Un ancien ministre de Ianoukovitch explique pourquoi celui-ci a refusé l’Accord d’Association
Cette déclaration a été faite par Léonid Kozhara, ministre des Affaires Étrangères ukrainien sous Ianoukovitch lors d’une audience au tribunal d’Obolon de Kyiv dans le procès pour haute trahison de l’ancien président ukrainien :
"Le fait que l’Ukraine n’était pas prête à signer l’Accord d’Association a été transmis à la partie européenne en amont, lors du sommet de Vilnius. Comme je l'ai déjà dit, un décret avait été signé par le chef du gouvernement le 21 novémbre, juste avant le sommet", a-t-il déclaré.
L'ancien diplomate a rappelé les déclarations des politiciens européens lors de la deuxième quinzaine de novembre 2013. À ce moment, les représentants de la Commission européenne déclaraient qu’ils n’étaient pas non plus prêts à signer la déclaration :
"La décision de ne pas signer [l’Accord] au Sommet de Vilnius est née littéralement parlant dix jours avant le sommet-même", a-t-il ajouté.
Selon Léonid Kozhara, une fois que le gouvernement ukrainien a compris que la création de la zone de libre-échange avec l’Union européenne allait rentrer en conflit avec d’autres zones de libre-échange dont l’Ukraine faisait partie, il a formulé des contre-propositions à la Commission européenne concernant la formation de commissions multilatérales afin de minimiser les conséquences négatives de l'organisation de la zone de libre-échange avec l’UE :
"Malheureusement, pour des raisons politiques l’Union européenne a refusé de créér ces mécanismes. A mon avis, il y a une grande part de culpabilité et de responsabilité pour la Commission européenne".
L'ancien membre du gouvernement a rappelé que de tout temps les présidents et les gouvernements ukrainiens, y compris avant la période de mandat de Ianoukovitch, ont tenté d'améliorer leurs relations avec l'Europe :
"Parvenir à cet accord d'Association était un processus à long terme. L''Ukraine et les gouvernements qui ont participé à la préparation de ce document ont constamment essayé d'améliorer les conditions politiques et économiques pour l'Ukraine".
Pour rappel, lors du sommet de Vilnius en novembre 2013, les dirigeants de l'UE n'avaient pas réussi à convaincre le président de l'époque, Viktor Ianoukovitch, de signer un accord historique sur l'adhésion au processus d'intégration et la zone libre-échange. Ce refus d'adhérer avait eu de terribles conséquences puisque cette décision a été le déclencheur de la Révolution de la dignité, entre novembre 2013 et février 2014, qui ont conduit à la mort de plus de 100 manifestants.
EH