ONU : la Russie se rend coupable de crimes contre l’humanité en Ukraine, selon un nouveau rapport accablant

ONU : la Russie se rend coupable de crimes contre l’humanité en Ukraine, selon un nouveau rapport accablant

Ukrinform
La Russie orchestre de manière systématique l’expulsion de civils ukrainiens de leurs foyers en utilisant des attaques de drones comme outil de terreur et de déplacement forcé. C’est la conclusion d’un rapport détaillé publié par la Commission d’enquête internationale indépendante sur l’Ukraine, présenté cette semaine à l’Assemblée générale des Nations Unies.

Ce rapport étend considérablement le champ des violations déjà documentées dans des publications antérieures. Selon les enquêteurs, les forces russes intensifient depuis plus d’un an l’usage de drones à courte portée contre une zone géographique bien plus vaste que celle recensée au printemps 2025, couvrant désormais une bande de plus de 300 kilomètres le long de la rive droite du Dniepr, dans les régions de Dnipropetrovsk, Kherson et Mykolaïv.

Une stratégie organisée au plus haut niveau

Les attaques suivent un schéma précis : des unités situées sur la rive gauche du fleuve frappent des zones habitées sous un commandement centralisé. « Les unités de drones relèvent toutes du Groupe de forces Dniepr », indiquent les enquêteurs, qui ont également identifié les commandants en charge de ces opérations.

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Cette coordination démontre, selon la Commission, que les civils sont bel et bien des cibles délibérées, et non des victimes collatérales comme Moscou continue de le prétendre.

Semer la panique pour vider les villages

Les attaques répétées ont plongé des communautés entières dans un climat de peur permanent. Elles visent des habitations, des hôpitaux, des infrastructures électriques et hydrauliques, mais aussi les équipes de secours. Une violation grave du droit international humanitaire.

Les témoignages recueillis sont glaçants.

« Les drones visent n’importe quel véhicule : les pompiers ne viennent plus, les ambulances non plus », témoigne une femme âgée ayant fui une zone sous attaques constantes.

À plusieurs reprises, des drones ont frappé un même bâtiment en deux temps : un premier percute le toit, puis un second lâche une munition explosive ou incendiaire.

« On dirait des feux d’artifice… mais sur nos maisons », décrit un autre témoin.

Le résultat : des milliers de civils jetés sur les routes, contraints d’abandonner leurs maisons et leurs biens. La Commission y voit un crime contre l’humanité de transfert forcé de population, puni par l’article 7 du Statut de Rome de la CPI.

Zaporijjia : expulsions forcées vers la frontière géorgienne

Au-delà des attaques de drones, le rapport documente également des expulsions massives de civils depuis les territoires occupés de la région de Zaporijjia.

En 2024 et 2025, des Ukrainiens ont été forcés de quitter leur territoire vers la Géorgie, sous prétexte de ne pas disposer du « statut juridique adéquat » selon la législation russe. Les victimes étaient convoyées jusqu’à la frontière et contraintes de la franchir.

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D’autres ont été expulsées en 2022–2023 vers le territoire contrôlé par Kyiv, poussées dans une zone grise hautement dangereuse, longue de 10 à 15 kilomètres. Certaines ont témoigné avoir marché en pleine zone de combats, sous la menace de mines.

Avant leur expulsion, nombre d’entre elles ont été détenues, parfois torturées. Leurs documents d’identité et leurs biens leurs ont été confisqués — des faits qualifiés de crimes de guerre par la Commission.

Une politique de déportation qui rappelle les heures sombres de l’histoire

Les enquêteurs soulignent que les responsables de ces crimes ne se limitent pas à des commandants locaux.

Agents du FSB, représentants de la « Direction des affaires migratoires » mise en place par Moscou, hauts fonctionnaires : toute une chaîne de responsabilité se dessine, indiquant un système pensé, planifié et soutenu au niveau étatique.

Les experts de l’ONU placent ces crimes dans un contexte plus large de répression de l’identité ukrainienne, déjà documenté concernant la déportation d’enfants, les persécutions linguistiques et les campagnes de propagande russes dans les territoires occupés.

« Notre objectif est que chaque responsable — quel que soit son rang — soit un jour jugé », insiste la Commission.

Un accès entravé par la Russie

Le rapport note cependant que certaines enquêtes restent incomplètes : Moscou refuse l’accès aux zones occupées et ignore les demandes officielles des enquêteurs internationaux. La sécurité des témoins reste également un obstacle majeur.

Malgré cela, la Commission affirme disposer de suffisamment de preuves pour qualifier les faits de crimes contre l’humanité — une étape fondamentale sur le plan juridique.

Une Commission au mandat prolongé

Créée le 4 mars 2022, la Commission a vu son mandat prolongé plusieurs fois, la dernière en avril 2025. Elle continuera d’informer le Conseil des droits de l’homme et l’Assemblée générale sur les violations commises dans le cadre de l’agression russe.

Pour de nombreux diplomates occidentaux, ce rapport constitue un nouvel élément de pression pour intensifier les efforts de justice internationale visant les dirigeants russes — jusqu’au sommet du pouvoir.

Photo: CTK 


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