La Russie envoie un nombre disproportionné de minorités ethniques à la guerre
C’est ce qu’affirme l’expert et conseiller politique Andriy Bouzarov dans son article « La Russie s’appuie de plus en plus sur les minorités turcophones et les groupes marginalisés pour soutenir son effort militaire », publié dans le journal turc Türkiye Today et rapporté par Ukrinform.
« Face aux défis croissants sur le champ de bataille largement reconnus tant en Russie qu’à l’étranger le Kremlin cherche de plus en plus à compenser ses pertes militaires en intensifiant la mobilisation des minorités ethniques à travers le pays », indique l’article qui présente les résultats de diverses études et données statistiques.
Comme indiqué, dès le début de l’invasion à grande échelle de l’Ukraine, la Fédération de Russie a ciblé de manière disproportionnée les groupes ethniques des régions reculées et économiquement défavorisées, les considérant comme une source de main-d’œuvre politiquement plus sûre et socialement viable. En particulier, parmi les dix régions ayant subi les plus fortes pertes démographiques figurent les républiques de Touva, de Bouriatie, de l'Altay, de Sakha (Yakoutie) et de Kalmoukie.
« Ces mécanismes de recrutement et de mobilisation soulignent la façon dont Moscou perçoit les régions qui ne sont pas russes, non comme des partenaires mais comme des sources de main-d'œuvre jetable », souligne l'auteur.
Si les statistiques faisant état de pertes disproportionnées au sein de ces groupes de population augmentent, l'expert prédit une déstabilisation interne des républiques russes ethniquement diverses et une atteinte à la réputation internationale de Moscou, les minorités prenant de plus en plus conscience de leur instrumentalisation dans la « machine de guerre » russe.
Pour rappel, la Russie s'est retirée de la Convention-cadre européenne pour la protection des minorités nationales en août dernier.
Photo : Mémorandum d'entente du GUR