Valentyne Lyssenko, compositeur et inventeur de la bandoura électrique

20.04.2017 09:51

La bandoura, elle est comme l'Ukraine, moderne, profonde, polyphonique.

Il a 33ans et il affirmed’avoir trouvé sa vocation dans la vie. Il n'est pas seulement un musicien, instrumentiste et enseignant, mais un vrai révolutionnaire du classique, inventeur et innovateur. Il a créé une bandoura électrique dont la sonorité unique transforme la musique populaire en hits modernes, ainsi quedes mélodies hollywoodiennes enversions originales. Ses reprises de Sting et de Jamala éblouissent le public, sa méthoded'enseignement du jeude la bandoura passionne les enfants. Il écrit sa propre musique et continue de chercher sa sonorité unique.

Tout cela, et non seulement, dans une conversation de Valentyne Lyssenko, bandouriste dont la virtuosité se trempait dans beaucoup de talent-show, celui qui ouvrira l’Ukraine aux invités àl'Eurovision, avec un correspondant d’Ukrinform.

À L'EUROVISION LA BANDURA VA SONNER COMME PERSONNE NE L'A JAMAIS ENTENDU

- Valentyne,la première la plus proche de vos œuvres et des potentialités uniques de la bandoura électrique sera leur présentation aux journalistes étrangers qui viendront à l'Eurovision-2017. Cet événement aura lieu le 5 mai prochain dans l'un des espaces presse du concours, c’est-à-dire, à Ukrinform. Avec quoi vous allez les éblouir?

- Nous allons montrer aux invités étrangers un objet de notre fierté ukrainienne – la bandoura. Et non pas celle archaïque, mais moderne. Pour ma bandoura électrique j'ai ramené de l'Amérique du matériel qui peut traiter le signal de cet instrument de sorte qu'il soit vraiment extraordinaire. Ce sera une sonorité entièrement nouvelle. C’est non seulement nos invités étrangers qui seront impressionnéspour lesquels la bandoura est a priori de l'exotisme. Nous allons éblouir également les nôtres.

- Quelles sont les œuvres que vous allez jouer?

- Plusieurs de mes propres compositions, je vais jouer sans faute une reprise de Jamala, des développements des hits mondiaux de Sting, "The Beatles", "ABBA", "Boney M."... Tout ce qui révèle au mieux une richesse sonore et une amplitude de notre instrument.

- L'année dernière, vous avez sorti votre premier disque d’auteur "Le second souffle". Sur ce disque il ya une reprise de la chanson de Jamala "1944" qui lui a valu une victoire à l'Eurovision. Savait-elle à propos de cette expérience? Est-ce que vous vous connaissez? Il me semble, vous avez fait vos études avec elle...

- Nous faisions des cours en parallèle au conservatoire de Kyiv, et moi, je venaisà plusieurs reprises pour voir et écouter ses récitals et je la soutenais toujours. J'ai été tellement heureux du fait que Jamala gagnait l'Eurovision!..

Concernant mon premier album, alors je le faisais pendant presque six ans. Beaucoup de choses ont été enregistrées, j’ai filtré pas mal de morceaux et, en fin de compte, j’ai laissé neuf compositions qui, je crois, révèlent pleinementla bandoura. Là, il y a de la musique folk, mes propres oeuvres et quelques reprises des chansons de Jamala.

- Qu’est-ce que vous pensez de l'Eurovision? Avez-vous acheté vos billets, soit dit en passant?

- Non, je n’ai pas acheté de billets et je ne le veux pas du tout. Moi, je suis beaucoup plus à l'aise de regarder tous ces grands projets à la télé. Et quant à l'Eurovision, je la prends à la bonne: viendront beaucoup de touristes, l'économie du paysva gagner, l'Ukraine sera connue encore beaucoup plus dans le monde. Je veux bien que ces concours de chant aient lieu chez nous, en Ukraine. Une autre question c’est la qualité des chansons et la qualité des show, à quel point cette qualité pourra être faite chez nous en Ukraine. Mais j'espère que tout ira bien, que nous allons réussir à le faire impeccablement.

- Connaissez-vous nos rockers "A. Torvald" qui ont gagné la sélection nationale? L’avez-vous regardé cette sélection nationale?

- Non, je ne la regardais pas. Les deux derniers mois j'ai beaucoup travaillé dans mon atelier. Je n’avais même pas le temps de la suivre. Nous avons été, par ailleurs, en tournée avec Tonya Matviyenko quand son mari Arsène Mirzoyan chantait pendant la sélection nationale. C’est ça que j'ai regardé.

- Avez-vous aimé sa chanson?

- Oui. Il a une belle voix et un charme particulier. Et sa chanson "Géraldine" qu'il a écrit lui-même, elle est vraiment belle.

LA BANDURA ÉLECTRONIQUE C’EST UNE RÉVOLUTION DANS LA MUSIQUE

- Parlons de votre know-how, de la bandoura. Elle est différente non seulement extérieurement, elle miroite de vernis et de strass, mais elle sonne différemment. Je comprends que vous êtes vous-même un Stradivarius?

- Je cherchais toujours une sonorité nouvelle et moderne. Pendant toute ma vie d'adulte. Et après le show "l'Ukraine a du talent" j’ai compris que sans ce superinstrument je ne pouvais pas exister. On peut passer des heures à pratiquer de la bandoura, avoir une technique et des capacités musicalesparfaites, on peut sortir sur une immense scène, mais tout cela ne sonnera pas... C'était comme ça avec beaucoup de bandouristes en raison descaractéristiques acoustiquesbien complexes de cet instrument.

Une idée m’est venue en tête, idée de créer une bandoura unique, une bandoura d'avenir, avec laquelle je pourrais jouer mamusique cosmique. Mais aucun maître ne voulait le faire. On me disait souvent: ce que tu tentes de créer, va crever un jour, elle ne pourra pas résister à la tension. Et je répondais que je vais réussir. Et puis, par essais et erreurs, j’ai commencé à refaire la bandoura. Autour de mes idées ont commencé à rassembler des gens qui m'aidaient, et donc j'ai organiséun studio expérimental créatif qui fabrique aujourd'hui les meilleurs bandouras au mondesur demande de l'Amérique, du Japon, de l'Argentine et d'autres pays du monde.

-En quoi consiste l'exclusivité de votre instrument?

- J'ai beaucoup étudié tout ce qui a été fait avant moi pour les guitares et d’autres instruments à cordes et donc je me suis inspiré du système américain qui transmet la sonorité de la bandoura sans distorsion. Ça fait cinq ans que j’ai travaillé sur la conception de la pédale spéciale (il la démontre). C'est elle qui a bouleversé la sonorité de la bandoura.

Si on essaie d’expliquer bien simplement, alors le "truc" c’est ça. Dans la bandura ordinaire le son est superposé sur un autre son, on ne peut pas l'éteindre, comme, par exemple, dans le piano qui a un système de marteauqui amortit le son. La pédale que j'ai développée donne une possibilité de réduire la durée du son et la corde, elle n'est pas superposée à une autre corde (il joue). Le timbredu son change et grâce à cette modification s’ouvrent d'énormes possibilités de traitement du signal et d'utilisation de la bandoura dans la musique électronique moderne. C'est une révolution!

- Quelles sont vos sensations quand vous êtes sur scène avec une bandoura créée de vos propres mains?

- ...Vous savez, les gens ont été choqués quand au concert, j'ai montré comment tout en étant dans la poussière je polissais mes instruments. Mais quand tu fais tout ça de tes propres mains, tu vois naître une vraie musique. Tu sens, tu écoutes comment sonne le bois... Et tu peux prendre un timbre plus profond, y mettre un certain sens, une certaine authenticité...

- Et quel bois sonne le mieux?

-C’est le saule rouge qui sonne le mieux. Et surtout celui qui a été frappé par la foudre. Après une décharge à haute intensité de courant,le bois acquiert des caractéristiques fréquentiellestoutes particulières.

Je perfectionne des bandouras anciennes et fabrique celles nouvelles (démontre des photos des instruments extrêmenet beaux et joliment décorés). J'ai fabriqué déjà prèsque deux dizaines de bandouras. Tout se passe comme ça. Je cherche une ancienne pièce semi-finie,de préférencede l'époque soviétique, et l'utilise comme base. Je retranche un excès de bois, enlève de la peinture noire, changecomplètement de mécanismes. Et la bandura devient beaucoup plus légère. De très belles harmoniques apparaissent. Ensuite je fais une finition. Avez-vous déjà remarqué un stylingbrillant. Donc, je couvre mes instruments avec les meilleurs matériaux, j’utilise des vernis pour les voitures haut de gamme et j'ajoute des strass Swarovski. J'ai très longtemps cherché une telle couverture pour ne pas éteindrel’acoustique et pour donner une belle image de haute qualité. Quand tu es sur scène, le projecteur fait la lumière sur ton instrument, tout scintille et semble très cool. Et puis c’est très mportant pour les enfants, parce quequand un enfant prend dans ses mains un tel instrument, il veut jouer.

- C'est-à-dire, votre instrument est une chose précieuse. En fait, une œuvre d'art?

-Dans cet instrument est mis de l'âme et du travail. Concernant le prix, c'est un instrument vraiment très cher. Je pense qu'il coûte comme une "Lexus".

- Est-ce que vous vendez vos bandouras?

- Aujourd’hui non. J’ai fait quelques-unes sur commande: au Japon il y a mes trois instruments, en Argentine également. Et maintenant, je les fais juste pour mon école que je vais bientôt ouvrir en Amérique afin d’avoir des instruments pour enseigner aux enfants.

JE NE VEUX PAS ÊTRE UN ENSEIGNANT DU SYSTÈME CLASSIQUE DE FORMATION, JE TENDS VERS LE LIBRE DÉVELOPPEMENT

- Vous quittez l'Ukraine?

- Je ne quitte pas l'Ukraine, je pars simplement pour faire la promotion de notre culture à l'étranger, pour que plus de gens puissent apprendre de notre remarquable instrument ukrainien. Dans deux moisprécisément je pars pourl’Amérique afin d’ouvrir mon école.

- Comment est née cette idée? Pourquoi? Enseignerez-vous aux enfants ukrainiens ou à tous les enfants?

- Mon rêve est de ciblertout d'abord le public américain. Parce que là, les ukrainiens savent bien que nous avons la bandoura. J'ai déjà quelques élèves, j'y vole souvent pour donner mes concerts. Ma première élève est très jeune, elle n’a que sept ans. Et c'est juste un cas expérimental. J'enseigne à cet enfant selon ma propre méthode, et vous savez, cet enfant, littéralement en six mois, elle a réussi à maîtriser un tel volume de musique pour lequel ici, dans une école de musique ordinaire, il fallait consacrer trois ans. Je porte l’attention au développement de l'oreille musicale et à la notation musicale. Et mon élève, littéralement en trois mois, elle commence à jouer. Chez nous, tout cela se passe sous forme dejeu et c’est avec le plaisir que cet enfant suit des cours de musique.

En général, aux États-Unis il n'y a pas de terme comme l’école de musique ou d'art. Elles sont toutes privés. Elles n’ont pas de programme obligatoire, comme chez nous oùau moins cinq ans tu dois faire tes études. AuxÉtats-Unis il ya une grande liberté pour le développement, on peut utiliser des méthodes d'auteur et elles ont du succès là-bas.

- Où sera ouvert votre studio?

- J’ai l’intention de l'organiser à Renton, état de Washington. Il y a déjà des locaux nécessaires. Je veut que ce soit un véritable foyer de la culture.

Vous savez, dans cet état habitent plus de 30 milliers d'ukrainiens. Et quand je suis là-bas, je n'ai même pas de possibilité de parler anglais, parce que les ukrainiens sont partout! Il n’y a aucune sensations de ne pas être chez soi.

- Avez-vous déjà beaucoup d’élèves potentiels? Les avez-vous impressionné?

- Il y a beaucoup d’enfants qui le veulent. Mais là, il n’y a pas d’instruments, mais ceux qu’ils ont, ils ne sont pas tout à fait adaptés pour l'apprentissage. C’est pourquoi, je dois les fabriquer de mes propres mains et les y transporter, même si c'est très difficile, pour commencer mon travail.

- Bien sûr, si en Amérique la bandoura sera mise en vogue et ensuite elle revient chez nous, c'est bien. Mais nous avons aussi besoin de telsenseignants modernes. Est-ce que nos établissements musicaux ne vous ont pas invité à enseigner?

- Comment vous dire... Nous avons de la vieille garde des enseignants. Et Dieu merci, qu'ils existent! Ils enseignentune manière de jeux bien classique, ils forment une très bonne base. J'ai une spécialisation un peu différente. Je ne veux pas me tenir au conservatoire et enseigner. Je veux donner des concerts, créer quelque chose d'intéressant comme ces modèles de bandouras, me développer.

Puisque notre système de concerts académiques, d’épreuves..., ce n'est pas pour moi. J'aime le libre développement. C'est pourquoi, je pense, en Amérique ce sera beaucoup plus facile pour moi. Là, il n’y a pas de cadres, ni de lois, et tu fais comme tu le trouves nécessaire.

APRÈS LE CONSERVATOIRE JE SHOOTAIS DES MARIAGES, MAIS MON DÉBUT AU TALENT SHOW A TOUT CHANGÉ

- Mais en effet, votre histoire personnelle de formation musicale a évolué selon le scénario classique. Racontez-nous un peu de vous-même...

- Je suis né dans la région de Mourmansk et puis en 1989avec mes parents je suis venu en Ukraine, à la ville de Volodymyr-Volynskiy. Nous avons simplement reçu un appartement. Mes parents sont formidables, ils sont des gens simples, aujourd'hui en retraite. Ma mère est de Kharkiv, mon père est né à Alma-Ata. Par conséquent, quand nous avons déménagé, la question s’est posée concernantl’instrument pour les enfants à maîtriser. Ma mère a entendu la bandoura et a décidé qu’elle était à moi. Je me suis approché, je l’ai touchéavec mon doigt...et c’est tout !

J'ai eu une très bonne enseignante Nadiya Mykhailivna. Je lui ai dit autrefois: "Nadiya Mykhailivna, la bandura – c'est l'océan!" Elle se souvient de ces mots jusqu’ici. Elle a beaucoup fait pour que je puisse évoluer. Elle a de la religion,elle brûlais des cierges dans l'église et croyait qu'un jour je serai un grand musicien. Nous sommes en contact permanent avec elle même aujourd’hui. Je suis reconnaissant à Dieu d’avoir purencontrer dans ma vie des gens comme elle qui m'ont aidé énormément. Ce n’est pas si simple...

- Vous avez terminé vos études au conservatoire et... commencé à travailler comme photographe. Pourquoi?

- Je n'étais pas sûr que mon rêve pourra me faire vivre. Pendant six ans, je faisais activement de la photo, participais aux expos photo, shootais des mariages, travaillais dans l'industrie de la mode et dans la publicité. Et puis en un moment, tout a changé... J'ai réalisé que trahir ma vocation de musicien c'est impossible en aucun cas.

- Un moment d’étape dans votre "expédition de recherche" de vous-même en tant que musicien a été votre participation au concours "L'Ukraine a du talent" il y a huit ans. Alors en direct vous avez interprété "Shape of my Heart" de Sting après quoi, comme on dit, vous vous êtes réveillés célèbre. Il n’y avait pas encore de telle version de Sting!

- En effet, c'était une performance explosive. Avant il y avait une idée stéréotype concernant notre instrument: un vieillard à la moustache est assis et joue une chansonukrainienne très mineure et très lugubre... On avait même une sorte de perception que toute notre musique de bandoura est quelque chose de très ancien et obsolète.

Et je voulais démontrer et de faire passer à l'auditeur un message que nous avons,tout de même, de quoi être fiers, et que la bandoura contient de la profondeur et du contenu indicible. Je crois, la bandoura sonne comme l’Ukraine, de manière moderne, profonde et polyphonique. Qu’avec les cordes de la bandoura on peut exprimer l'humeur, l’esprit, la couleur, toute l'histoire millénaire que nous avons passé. Et tout cela, on peut le faire de manière moderne! De manière tellement pertinente que le monde entier sera impressionné de notre instrument. C'est un véritable exotisme!

À propos de Sting, quand il a été à Kyiv avec son concert, j'ai acheté un billet, j’ai pris toute ma bourse d’études, et je lui ai remis mon disque avec une version de bandoura "Shape of my Нeart". Je ne sais pas, siil l’a écouté ou non, mais au moins j'ai fait une tentative...

Et après ce show, j'ai vraiment commencé à recevoir beaucoup d’invitationsdiverses : des performances à des soiréesprivées, ainsi que desconcertsà l’étranger. Et tout cela m'a motivé encore plus pour ma propre croissance.

- Vous avez également participé à un concours "Une minute de gloire" à Moscou...

- C'était avant les événements dramatiques à l'est de l’Ukraine et en Crimée. Et pour ma performance, on a fait là-bas une très belle scène et unesuperbe mise en scène. Je suis arrivé à la super finale. C'est-à-dire, mon numéro a fait partie du top 15 de toute la CEI, là il y avait environ trois mille participants.

AUJOURD'HUICHEZ NOUS J'ENTENDS SOUVENT: «TU ES UN NON-FORMAT», JE VAIS FAIRE MES ÉTUDES À BERKELEY ET PUIS ON VERRA

- Tout développement nécessite des ressources. Ressources matérielles en particulier. En fait, quand vous avez eu une idée de créer une bandoura électrique, alors cela, au moins, prévoit l’aménagement d’un atelier. Qui vous a aidé?

- Cela peut vous paraître presque incroyable, mais mon idée s'est réalisée sans un sou. Tout simplement j'ai réussi à trouver des gens qui m’ont aidé à matérialiser mon idée. Et cela prouvepour la énième fois une thèse: si tu as un rêve cool, il y aura toujours ceux qui vont la soutenir.

- Et vous pouvez avoir maintenant un niveau de vie suffisant avec la musique, parce que,probablement, ce n’est pas si facile?

- Grâce à mes concerts et à ce que je peux fabriquer des instruments. Ce n'est pas une aisance totale, bien sûr, je n'ai pas d'appartement, je loue un logementà Kyiv, je n'ai pas de voiture, mais je ne peux pas me plaindre de mon sort et crier famine. J'ai un atelier en Ukraine occidentale. Tout ce que je gagne, j’investis dans l'art. Dans les bandouras, ébauches, phonogrammes, costumes et ainsi de suite...

- C'est-à-dire, il n’y a pas de sponsors, ni de producteurs?

- Il n'y a personne qui puisse me propulser. Parfois j'entends: "tu es un non-format", parce que la logique est simple: en Ukraine c’est impossible de gagner son bif avec la bandoura, ainsi que de ramasser les stades. Chez nous, il est extrêmement difficile d'être un instrumentiste. Personne ne peut même imaginer qu’avec la bandoura on peut donner des concertsméga-bons et que cet instrument a de telles capacités!

J'ai encore l'intention de faire un peu mes études en Amérique, au Collège de musique de Berkeley, où ont été formés beaucoup de musiciens célèbres, des stars du show-business. Peut-être alors, après un background étranger, je serai perçu avec ma bandoura en Ukraine différemment.

- Cela veut dire quevous n'avez pas de récitals?

- Mon dernier récital, je l'ai eu à Rivné l'année passée. C'était mon concertde master. J'ai présenté mon invention - unebandoura avec la pédale – à la commission et j’ai donné un grand concert avec l'orchestre. Il y avait de bons commentaires sur Internet et dans la presse. Mais j'ai engagé une énorme dépense pour cela et décidé de ne pas donner des récitals pour l’instant.

À l'heure qu'il est, je participe au programme de concert avec d'autres artistes ukrainiens, avec Tonya Matviyenko, Victor Pavlyk, avec d'autres. Parfois nous organisons des expériences d'art avec mon ami, un saxophoniste Igor Roudyi. Quand nous jouons sur scène... saxophone avec bandourac’est tout simplement fantastique! J'ai été invité beaucoup de fois à "Lavoix du pays". À propos, il est arrivé trois fois déjà que dans la super finale je jouais avec un compétiteur, et il gagnais! Je crois, ce n’est pas par hasard qu’il a gagné, mais parce que le peuple entend la bandoura dans la finale et tout le monde vote. En effet, il y a quelque chose là-dedans! Et quand de telles choses se produisent, je comprends qu’au niveau subconscient les ukrainiens ressentent la profondeur de cet instrument.

L’IMPROVISATIONSPONTANÉE, LA MUSIQUE D'AUTEUR... LA SUITE PROCHAINEMENT

-Vous aimez jouer des hits mondiaux avec l’orchestre symphonique. Nous avons déjà parlé de Sting. La musique de qui encorejouez-vous?

- Dans mon répertoire il y a beaucoup d'œuvres de différents compositeurs hollywoodiens. Le plus aimé c’est Hans Zimmer qui écrit des bandes sonores pour les films hollywoodiens. Mais parallèlement avec cette musique, j'essaie de donner quelque chose du mien. Et maintenant, je mise sur ma musiqued’auteur. C'est ce qui est unique et incomparable .

- O.K. Sting, Zimmer. Mais quelqu'un peut dire: "Bon sang, c'est tout simplement de la musique pop!

- La musique pop peut aussi résonner dans le cœur des gens. Si la musique vient de l'âme, si elle est faite professionnellement bien, si elle est del'heure. Ce que nous appelons maintenant la musique classique, elle était autrefois de la musique populaire, et c'est avec le temps qu’elle est devenue le classique. Si la musique populaire survit des époques, alors elle a le droit à la vie!

Mais en général, je pratique sur scène des improvisations spontanées. C'est un genre particulier, quand tu es sur scène, tu regardes le public qui est devant toi, tu tentes de ressentir l'état d'esprit du public et, en ce moment, tu fais la musique qui n'est ne se reproduira jamais dans la vie. Hop!Et c’est tout! Et tu ne pourrasplus l’attraper...

- Est-ce que beaucoup de musiciens savent le faire?

- Je ne pense pas. C'est quelque chose de très pareil au free-jazz. Un jazzman a dit: afin de jouer du jazz, il faut explorer tout ce qui a été créé pour ton instrument avant toi, apprendre à le mettre en oeuvre, et puis oublier le premier et le deuxième – et c’est alors que tu pourras jouer du jazz. Il faut passer par toute une période, avoir une grande base technique, devenir un musicien de haut niveau et c’est là que tu peux donner libre cours à tesfantaisiesd’art, être dans le coaltar et de créer.

- Nous avons eu l'occasion de l'observer, nous vous avons entendu en mois de mars à Kyiv au festival de jazz, quand vous avez joué avec "Revenko Band". C'était cool, tout simplement génial! Ce n’est pas la première fois que vous avez joué avec eux?

-Pour la première fois. Ils m'ont invité. Certains artistes m’invitent souvent, ils savent que je suis comme ça. En général, le jazz c'est cool! Je suis content du fait que tout s’est très bien passé.

- Il existe un stéréotype que la musique électronique c’est quelque chose de secondaire, et la musique pleine de vie c'est bien un instrument classique. Pensez-vous que les instruments doivent se moderniser ?

- Je crois que la bandura doit parallèlement se développer dans deux directions: dans la direction classique, et nous avons l'artde kobzar traditionnel et des représentants de l'école de kobzar, ainsi que dans la direction ultramoderne ce qui peut être intéressant pour les jeunes. C'est extrêmement important de revivifier les traditions et, simultanément, de les modifier, les adapter à la modernité.

- Est-ce que quelqu'un a déjà soutenu votre initiative?

-Il y a pas mal de jeunes gens qui essaient de faire beaucoup de choses pour la bandoura. Beaucoup a été fait par mon professeur, artiste du peuple de l'Ukraine Roman Grynkiv. Je lui suis fort reconnaissant, j’ai attrapé beaucoup de ses idées pendant mes études au conservatoire.

- J’ai déjà écrit mes huit propres compositions. Certaines d'entre elles sont enregistrées sur mon disque. Certaines sont nées spontanément, directement pendant mes concerts. Tu improvises, puis essaies de répéter...

- Présentation de la musique ukrainienne pour les invités à l'Eurovision, une école de musique pour les enfants en Amérique... Pouvez-vous continuez ce plan en perspective?

- Actuellement je suis en train de travailler sur mon deuxième disque compact qui va inclure des innovations que j’ai aujourd'hui. Parce que quand mon premier albumest sorti, là je n'avais pas encore de qualité sonore que j’ai maintenant. Et je voudrais encore faire des tournées afin de populariser l'Ukraine moderne dans le monde.

Je suis heureux d'avoir trouvé ma vocation, de faire ce que j’aime dans ma vie. Je crois que l'homme vitpleinement lorsqu'il reçoit le plaisir de son travail. Il faut chercher sa vocation, malgré tout! Quand tu es tenace, tu peux frayer un passage! C’est difficile, mais tu le fais.

Valentyna Pachtchenko, Kyiv.

Photo: Daniil Chamkine, Ukrinform