une entreprise suisse située dans la ville de Stockach produit l'innovante machine GCS-200. Elle peut être contrôlée par un opérateur via le panneau de commande à une distance de 1 km. Il est aidé par les informations fournies par un drone. La machine est équipée de plusieurs caméras qui scannent toute la zone. Des « marteaux » spéciaux semblent frapper la surface où les objets explosifs peuvent se trouver. Il existe aussi des seaux spéciaux qui emportent les trouvailles et les débris porteurs de mort s'ils ont explosé sous la voiture.

Le directeur de Global Clearance Solutions Ukraine, Dmytro Salimonov
Le directeur de Global Clearance Solutions Ukraine, Dmytro Salimonov

À ce jour, il y a en Ukraine 34 machines du type GCS-200, déclare Dmytro Salimonov, le directeur de Global Clearance Solutions Ukraine. Elles sont utilisés dans la mesure du possible pour le déminage des territoires par le Service national d'urgence de l'Ukraine, la Police nationale et le Ministère de la Défense, dans les régions de Kherson, Zaporijjia, Kharkiv et Donetsk. Par exemple, un agro-holding important a acheté quatre véhicules anti-mines de ce type pour ses besoins.

Selon les calculs de la société Global Clearance Solutions Ukraine, 300 machines de déminage de ce type sont nécessaires pour les besoins de l'Ukraine, alors que la guerre n'est pas encore terminée. À propos, le 13 mai, en Allemagne, le PDG et co-fondateur de la société GCS, Philipp von Michaelis, a transféré la première des quatre machines de déminage télécommandées avec équipement attaché que Hambourg fournit à l'Ukraine. La décision du Sénat de la ville allemande de soutenir les efforts de notre pays pour se débarrasser des objets explosifs est financée à hauteur d'environ 10 millions d'euros. Le programme est en partie financé par les dons de la population locale. L'ambassadeur d'Ukraine en Allemagne Oleksiy Makeev a remercié Hambourg et le Ministère de l'Intérieur du pays « pour avoir clairement compris l'importance de préserver la terre ukrainienne pour tous les processus ultérieurs de normalisation de la vie ». La machine sera mise à la disposition de la Police nationale de l'Ukraine dès le mois de juin. Les trois autres machines GCS-200 achetées par Hambourg arriveront à partir du mois d'août. 

LES MINEURS INSPECTENT LE SITE POUR LA CONSTRUCTION DE L'HÔPITAL

Lieutenant-colonel Volodymyr Proshin, commandant de l'équipe de déminage
Lieutenant-colonel Volodymyr Proshin, commandant de l'équipe de déminage

- La règle de sécurité numéro 1 est de ne toucher à rien et de ne pas dépasser les lignes de démarcation, a immédiatement prévenu le lieutenant-colonel Volodymyr Proshin, commandant de l'équipe de déminage, lorsque nous sommes entrés sur le territoire, qui est toujours inscrit au registre des zones à risque pouvant contenir des explosifs.

- Nous n'avons été certifiés qu'en janvier et nous effectuons maintenant notre première tâche, - précise l'interlocuteur, sous le commandement duquel se trouvent une douzaine de personnes. - Une certification spéciale est nécessaire pour chaque type de travail de déminage humanitaire : pour l'information, pour le contrôle technique, ainsi que pour le déminage manuel et mécanisé ».

Ce n'est que sur ce lieu de travail que le lieutenant-colonel Proshin est considéré comme « jeunot ». Son expérience de sapeur a commencé lors de la guerre en Afghanistan. Dans la seconde moitié des années 1990, en tant que commandant d'un bataillon de sapeurs, il s'occupait de l'élimination des obus de la Première Guerre mondiale en Ukraine qu'il retirait des marais. Il sait donc très bien que les échos de guerres anciennes dans des territoires pacifiques peuvent guetter les gens après de très nombreuses années.

« Pour votre sécurité personnelle, veuillez ne pas entrer ! », c'est le tout premier message que l'on peut lire sur un panneau intitulé « Déminage humanitaire ». Sur le territoire où la construction d'un hôpital de réhabilitation pour les défenseurs ukrainiens est prévue dans la région de Kyiv, il y a encore des panneaux d'avertissement « Danger - mines !!! » et des sentiers où l'on peut se promener qui sont clairement indiqués par des rubans blancs et rouges.

Les sapeurs portent un équipement de protection en cas d'explosion inattendue. Heureusement, rien de tel ne s'est produit.

Nous parlons avec une équipe qui travaille avec des dragueurs-détecteurs de mines avec un long manche et un grand cadre tenu par quatre sapeurs, comme on a pu les voir dans de nombreux films.

Vasyl Vasyliovych, chef du département
Vasyl Vasyliovych, chef du département

Le chef du département est Vasyl Vasyliovych. Il a sous ses ordres 7 sapeurs, 2 opérateurs, un ambulancier et un chauffeur. Il a de l'expérience en tant que volontaire au sein de la Troisième brigade d'assaut séparée. Il a étudié comme sapeur et suivi une formation préalable au travail avec un appareil de déminage UR-83P (une machine à chenilles qui fait des passages dans un champ de mines à une distance de 450 m et une largeur de 6 m). Il était commandant de section au poste de sergent-chef. Vasyl rappelle que le travail des sapeurs ne peut en aucun cas être précipité.

L'opérateur de la machine de déminage est Oleksandr Vorontsov de Mykolaïv, qui travaille comme sapeur depuis six mois. Avant, il était capitaine d'un bateau privé. Dès le 26 février 2022, il a préparé son bateau dans l'éventualité où on ferait sauter les ponts. Pendant neuf mois, il a littéralement vécu sur l'eau pour évacuer des civils et des militaires en cas de besoin. Il a ensuite travaillé pendant un certain temps comme opérateur de l'agence Reuters et c'est lors des tournages qu'il s'est intéressé au travail des sapeurs, notamment en matière de déminage des plans d'eau. 

Oleksandr a suivi une formation de deux mois au Centre de déminage humanitaire et de réponse rapide du Service d'urgence de l'État et a appris le métier de « sapeur de déminage ». Pendant encore deux mois, il a appris à maîtriser ses connaissances spécialisées au sein de la société GCS. Il travaille désormais au panneau de commande d'une machine de déminage innovante.

À propos, selon les règles, l'opérateur ne doit pas se trouver à moins de 100 m de la machine lors de l'exécution de la mission. La télécommande est un avantage pour la garantie de sauver les vies et en même temps, c'est une difficulté quand on ne peut pas voir la situation de ses propres yeux. Cependant, le drone et l'opérateur qui le contrôle sont là pour aider. 

Nous discutons également avec le sapeur nommé Ruslan de l'équipe, qui travaille au déminage depuis près d'un an. Ruslan dit : « Ce travail est absolument nécessaire pour nous tous : nos enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants. J'ai suivi une formation et j'ai obtenu un certificat. Nous voulons protéger tout le monde du danger. »

Dmytro Gapchenko, directeur des affaires du Conseil municipal de Boutcha
Dmytro Gapchenko, directeur des affaires du Conseil municipal de Boutcha

Dmytro Gapchenko, le directeur des affaires du Conseil municipal de Boutcha, se tourne vers un projet qui nécessite son propre terrain : la construction d'un hôpital modulaire sur la base du centre de santé mentale, qui sera spécialisé dans la réhabilitation de nos défenseurs. « Nous devons préparer un terrain pour que la partie américaine, qui fabrique des modules de construction, les apporte et les installe », explique le responsable. « Il est important que cette zone soit propre afin que les gens puissent y rester en toute sécurité et que tous les travaux de construction puissent commencer ».

Valentina Samchenko, région de Kyiv


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