RSF publie un rapport sur la géopolitique de la propagande russe et ses enjeux internationaux

RSF publie un rapport sur la géopolitique de la propagande russe et ses enjeux internationaux

Ukrinform
Reporters sans frontières (RSF) a dévoilé un rapport majeur sur la géopolitique de la propagande russe, fruit de la première saison de son projet d’investigation « Propaganda Monitor ».

Ce projet, lancé par l’organisation, vise à analyser et documenter les mécanismes de désinformation du Kremlin, afin de fournir aux citoyens des outils pour mieux comprendre et contrer ces discours manipulatoires.

Un écosystème de propagande sophistiqué

La Russie de Vladimir Poutine utilise la propagande d’État comme un instrument central de sa politique intérieure et extérieure. Le rapport de RSF met en lumière un système complexe, combinant médias d’État, relais en ligne, influenceurs et structures parallèles. RT, Sputnik ou encore la milice Wagner figurent parmi les principaux acteurs, qui recourent à des techniques variées : brouillage de la réalité, campagnes de désinformation, usurpation d’identité, création de fausses écoles de journalisme ou utilisation d’outils d’intelligence artificielle.

Depuis plus d’un an, RSF suit ces réseaux et ces stratégies, en Russie et à l’international, avec le concours d’un comité d’experts basé en France, en Serbie, au Sénégal ou en Colombie. Le rapport, publié en version bilingue et enrichi de dessins de presse par Cartooning for Peace, constitue une compilation exhaustive de cette enquête.

« Moscou cherche depuis longtemps à réduire au silence toute alternative à sa vision du monde. La décision des États-Unis en mars 2025 de démanteler l’Agence américaine pour les médias mondiaux (USAGM) a été accueillie avec satisfaction par le Kremlin : moins de voix indépendantes signifie plus d’espace pour ses récits. Le Propaganda Monitor vise à reprendre la main et à donner aux citoyens les clés pour ne pas subir un discours manipulatoire qui se diffuse avec une agilité déconcertante », explique Thibaut Bruttin, directeur général de RSF.

Des journalistes et médias sous pression

Le rapport souligne la répression systématique dont sont victimes les médias et les journalistes. Le Kremlin a progressivement pris le contrôle du paysage médiatique, autrefois ouvert dans les années 1990, en instaurant des lois sur les “agents de l’étranger” et les “organisations indésirables”.

Cette stratégie s’accompagne d’un ciblage direct des professionnels de l’information : 48 journalistes restent détenus, dont 26 Ukrainiens. Depuis le début de la guerre en Ukraine, 12 journalistes ont été tués sur le terrain et un en prison, tandis qu’au moins 48 autres ont été blessés.

Une désinformation ancrée et amplifiée

Le rapport documente également l’intensification du discours de désinformation : les Ukrainiens sont qualifiés de “nazis”, la guerre en Ukraine présentée comme une “opération spéciale” et les médias indépendants décrits comme des agents d’un “Occident décadent”. Cette propagande, déjà présente avant l’invasion à grande échelle de février 2022, s’est renforcée depuis.

Le Kremlin diversifie ses techniques en recourant à l’IA générative, à des écoles de journalisme fictives et à l’usurpation d’identité, adaptant son discours aux publics ciblés. Selon le chercheur David Colon, « la propagande russe repose sur une démarche globale qui ne distingue pas les outils numériques des outils traditionnels, l’IA permettant d’étendre et d’intensifier les campagnes ».

Des acteurs variés et une influence internationale

Le rapport identifie de nombreux acteurs : médias d’État, influenceurs militaires, contractuels de l’influence. Si Wagner a été en partie démantelé, ses réseaux restent un vecteur central. Derrière l’empire médiatique de la milice, Alexandre Malkevitch poursuit le relais de la propagande en coulisses, tandis que des propagandistes étrangers amplifient le discours russe.

À l’international, la Russie exploite la fragilité des écosystèmes médiatiques pour diffuser son influence : en Afrique, elle s’appuie sur des « contractuels de l’information », en Europe RT et Sputnik continuent leur propagande malgré les sanctions, et en Amérique latine, le discours anti-impérialiste séduit certaines populations.

Contre-propagande et recommandations

Pour contrer cette désinformation, RSF encourage le soutien aux médias indépendants russes, biélorusses et ukrainiens, ainsi que les initiatives de fact-checking et l’usage de normes telles que la Journalism Trust Initiative (JTI), qui permettent d’identifier les sources fiables.

La lutte contre la propagande du Kremlin ne peut se limiter à des mesures répressives. RSF recommande aux démocraties de renforcer leur engagement en faveur du journalisme indépendant et de veiller à ne pas compromettre son intégrité, afin de protéger le droit à une information fiable pour leurs citoyens.


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