RSF : La guerre du Kremlin en Ukraine est aussi une guerre contre l’information

RSF : La guerre du Kremlin en Ukraine est aussi une guerre contre l’information

Ukrinform
Reporters sans frontières (RSF) a recensé plus de 50 attaques, qualifiables de crimes de guerre, visant les journalistes et les médias depuis le début du conflit en Ukraine. Des crimes qui démontrent que l’armée russe mène une véritable guerre contre l’information. RSF dépose une cinquième plainte auprès du procureur de la Cour pénale internationale et de la procureure générale d’Ukraine.

Selon le communiqué, publié sur le site de RSF, 7 journalistes tués, 9 journalistes blessés, 13 journalistes enlevés ou détenus arbitrairement, dont 4 victimes de tortures ou de mauvais traitements, 13 tours de télévision et locaux de médias bombardés… Depuis le 24 février, Reporters sans frontières (RSF) a dénombré plus de 50 attaques qualifiables de crimes de guerre, dont plus de 120 journalistes ont été victimes. La plainte déposée auprès du procureur de la Cour pénale internationale et de la procureure générale d’Ukraine le 27 mai porte à elle seule sur 17 attaques impactant 70 journalistes et 3 infrastructures de médias. Cette plainte pour crimes de guerre est la cinquième déposée par RSF depuis le début du conflit, après celles déposées les 4, 16 et 24 mars et le 21 avril.

« Trois mois après le début de la guerre d’agression de l’Ukraine par la Russie, c’est bien le schéma d’une véritable guerre contre l’information menée par la Russie qui se dessine : une guerre où l’information est elle-même une cible, où les équipements de diffusion sont bombardés, où les journalistes sont non seulement visés en tant que tels, mais sont aussi enlevés, torturés, menacés, voire même exécutés », déclare Christophe Deloire, secrétaire général de RSF. « La Russie montre sa volonté de contrôler l’information et de faire taire ceux qui portent un discours divergent de la propagande officielle, en ayant recours à des violences qui sont caractéristiques de crimes de guerre ».

Objectif : prendre le contrôle ou détruire les infrastructures de médias

Dès les premiers jours, la diffusion de l’information est une cible. Ainsi, le 28 février, quatre jours après le début de l’invasion, l’armée russe prend le contrôle de l’antenne de Melitopol et interrompt la diffusion des programmes des télévisions ukrainiennes. Les tours de télévision sont visées par des bombardements : six à Kyiv, à Korosten, à Lysychansk, à Kharkiv et à Kherson, entre le 1er et le 4 mars, et au moins six de plus depuis. D’autres infrastructures de médias ont également été ciblées : le 1er mars, le signal satellite de la chaîne UA Pershiy du groupe audiovisuel public ukrainien Suspilne a fait l’objet de tentatives de brouillage de la part de la Russie et son site internet a été piraté ; le 20 avril, c’est la rédaction de l’antenne locale de ce groupe, à Mykolaïv, qui a été frappé par une roquette lancée par les forces russes. Le média semble bien avoir été ciblé délibérément, car aucun autre bâtiment d’intérêt ne se trouvait aux alentours.

Les journalistes sous les tirs et délibérément ciblés

Les attaques et tirs délibérés contre des journalistes ont également commencé dès le début du conflit. À ce jour, RSF compte 48 journalistes pris sous des tirs d’armes à feu ou d’artillerie. Pour au moins 18 d’entre eux, RSF est en mesure d’affirmer qu’il s’agissait de tirs les visant délibérément en tant que journalistes. Les autres cas concernent soit des journalistes embarqués au sein des troupes ukrainiennes, soit des journalistes pris dans des bombardements - certains indiscriminés sur des zones civiles -, soit des journalistes dans des situations où RSF ne dispose pas de suffisamment d’éléments pour affirmer que l’attaque les visait délibérément.

Enlèvements, séquestrations, menaces, harcèlement… au service de la propagande russe

Le nombre de journalistes pris sous le feu de l’armée russe tend à diminuer depuis plusieurs semaines - essentiellement du fait du rétrécissement du front et des zones de combat avec le repli de l'armée russe vers le Donbass. À l’inverse, les enlèvements et séquestrations de journalistes sont commis depuis le début du conflit et se poursuivent au même rythme, ainsi que les menaces, pressions, et actes de harcèlement de toutes natures. Ces faits poursuivent toujours le même but : amener le journaliste ou le média à cesser ses activités ou à se mettre au service de la propagande russe.

Outre la cinquantaine de journalistes d’une rédaction qui ont été retenus plusieurs heures à Berdiansk, le 8 mars, dont certains violentés, pour faire pression sur eux et les amener à collaborer avec les forces occupantes, RSF compte à ce jour au moins 13 journalistes enlevés ou détenus arbitrairement par les Russes, pour des périodes de quelques heures à plusieurs jours.

Les occupants russes dressent des listes de journalistes à arrêter et mènent une véritable campagne de harcèlement contre les journalistes ukrainiens dans les zones qu’ils occupent. Le père de la journaliste Svitlana Zalizetska a été pris en otage pendant trois jours par les Russes, qui ont ainsi cherché à la contraindre à travailler pour eux. Le 12 mars, la journaliste de Hromadske Radio, Viktoria Rochtchina a disparu à Berdiansk. Elle a été relâchée le 22 mars, après avoir été contrainte d’enregistrer une vidéo affirmant que les forces armées russes « lui avaient sauvé la vie » et qu’elle avait été « bien traitée ». Le journaliste Oleg Batourine, ainsi qu'un fixeur de Radio France qui souhaite garder l’anonymat, ont été enlevés respectivement à Kakhovka (région de Kherson) et près de Kyiv, et torturés par les forces russes avant d’être libérés. Le journaliste Dmytro Khiliuk, dont on pense qu’il a été enlevé par des soldats russes le 4 mars, est à ce jour toujours disparu. Selon notre organisation partenaire en Ukraine, l’Institute of Mass Information (IMI), on serait sans nouvelles de 14 autres journalistes à Marioupol.

Des exécutions après enlèvement

Certains journalistes semblent avoir été exécutés après leur enlèvement. C’est notamment le cas du journaliste Ukrainien Maks Levin, dont le corps sans vie a été retrouvé le 1er avril près de trois semaines après sa disparition en reportage, et dont le parquet ukrainien rapporte qu’il est mort de deux balles d’armes légères dans la tête. C’est également le cas du documentariste Lituanien Mantas Kvedaravicius, qui semble avoir été torturé avant d’être assassiné. Enlevé le 27 mars par des soldats russes alors qu’il était sur le front pour son travail, son corps sera retrouvé cinq jours plus tard, portant des marques de brûlure et avec les deux jambes brisées. Ses vêtements intacts rendent peu crédible la thèse d’une mort dans un bombardement. Il semble avoir été tué par un tir d’arme à feu.

Un bilan publié par l’IMI le 24 mai fait en outre état des très nombreux médias ou journalistes qui ont fait l’objet, par mail ou par téléphone, de menaces de poursuites, d’incarcération, de torture, voire même de mort, visant à leur faire cesser le travail ou à les obliger à relayer la propagande russe. L’IMI recense également de très nombreuses attaques informatiques contre des médias ukrainiens, interruptions de signaux radios ou fermetures de sites web de médias. Des faits qui, s’ils ne sont pas qualifiables de crimes de guerre, démontrent l’ampleur de l’offensive russe contre l’information.

RSF continuera d’analyser ces cas et d’en saisir les procureurs nationaux et internationaux compétents. Une sixième plainte à la CPI et à la procureure générale d’Ukraine est en préparation.

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