Attention, un superhomme s'entraîne
Un panneau portant l'inscription « Attention, un superhomme s'entraîne !» est visible au rez-de-chaussée, à quelques mètres de la salle de rééducation physique. Les employés expliquent : les patients testent leur marche et peuvent sortir dans le couloir. Ils rappellent donc aux visiteurs qu'ils doivent être particulièrement attentifs.
Nous y sommes allés pour la première fois en avril, alors que les travaux étaient encore en cours. Ivan Martchak, responsable de la construction du deuxième centre de prothèses et de rééducation d'Ukraine, vétéran de la guerre russo-ukrainienne et diplômé de Superhumans, nous a fait visiter les locaux, alors en construction. Le centre de Dnipro a ouvert ses portes le 7 juin. Trois mois plus tard nous avons décidé de lui rendre visite à nouveau pour le voir à l'œuvre et faire la connaissance de ceux pour qui il a été créé.
Il se trouve que cette fois-ci, Ivan nous a accueillis. Mais il a maintenant un autre statut : il travaille comme expert en réintégration sociale dans le département « Rivnyy rivnomou » (D`égal à égal).

Nous entrons dans le centre et nous nous rendons tout d'abord dans la salle de rééducation physique. Il s'agit d'un grand espace équipé d'appareils de formation modernes, d'installations avec des escaliers et des barres, des descentes et des montées simulées, tout ce qui peut se passer dans la vie quotidienne, dans la rue ou à l'intérieur. La salle est en pleine effervescence : les « superhommes », comme on appelle ici les personnes qui ont une prothèse, s'entraînent avec des spécialistes.

Parmi les patients, on trouve des civils et des militaires. Chacun a sa propre histoire et sa propre motivation.
LA VILLE DE SELIDOVE, 16:45
Dans la salle nous remarquons la seule femme : elle apprend à marcher et à maîtriser sa nouvelle jambe avec un genou mécanique. Elle a subi une amputation haute et chaque pas est un effort considérable.

Elle s'appelle Olena Myrochnytchenko, elle a 48 ans. Elle est originaire de la ville minière de Selidove, dans la région de Donetsk, près de Pokrovsk. Avant la guerre elle vivait à Zaporijjia, où elle enseignait l'anglais à des étudiants étrangers à l'université de médecine.

Au début de l'invasion à grande échelle, Olena est retournée à Selidove pour des raisons familiales : son père avait eu un accident vasculaire cérébral et elle devait aider sa mère à s'occuper de lui. Au début de l'année 2022 la ville subissait déjà les attaques ennemies. Il n'y avait pas d'eau, alors des puits ont été creusés dans la ville. Les ascenseurs ne fonctionnaient pas, et les parents d'Olena habitaient au cinquième étage.
En février 2024 de violents bombardements ont commencé, selon Elena. Elle a été blessée en juillet.

« Je sortais d'un magasin. Il était 16 h 30. Je m'en souviens parce que j'avais appelé un taxi. Deux missiles ont frappé. J'étais sur le point de franchir le seuil pour retourner en courant à l'intérieur, quand j'ai soudain réalisé que je ne sentais plus ma jambe gauche. C'était une sensation étrange : je ne comprenais pas, je ne pouvais pas me tenir debout, c'était comme si ma jambe était engourdie. Je regarde et je vois un gros trou sous le genou, qui saigne. J'ai perdu un litre et demi de sang. La caissière du magasin a réagi rapidement, elle m'a bandé la jambe avec une ceinture, la seule chose qu'elle avait sous la main pour arrêter le saignement, et j'ai perdu connaissance. Dans 15 minutes les secours sont arrivés, m'ont réanimée et ont écrit sur ma jambe : « 16 h 45 ». Ils m'ont demandé si une seule jambe était blessée, j'ai répondu que oui. J'étais déjà consciente, je pouvais donner mon nom, mon prénom et mon adresse », a-t-elle dit.
À ce moment-là, tous les hôpitaux de la ville étaient détruits, c'est pourquoi les médecins militaires ont pris en charge les civils. Ce sont eux qui ont tamponné la blessure, puis envoyé la blessée à Pokrovsk. Le 5 juillet elle a subi une première opération.

- Le chirurgien a dit qu'il m'avait sauvé la vie. Il a appelé Metchnikov (l'hôpital régional de Dnipropetrovsk, ndlr) et a dit que l'artère était très endommagée. J'ai dit à tout le monde que je ne sentais plus ma jambe, mais au début on m'a dit qu'elle était juste trop bandée et que tout irait bien. À ce moment-là, j'avais encore ma jambe mais il y avait un gros trou, car un éclat avait endommagé l'artère. Le 6 juillet, le chirurgien est venu et m'a dit qu'il fallait amputer, que je ne survivrais pas. Je devais signer un consentement, mais j'ai refusé, car j'avais toujours été en bonne santé, avec mes deux jambes, raconte-t-elle.
Mais sa protestation n'a pas duré longtemps, car ses reins ont commencé à défaillir. La femme a alors demandé au chirurgien de parler à son fils, qui travaille comme anesthésiste dans un hôpital de Zaporijjia. Après une conversation téléphonique, le chirurgien avait assuré qu'il savait ce qu'il faisait. Il n'y avait pas vraiment le choix, il fallait amputer.

J'AI OUBLIÉ COMMENT MARCHER
- Le lendemain matin après l'opération, je ne savais pas quoi faire, je n'avais aucun équilibre. Le chirurgien m'a dit de m'asseoir sur le lit. Mais comment m'asseoir ? Je ne comprenais pas ce qui se passait. Je suis restée cinq jours à Pokrovsk, puis mes amis qui vivent à Kharkiv m'ont emmenée dans un hôpital local. Le processus de guérison a été difficile, avec de nombreuses complications : fièvre, inflammation... Mais en même temps je comprenais que je ne pouvais pas m'en sortir sans prothèse. Toute ma vie, je n'ai compté que sur moi-même. C'était difficile. Ma mère était avec moi, mais mon père est mort, il n'a pas pu supporter tout cela, poursuit notre interlocutrice.
Les amis d'Olena ont emmené sa mère de Selidove. C'était le 2 août, et à la fin du mois, les Russes ont pris la ville.
Olena a passé huit mois à l'hôpital. En janvier 2025 elle a reçu sa première prothèse. Elle est restée à l'hôpital de Kharkiv jusqu'au 14 mars. Elle dit que la première prothèse n'avait pas un genou très moderne, que le moignon n'était pas comme il fallait.

« On m'a dit : « Ce n'est pas la prothèse qui marchera à ta place ». Mais ce n'est pas vrai, beaucoup dépend du genou. C'est un travail difficile, ce n'est pas si simple. Quand tu es sur une jambe et que tu ne peux pas marcher, mais que tu en as envie, tu es prêt à tout pour pouvoir marcher. Au début, j'avais peur », dit-elle.
- Vous êtes tombée ? - lui ai-je demandé.
- Oui, deux fois. Une fois avec des béquilles, la deuxième fois avec une prothèse. La deuxième fois, j'ai senti que mon genou se pliait et que je tombais en avant. J'ai freiné avec ma main gauche, mais je n'ai pas lâché ma béquille droite, et je suis tombée avec la béquille dans la main. Après cela, une autre peur est apparue. Il m'arrivait de pouvoir marcher entre les poutres dans la salle, sans même m'appuyer, mais dès que je sortais, je ne savais plus comment marcher. Il y avait de l'espace autour de moi, et je ne savais pas d'où il venait. Ira, mon amie, me disait : « Rappelle-toi comment tu marchais », mais je ne m'en souvenais pas. Puis j'ai commencé à marcher dans la salle, mais j'avais peur de sortir dans le couloir. Mais ensuite, je suis sortie dans la rue. Il y avait des gens tout autour, et j'avais l'impression que quelqu'un allait me heurter et que je tomberais à nouveau. Je me préparais psychologiquement », raconte-t-elle.

Ses amis et anciens élèves ont conseillé à Olena de s'adresser à Superhumans Dnipro. Ils ont dit : « Voici le formulaire, il suffit de le remplir. » La femme a répondu à tout le monde qu'elle le ferait plus tard, mais elle s'est finalement décidée. Quelques jours plus tard, elle a reçu un appel lui proposant un rendez-vous au Centre. Ce fut une surprise totale pour elle.

« Je ne m'attendais pas à ce que cela aille aussi vite. On m'a invitée à passer des examens et des analyses. Et maintenant, j'ai un genou moderne, une prothèse moderne qui ne me fait pas mal ! Et c'est ici, chez Superhumans, que j'ai compris que j'étais une personne normale. Une amie me disait sans cesse : « Bon, c'est un malheur, mais tu vas marcher, tu es une personne normale. Tu as une tête, tu as une jambe. » Mais je ressentais un blocage psychologique. Et c'est seulement ici que j'ai compris que nous sommes tous égaux, que nous revenons tous à la vie. J'ai déjà beaucoup d'amis ici, nous allons ensemble au magasin. Je souhaite reprendre l'enseignement à terme. Je vais travailler dur pour pouvoir marcher facilement. Mon rêve est de sortir, de pouvoir à nouveau marcher correctement. Et j'aimerais aussi informer les gens qu'il existe de telles possibilités, car tout le monde ne connaît pas cette oasis où l'on revient à la vie réelle », explique Olena.

Elle s'entraîne au centre pendant trois heures. Elle marche avec sa prothèse jusqu'à 16 heures, puis elle doit laisser sa jambe se reposer. Elle dit que ce n'est plus difficile, mais au début, elle comptait chaque pas. Sa mère et ses amis l'ont toujours soutenue. Elle n'a plus honte de sortir dans la rue, ni de porter des shorts courts, car ils sont plus confortables et ne gênent pas lorsqu'il faut retirer ou ajuster la prothèse.
LE TANGO AVEC SA FEMME
À côté se trouve la salle d'ergothérapie. Nous y faisons la connaissance d'Eduard Bykov (Toutchniak). Il a perdu une jambe et un bras à la guerre, mais pas son optimisme ni son envie de vivre.
« Pourquoi ce nom de guerre ? », dis-je lors de notre rencontre.
« En 2018 j'étais avec ma famille au zoo tchèque. Le mot pingouin en tchèque se traduit par « toutchniak ». Ma fille cadette Vika, qui était alors en 5e, m'a dit : « Alors toi, papa, tu es un toutchniak ». Et ce surnom m'est resté. Quand je me suis engagé comme volontaire dans l'armée en 2022, on m'a demandé quel était mon nom de guerre, j'ai répondu Toutchniak. C'est ce qu'ils ont écrit sur mon chevron », raconte-t-il.

Au début, Édouard a été affecté à la DFTG, où il assurait la sécurité des infrastructures à Kyiv. Il a reçu sa carte militaire et a rejoint la 112e brigade le 28 juin, dans une compagnie d'infanterie distincte, qui est aujourd'hui une division antiaérienne. Il a alors envoyé ses filles Nadia et Vika à l'étranger et s'est mis à étudier intensivement la médecine tactique. Il se souvient qu'ils ont été formés par des instructeurs estoniens qui ont donné de différents cours.
Après cela Eduard et ses frères et sœurs d'armes ont commencé à travailler sur le front dans le domaine de l'évacuation médicale.
Ma mère a travaillé toute sa vie comme infirmière en chef dans une école maternelle, et mon père livrait des médicaments dans la région de Lougansk. Je n'ai pas de mal à retenir le nom des médicaments, ni à apprendre. Nous transportions les soldats blessés vers le poste de secours. À Kostiantynivka, dans la région de Donetsk, nous étions de garde au poste médical. Tchasovy Yar n'était pas loin de là, et il fallait sept minutes pour aller transporter un soldat. Il fallait réduire la distance d'évacuation, et c'est pourquoi nous étions de garde près des moyens de destruction russes », raconte le militaire.

Un jour l'ennemi a frappé le centre médical avec un KAB, où travaillait l'équipe d'Eduard.
« Il est tombé droit sur nous. Cinq de mes frères et sœurs ont péri. J'étais le seul des six de service ce jour-là à avoir survécu. Merci à ma femme. Elle m'a appelé pour me souhaiter une bonne nuit, et j'ai quitté le bâtiment pour parler. Je me suis posté près de la fenêtre pour être plus près du routeur, mais je n'ai même pas eu le temps de décrocher. À 21 h 57 je suis parti et à 22 h 03 l'avion est arrivé. Mon ami Valera, nom de guerre Turkmen, a été tué, le chauffeur Micha, nom de guerre Monia, Nazar, un jeune homme de 25 ans, nom de guerre Vinotchok, un médecin de la compagnie médicale, Iryna Andreyevna (Nebo), et Dacha, (Tereza), se souvient Eduard.
Le premier mois après sa blessure, il était inconscient. Il dit que son psychisme l'a protégé de la douleur. Il assure que pendant qu'il était dans le coma, il faisait des rêves tout le temps.


Sa main a été immédiatement coupée. Édouard se demande encore comment il n'a pas perdu tout son sang à ce moment-là.
« Ma jambe était encore là, elle a été amputée dix jours plus tard, à Kyiv. On m'a d'abord emmené au poste de secours, puis à l'hôpital Metchnikov le 18 avril 2024, et cinq jours plus tard à l'hôpital Feofaniya de Kyiv. Ma femme a été informée de mes blessures sans plus de détails. Je me tiens bon depuis mon réveil du coma. Ce ne sont pas mes proches qui m'ont annoncé en larmes que j'avais perdu un bras et une jambe, mais un psychologue spécialement formé aux douleurs fantômes. J'ai dit que j'aurais des prothèses, mais que le fait de ne pas voir était un problème. Mais les médecins travaillent : au début je voyais la lumière d'un seul œil, et maintenant j'ai une chance de retrouver une vision complète. Grâce aux technologies actuelles je vais bientôt pouvoir non seulement marcher, mais aussi courir. J'ai déjà une prothèse et avec les spécialistes nous faisons tout ce qui est nécessaire. Je marche entre les barres. Il y a 50 ans, j'ai appris à marcher et maintenant je recommence. Tout le monde n'a pas cette chance, dit Eduard.

Je lui demande quel est son rêve. Il répond sans hésiter :
- Danser le tango avec ma femme ! Je voulais mettre comme sonnerie sur mon téléphone celle du film Le parfum d'une femme, où le personnage principal est joué par Al Pacino, mais ça n'a pas marché. C'est sûr, je veux danser le tango avec ma femme.
- Eh bien, tu es tellement déterminé que ta femme devrait commencer à répéter pour ne pas être à la traîne, je plaisante.
- Ma femme faisait de la danse folklorique. Elle danse très bien, dit-il en riant.
- Ta femme est au courant de ton rêve ? Je précise.
- Bien sûr. Ce rêve est né avant la blessure, et la blessure ne devrait pas l’affecter.
Je propose de choisir une date pour la danse. Je demande quand est leur anniversaire de mariage. Il s'avère que le 15 novembre 2027, cela fera 30 ans qu'ils sont ensemble, mais Édouard ne veut bien sûr pas attendre aussi longtemps.
« Le 18 janvier, c'est mon anniversaire, mais c'est un peu trop tôt. Je pense que ma femme et moi allons simplement nous promener ce jour-là. Mais le 29 avril, c'est son anniversaire et nous danserons.
« C'est promis », dis-je.
« Je fais rarement des promesses, pour être honnête, mais il faut se fixer des objectifs », répond Édouard avant d'ajouter : « J'ai volé une citation dans un film : « Je suis un homme ordinaire qui a eu la chance d'épouser une femme extraordinaire. »

UN PROTHÉSISTE QUI SAIT PAR EXPÉRIENCE QU'IL FAUT FAIRE POUR OBTENIR LA PROTHÈSE IDÉALE
Les employés du Centre nous proposent de nous rendre au laboratoire de fabrication des prothèses. C'est le cœur du Centre. Ses employés ont fabriqué plus de cinquante prothèses en un mois seulement.
Nous prenons un ascenseur équipé de rampes spéciales. Une personne avec des béquilles ou en fauteuil roulant peut y accéder facilement.
Dans le couloir nous rencontrons un prothésiste : Elyoor Abdouloyev, 28 ans. Il est originaire de Severodonetsk, dans l'oblast de Louhansk. Cuisinier et technologue de formation, Elyoor est un vétéran, il connaît bien les prothèses et sait ce qui est important de par sa propre expérience, puisqu'il marche lui-même avec une prothèse.

Le 24 février 2022 je me suis porté volontaire pour la guerre. J'ai été blessé le 3 décembre 2022 en marchant sur une mine antipersonnel en direction de la ville de Kreminna. J'ai immédiatement compris que j'avais perdu un membre, raconte-t-il.
Elyoor raconte qu'immédiatement après sa blessure, il savait qu'il recevrait une prothèse et qu'il pourrait marcher. Il a passé deux mois à l'hôpital, puis est arrivé à Dnipro, où on lui a fabriqué sa première prothèse.

J'ai quitté le centre de prothèses seul. Puis j'ai suivi une rééducation pour m'habituer à la prothèse. Le moignon a dû s'habituer aux charges. Au début je ne pouvais rester debout avec la prothèse que deux heures, mais maintenant je peux courir avec pendant une journée, dit-il.

Il a appris à marcher parfaitement. Si vous n'êtes pas au courant de sa blessure, vous ne remarquerez peut-être même pas la prothèse. L'homme explique avoir essayé de nombreuses chaussures différentes avant d'en choisir une universelle, adaptée à un mode de vie actif.

J'ai un pied semi-athlétique qui peut supporter de bonnes charges. Je peux courir un peu, soulever des poids et il ne craint pas l'eau », explique-t-il.
Elyoor montre son lieu de travail, qui ressemble à l'atelier d'un sculpteur. Il explique comment on prend les empreintes et comment se déroule la préparation à la fabrication d'un moignon permanent. Le laboratoire de prothèses ressemble aussi un peu à un bureau d'études.

Elyoor explique qu'ici on perfectionne les moignons afin que les personnes puissent marcher confortablement toute la journée.

J'ai vu des dessins sur de nombreuses prothèses, Elyoor en a également. Je décide de demander qui s'en charge et s'il est possible de choisir les motifs.
« Oui, nous avons acheté différents buffs. Une fois que la personne a choisi un motif, le buff est « transféré » sur le moignon à l'aide d'une solution spéciale transparente », explique-t-il.
Le jeune homme porte souvent des shorts après le travail, il dit que c'est son vêtement préféré.
Elyoor est un ancien champion national d'aviron. Il pratique aujourd'hui le volley-ball et court un peu. Il dit avoir trouvé sa voie dans le sport. Il rêve d'avoir sa propre maison, mais vit actuellement dans un appartement loué.
Superhumans Dnipro accueille des personnes de toutes les régions du pays.
Olga Zvonareva, Zaporijjia
Photo : Dmytro Smolienko / Ukrinform