Ukraine : Deux ans après la rafle de journalistes à Melitopol, RSF alerte sur leur sort
Vingt-quatre mois après l’arrestation de sept professionnels des médias à Melitopol, le 20 août 2023, ils demeurent détenus dans les prisons russes ou des territoires occupés. Procès reportés, transferts incessants, internements forcés : leur sort illustre les dérives du système répressif russe. Reporters sans frontières (RSF) appelle à leur libération immédiate.
Parmi eux, Yana Souvorova, 19 ans, administratrice de la chaîne Telegram Melitopol tse Ukraina (Melitopol c’est l’Ukraine), récemment transférée dans le centre de détention n°2 de Taganrog, tristement connu pour les tortures infligées aux prisonniers ukrainiens. Ses collègues Maksym Rupchov, Oleksandr Malyshev et Vladyslav Hershon attendent, eux, des procès pour « terrorisme » et « espionnage », régulièrement ajournés par le tribunal militaire de Rostov, rapporte RSF.
Le cas de Mark Kaliush, autre modérateur de Melitopol tse Ukraina, est emblématique. Poursuivi pour “menaces de mort”, “préparation d’un acte terroriste” et “détention illégale d’explosifs”, il a vu la justice russe prononcer le 7 juillet son exemption de responsabilité pénale. Mais au lieu d’être libéré, le tribunal l’a interné de force dans un hôpital psychiatrique, pour “schizophrénie”, un diagnostic que RSF n’a pas pu confirmer. Selon la justice ukrainienne, il pourrait être retenu dans un établissement situé en territoire occupé ou dans la région russe de Rostov. Les internements psychiatriques forcés sont utilisés par la justice pour réduire au silence les voix critiques, une pratique héritée en Russie de l’époque soviétique. Ils se sont multipliés pour les opposants à l’invasion à grande échelle.
Pour Anastasia Hloukhovska et Heorhiy Levtchenko, de la chaîne RIA-Melitopol, les informations sont plus fragmentaires encore. Leurs proches ignorent parfois jusqu’à leur lieu exact de détention.
« Ces sept journalistes et collaborateurs de médias symbolisent ce que la Russie craint le plus : la vérité sur l’occupation des territoires ukrainiens, où arrestations et répression sont devenues la norme. Certains sont dans l’attente de procès iniques, tandis que, pour d’autres, les informations ne parviennent qu’au compte-gouttes. Ils ne doivent pas tomber dans l’oubli et le Kremlin doit rendre des comptes sur leurs cas. RSF exhorte à leur libération immédiate et inconditionnelle », insiste Pauline Maufrais, responsable Ukraine à RSF. L’ONG insiste pour que leur situation ne tombe pas dans l’oubli.