RSF dénonce les violences contre les journalistes, y compris sur les territoires ukrainiens, occupés par la Russie

RSF dénonce les violences contre les journalistes, y compris sur les territoires ukrainiens, occupés par la Russie

Ukrinform
À l’occasion de la Journée internationale pour le soutien aux victimes de la torture, Reporters sans frontières (RSF) tire la sonnette d’alarme : partout dans le monde, des journalistes sont torturés pour avoir exercé leur métier, dans l’impunité quasi totale des bourreaux.

Quarante ans après l’adoption de la Convention de l’ONU contre la torture, ratifiée par 175 États, ce crime absolu reste une arme de répression contre les médias. En Russie, en Birmanie, en Ukraine occupée ou encore en Égypte, les journalistes subissent enlèvements, détentions arbitraires et sévices physiques ou psychologiques. « Les tortionnaires sont souvent connus, mais jamais poursuivis. Ce silence équivaut à une complicité », dénonce Antoine Bernard, directeur du plaidoyer de RSF, qui appelle à des enquêtes et à des sanctions.

Tortures lors d’enlèvements

En République démocratique du Congo, Émérite Amisi Musada, journaliste de DeboutRDC, a été enlevé en avril 2025, battu et agressé sexuellement pendant quatre jours avant d’être abandonné près du lac Kivu. Au Venezuela, le photoreporter Jesús Medina, retrouvé en 2017 après deux jours de disparition, portait des marques de violence.

En Ukraine, Nikita, fixeur de Radio France, a subi en 2022 des tortures à l’électricité et un simulacre d’exécution lors de sa détention par les forces russes. Enlevé par des troupes russes le 5 mars 2022 dans un village du centre de l’Ukraine, il a été détenu pendant neuf jours, laissé dans un froid glacial dans une cave, et torturé à plusieurs reprises. Pendant 48 heures, il a notamment subi des séances de torture au couteau et à l’électricité, des coups de crosse de fusils mitrailleurs sur le visage et sur le corps à plusieurs reprises, ainsi qu’un simulacre d’exécution.

Violences en détention

En prison, les abus sont légion. En Crimée, le journaliste ukrainien Vladislav Yesypenko a été torturé à l’électricité en 2021 pour arracher des aveux. Il a été arrêté en mars 2021 en Crimée, territoire occupé par la Russie. Il était alors correspondant pour Krym.realii, une antenne locale du média américain Radio Free Europe/Radio Svoboda (RFE/RL). Détenu au secret, il a été torturé à l'électricité pendant deux jours pour le contraindre à présenter des « aveux », diffusés sur une chaîne de télévision russe. Condamné à six ans de prison en février 2022 pour « possession et transport d'explosifs » – peine commuée à cinq ans quelques mois plus tard –, il a été libéré le 20 juin 2025.

À Gaza, Diaa al-Kahlout, d’Al-Araby al-Jadded, a enduré faim, humiliations et la torture du « shabeh » en 2023. En Chine, des journalistes comme Yang Hengjun subissent la « chaise du tigre », un dispositif provoquant des douleurs extrêmes. Au Vietnam, Le Huu Minh Tuan, privé de soins, voit son état de santé se dégrader gravement.

La journaliste de la chaîne biélorusse en exil Belsat TV Alena Doubovik (Scharbinskaya) a quant à elle été battue à coups de matraque et humiliée en détention au Bélarus, en août 2020, notamment en étant forcée de rester à moitié nue. Incarcérée avec une cinquantaine d’autres détenues dans une cellule de 12 m2, prévue pour quatre, elle a également été privée de nourriture pendant 24 heures et a dû être hospitalisée directement à sa sortie de garde à vue.

Morts sous la torture

Certains n’en réchappent pas. En Ukraine, Victoria Roshchyna, détenue par la Russie, est morte en 2024 après 13 mois de sévices. Arrêtée en août 2023 dans le sud-est occupé de l’Ukraine, elle est morte après plus de 13 mois dans les geôles du Kremlin, notamment dans la prison n°2 de la ville de Taganrog – transformée en un camp de torture pour les civils ukrainiens. Des témoins l'ayant vue ont rapporté que son corps portait des traces visibles de sévices : entailles et cicatrices, et à l’été 2024, elle ne pesait plus qu’une trentaine de kilos. Son corps a été restitué à l’Ukraine en février 2025, amputé de plusieurs organes. La cause de sa mort reste inconnue. Au moins 28 professionnels des médias ukrainiens restent détenus par la Russie, subissant des violences physiques et psychologiques.

En Birmanie, Myat Thu Tun a été retrouvé criblé de balles en 2025. Au Mali, Birama Touré, enlevé en 2016, est présumé mort des suites de tortures. En Syrie, 181 journalistes sont morts en détention entre 2011 et 2024, leurs corps portant des traces de brutalité.

En Syrie ou nombre des 181 professionnels des médias tués par le régime de Bachar al-Assad et ses soutiens entre 2011 et 2024 sont morts dans ses geôles, à la suite d’actes de torture. Les corps retrouvés, quand ils le sont, portent les marques d’une brutalité insoutenable. Trop souvent, les enquêtes sur ces décès restent inachevées, entravées ou étouffées, laissant les familles sans vérité ni justice.

RSF, qui porte des plaintes auprès de la Cour pénale internationale, exige justice. « La torture vise à briser la dignité humaine. Les États doivent respecter leurs engagements et protéger les journalistes », conclut Antoine Bernard.


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