ONU : les frappes de drones russes sur des civils près de la ligne de front constituent un crime contre l’humanité
Selon le rapport, les forces russes ont ciblé des civils et diverses infrastructures à l’aide de drones de courte portée dans des localités situées sur la rive droite du Dnipro, à plus de 300 km.
En mai, la Commission avait conclu que les frappes de drones enregistrées dans la région de Kherson étaient massives et systématiques, et pouvaient donc être qualifiées de crimes contre l’humanité, sous forme d’homicides.
« Les preuves recueillies confirment que des attaques similaires ont visé des civils et des infrastructures dans les régions de Dnipropetrovsk et de Mykolaïv. Les circonstances dans ces trois régions indiquent une intention de tuer, mutiler et détruire », précise le rapport.
Les forces russes mènent ces attaques depuis la rive gauche du Dnipro, utilisant des drones équipés de systèmes de surveillance en temps réel, capables de suivre leurs cibles sur de longues distances et de larguer des engins explosifs, causant morts et blessures. Des frappes ont également touché des ambulances et autres services d’urgence, entravant leur intervention.
Le rapport souligne l’impact dévastateur de ces attaques sur les civils : destructions importantes, villes rendues inhabitables, services de base et commerces hors service, et déplacements massifs de population.
Des chaînes Telegram russes, administrées par les auteurs ou affiliées aux unités de drones, ont diffusé des centaines de vidéos montrant la mort ou les blessures de civils, ce qui constitue un crime de guerre portant atteinte à la dignité humaine. Ces chaînes publiaient aussi des messages menaçants annonçant de nouvelles attaques et incitant les habitants à fuir.
Selon la Commission, le comportement des forces russes peut être qualifié de crime contre l’humanité sous forme de déplacements forcés de population. La Commission prévoit de revenir sur cette question dans son rapport à l’Assemblée générale de l’ONU en octobre.
« Trois ans et demi de conflit armé en Ukraine continuent d’avoir un impact dévastateur sur la population civile. Les violations et crimes constatés ont infligé aux victimes des souffrances et épreuves indicibles », a déclaré le président de la Commission, Erik Mose.
La Commission n’a pas pu conclure l’enquête sur les affirmations des autorités russes concernant d’éventuelles frappes de drones ukrainiens, en raison de l’absence d’accès aux territoires concernés, des risques pour les témoins et du manque de réponse de la Russie à ses demandes.
Elle continue par ailleurs d’enquêter sur la déportation et le déplacement de civils adultes dans les zones de la région de Zaporijjia sous contrôle russe.
Le rapport indique que les attaques de drones de courte portée, ainsi que les déportations et déplacements, témoignent d’actions coordonnées et organisées de la part des autorités russes, visant à consolider leur contrôle sur les territoires occupés, en forçant la population locale à fuir.
Les frappes répétées ont progressivement détruit des localités entières. De nombreuses victimes ont perdu des proches, leurs maisons ont été détruites et leurs conditions de vie sont devenues invivables. Les personnes âgées restent particulièrement vulnérables sur la ligne de front, incapables d’échapper aux nouvelles attaques, souligne la Commission de l’ONU.