Un cessez-le-feu pourrait être atteint cette année grâce à une aide militaire massive à l’Ukraine – général français
C’est l’analyse formulée par le général de l’armée française et consultant en défense, Nicolas Richoux, dans un entretien accordé au correspondant d’Ukrinform.
« Nous ne devons pas tirer de conclusions hâtives, mais je doute fortement que Poutine s’arrête avant d’avoir atteint ses objectifs. Concrètement, l’annexion de ces régions constitue son objectif immédiat ; à plus long terme, son ambition pourrait bien être la conquête de toute l’Ukraine. Par ailleurs, la réalisation de ces objectifs représente pour lui une condition préalable à tout cessez-le-feu », a estimé le général.
Selon lui, un cessez-le-feu constitue en principe un geste technique, permettant d’amorcer des négociations. Or, la condition posée d’entrée par la Russie – l’abandon par l’Ukraine de ses territoires – démontre l’absence de réelle volonté de négocier.
« C’est la preuve qu’il ne souhaite pas engager de négociation sincère. Il poursuivra les combats tant que la ligne de front ne coïncidera pas avec les frontières administratives des régions. Voilà pourquoi je doute que nous puissions parvenir à quelque chose de durable cette année, même en cas de cessez-le-feu ponctuel », a-t-il souligné.
Le général estime que l’avenir de la guerre dépendra en grande partie de la capacité des États-Unis à influer sur Poutine.
« Nous ignorons encore ce que les États-Unis comptent faire. L’Europe semble peu à peu se préparer militairement, mais trop lentement et sans réelle coordination. Par ailleurs, c’est Donald Trump qui détient en réalité la clé de cette situation », a-t-il déclaré.
À ses yeux, les sanctions à elles seules ne suffiront pas à faire plier le Kremlin. Seule une aide militaire massive à l’Ukraine pourrait forcer Poutine à envisager la paix.
« Vous savez, les sanctions sont importantes, mais elles agissent comme un poison lent. Leur tempo n’est pas celui d’une guerre. Or, la guerre, c’est de l’urgence : il faut des troupes, des munitions, de la logistique, des chars, des avions, etc. D’un point de vue économique, imposer des sanctions qui produiront des effets dans 5 à 10 ans pourrait certes affaiblir la Russie, mais cela ne suffira pas à imposer un cessez-le-feu à court terme. La seule solution, c’est une aide massive, clairement annoncée, avec un message fort : "Puisque vous refusez de négocier, nous allons massivement renforcer l’Ukraine avec des armes à longue portée, sans limiter l’engagement américain." C’est cela qui aurait un véritable impact sur la Russie », a expliqué Nicolas Richoux.
Comme l’a rapporté Ukrinform, les pays d’Europe du Nord apportent aujourd’hui à l’Ukraine un soutien militaire dont le volume est dépassé uniquement par celui des États-Unis. Cela démontre l’important potentiel de l’Union européenne pour renforcer davantage ce soutien et permettre à Kyiv de consolider ses positions tant sur le champ de bataille qu’à la table des négociations.