Au moins 206 militaires ukrainiens sont morts en captivité russe, 245 ont été abattus sur le champ de bataille
Cela est indiqué dans l’enquête de l’Associated Press, qui s’appuie sur des expertises médico-légales, les témoignages d’anciens prisonniers et les données de défenseurs des droits de l’homme, rapporte Ukrinform.
Les journalistes ont raconté l’histoire de Serhiy Hryhoriev, militaire de 59 ans, dont le certificat de décès russe indique qu’il est mort d’un accident vasculaire cérébral. Mais, selon les journalistes, l'autopsie a relevé que Grigoriév est mort à cause de violences et de négligence médicale. Cela a été confirmé par un autre ancien prisonnier de guerre, qui était détenu avec Hryhoriev.
« L'autopsie réalisée en Ukraine relève qu'il est mort d'une hémorragie consécutive à un traumatisme contondant de l'abdomen, qui a également endommagé sa rate », indique le rapport.
D'autres autopsies menées en Ukraine ont montré que, par exemple, cinq prisonniers de guerre sont morts d'insuffisance cardiaque, notamment des hommes âgés de 22, 39 et 43 ans. Quatre autres sont décédés de tuberculose ou de pneumonie, tandis que trois autres encore sont morts d'infection, d'asphyxie et de traumatisme contondant à la tête.
Oleksiy Honcharov, un prisonnier de guerre ukrainien de 48 ans qui était détenu avec Hryhoriev dans la colonie pénitentiaire de Kamensk-Chakhtinski, dans le sud-ouest de la Russie, a raconté que l'homme était systématiquement battu.
« Tout le monde était battu, sans exception. Certains plus que d'autres, mais nous y passions tous. Vers la fin, je pouvais à peine marcher », a déclaré Honcharov, chez qui on a diagnostiqué une tuberculose après son retour en Ukraine, une maladie de plus en plus répandue chez les prisonniers de guerre qui reviennent.
Selon des représentants d'organisations de défense des droits de l'homme, de l'ONU, du gouvernement ukrainien et d'un médecin légiste ukrainien qui a pratiqué des dizaines d'autopsies de prisonniers de guerre, les mauvais traitements dans les prisons russes sont très probablement la cause de nombreux décès. Les responsables affirment que le nombre de décès en prison prouve que la Russie maltraite systématiquement les soldats prisonniers, et les divergences médico-légales, comme dans le cas de Hryhoriev, et le rapatriement de corps mutilés et décomposés indiquent une tentative de dissimuler d'éventuelles tortures, la famine et les mauvais soins médicaux dans les prisons et les centres de détention à travers la Russie et la partie occupée de l'Ukraine.
On s'attend à ce que le nombre de prisonniers de guerre décédés augmente à mesure que les corps sont restitués et identifiés, mais les experts médico-légaux rencontrent des difficultés importantes pour déterminer les causes des décès, car dans certains cas, des organes internes sont manquants. La forte décomposition constitue un autre obstacle, selon les autorités.
« Ils gardent les corps jusqu'à ce qu'ils atteignent un état où plus rien ne peut être identifié », a déclaré Petro Yatsenko, représentant du Quartier général de coordination pour le traitement des prisonniers de guerre.
Le rapport de l’ONU pour l’année 2024 a révélé que 95 % des prisonniers de guerre ukrainiens libérés ont été victimes de tortures « systématiques ».
Les prisonniers ont décrit des passages à tabac, des électrocutions, des simulacres de noyade, des violences sexuelles, des positions de stress prolongées, des simulations d’exécution ainsi que des privations de sommeil.
Le rapport souligne également que certains prisonniers de guerre russes ont été maltraités par les forces ukrainiennes lors de leur capture initiale, notamment par des coups, des menaces et des décharges électriques. Mais ces abus ont cessé une fois les prisonniers de guerre russes transférés dans des centres de détention officiels ukrainiens, selon le rapport.