« Je suis sorti des décombres, j’ai vu un homme et une femme gisant » : des survivants racontent la frappe russe sur une base de loisirs à Zaporijjia

« Je suis sorti des décombres, j’ai vu un homme et une femme gisant » : des survivants racontent la frappe russe sur une base de loisirs à Zaporijjia

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Ukrinform
Ce matin, l’armée russe a largué des bombes aériennes explosives sur une base de loisirs à Kanivske, dans le district de Zaporijjia, où se trouvaient des civils. Il y a des morts et des blessés.

Des bâtiments de service pulvérisés, des maisonnettes détruites dans lesquelles logeaient les vacanciers, des voitures calcinées, les corps de deux personnes tuées. Voilà ce qu’il reste après l’attaque russe sur Kanivske. Près de la piscine où, la veille encore, des enfants se baignaient, un homme est assis, muet, en état de choc. C’est le propriétaire de la base. Il a refusé de parler à la caméra, et nous n’avons pas insisté. En privé, il a confié qu’il ne comprenait toujours pas comment des bombes avaient pu être larguées sur des civils, alors qu’il n’y a aucune infrastructure militaire à proximité, aucun « combattant de l’OTAN » — comme aiment à le raconter les canaux pro-russes.

« Nous n'avons pas eu le temps de partir »

La base est située au bord d’une rivière, entourée de pins. Selon les informations officielles, au moins quatre bombes aériennes explosives (FAB) ont été larguées. Mais des témoins sur place affirment avoir entendu sept ou huit explosions.

Nous avons pu parler avec M. Vitaliy, l’un des vacanciers présents à Kanivske. Originaire de Zaporijjia, il était venu passer quelques jours ici avec sa femme et des amis.

« Nous sommes arrivés samedi. Aujourd’hui à 11 heures, on devait partir. J’ai fêté mon anniversaire lundi. On était six, tous en vacances, et on devait rentrer le même jour », raconte-t-il.

Nous l’avons rencontré près d’une voiture endommagée — celle de son ami, dont la femme figure parmi les victimes. Son corps gisait à quelques mètres du véhicule.

« Elle a probablement couru vers la voiture pour fuir. Ils m’ont vu monter dans la mienne. J’ai pris la route, appelé les secours, les pompiers, la police, et leur ai montré où aller », explique Vitaliy.

Il se souvient de l’extrême puissance des explosions. Lors de la première, il s’est jeté derrière un lit. Puis il a compris qu’il devait fuir et chercher un abri.

« On avait un local de stockage, on a couru là-bas. Deux autres bombes ont frappé ensuite, probablement des KAB », dit-il.

Selon lui, il y avait environ 20 personnes sur la base au moment de l’attaque.

« Jamais je n’aurais imaginé qu’une chose pareille puisse arriver »

Parmi les blessés figure Oleksandre, 62 ans, agent de sécurité sur la base. Nous le retrouvons assis à l’entrée, une cigarette à la main, visiblement secoué. Il a accepté de nous raconter ce qu’il a vécu.

« Il était environ six heures du matin. J’étais dans la guérite quand j’ai entendu trois frappes. Un peu de gravats m’est tombé dessus. Les gens ont commencé à courir vers leurs voitures. J’ai entendu un bruit sourd et j’ai crié : “Cachez-vous !”. Je suis parti d’un côté, d’autres sont allés ailleurs. J’entendais des gens crier : “Aidez-nous !” », se souvient-il.

Il a réussi à joindre ses proches pour leur demander d’appeler une ambulance, car il n’y avait pas de réseau sur place.

« Quand je suis sorti des décombres, j’ai vu une voiture en feu, un homme et une femme gisant», dit-il.

Oleksandre a compté sept explosions, peut-être plus — mais il dit que dans son état de choc, difficile d’être précis. Entre deux frappes, il a ouvert les grilles, s’attendant à l’arrivée des secouristes. Puis, une nouvelle bombe est tombée. Il s’est recroquevillé, pensant vivre ses derniers instants.

« Dieu merci, je suis en vie… Les enfants aussi, Dieu merci, ceux qui étaient ici. Il n’y avait que des civils, des familles. Jamais je n’aurais imaginé que ça puisse arriver », souffle-t-il.

Oleksandre est un déplacé. En 2022, il a fui Houliaïpole avec sa famille — sa maison a été détruite depuis longtemps. Sa pension ne lui suffit pas pour vivre, alors il a trouvé un emploi de gardien. Il travaillait ici depuis deux ans. Après cette matinée d’horreur, il doute de rester.

« Je ne sais pas ce que je vais faire maintenant », dit-il.

Il s’en sort avec quelques égratignures à la jambe et au bras. À la fin de l’entretien, il ne peut retenir ses larmes.

Le bilan provisoire : deux morts, douze blessés

Selon les rapports officiels, l’attaque sur Kanivske a eu lieu entre 05h55 et 06h10. Deux personnes ont été tuées, douze blessées, dont au moins deux enfants. Neuf blessés ont été hospitalisés.

Olga Zvonaryova

Photo : Dmytro Smolyenko


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