Selon les défenseurs des droits de l’homme, le traitement ignoble infligé à Viktoria Rochtchyna illustre les pratiques courantes des forces russes

L’organisation et d'autres organisations de défense des droits humains ont largement documenté les disparitions forcées et les actes de torture commis par les forces russes en Ukraine.

Le dernier exemple en date est la mort de la journaliste ukrainienne, Victoria Rochtchyna, dans une prison russe. Les circonstances du décès de la journaliste restent inconnues, cependant, plusieurs indices montrent qu'elle a subi de graves sévices.

Andrew Stroehlein, directeur des relations médias en Europe de Human Rights Watch, rappelle qu’en août 2023, Victoria Rochtchyna a disparu dans la région ukrainienne de Zaporijjia, occupée par la Russie. Personne n'a eu de nouvelles pendant un an, jusqu’à ce qu’elle appelle ses parents depuis une prison russe en août 2024. C'est la seule et unique fois où ils ont eu des nouvelles de leur fille après sa disparition.

En octobre 2024, ses parents ont reçu un message de trois lignes de la part des autorités russes. Il indiquait que leur fille était décédée un mois plus tôt. Aucune information n'était donnée sur les circonstances de sa mort.

La semaine dernière, le bureau du procureur général ukrainien a annoncé que le corps de Victoria Rochtchyna avait été identifié parmi ceux de militaires ukrainiens rapatriés en Ukraine en février. Un sac mortuaire portant la mention « homme non identifié » contenait le corps d'une femme très amaigrie. Une étiquette attachée à la jambe portait le nom « Rochtchyna ». L'analyse ADN a confirmé à 99 % qu'il s'agissait bien d'elle.

Un examen médico-légal a mis en évidence de nombreux signes de torture. Il y avait des contusions, une côte cassée et « des signes possibles d'électrocution ». Un rapport d'autopsie relève également des organes manquants sur son corps.

Les défenseurs des droits de l’homme soulignent que le traitement ignoble infligé à Victoria Rochtchyna illustre malheureusement les pratiques courantes des forces russes. Ils ont également répertorié les cas de transfert illégal de détenus vers des établissements situés en Russie, où ils ont été torturés.

En mars, une enquête des Nations unies a conclu que le recours à la torture et aux disparitions forcées par les autorités russes constituait un crime contre l'humanité. Elle a qualifié ces actes de « partie intégrante d'une attaque généralisée et systématique contre la population civile, menée dans le cadre d'une politique d'État coordonnée ».

Aujourd'hui, une grande partie des discussions liées à l'invasion de l'Ukraine par la Russie se concentre sur la possibilité de négociations visant à suspendre, voire à mettre fin à la guerre. Toutefois, à mesure que ces évènements se déroulent, le monde doit s’assurer qu’au moins deux choses ne soient pas oubliées.

Premièrement, il ne devrait jamais y avoir d'amnistie pour les crimes graves tels que la torture. Qu'il y ait cessez-le-feu ou non, accord de paix ou non, les auteurs de ces crimes doivent être traduits en justice.

Deuxièmement, toute discussion devrait prioriser la libération immédiate des milliers de civils ukrainiens détenus illégalement par la Russie. Tant qu'ils resteront détenus en Russie, ils seront exposés à la torture. Le traitement barbare infligé par la Russie à Victoria Rochtchyna et à de nombreuses autres personnes l’illustre de manière très claire.