Poutine tentera de gagner la faveur de Trump en Alaska

La Russie « jouera la montre » sur les questions du cessez-le-feu et tentera d'éviter de nouvelles sanctions.

C'est ce qu'a déclaré à Ukrinform un expert sur les questions ukrainiennes, coordinateur du programme Ukraine et la Russie à l'Institut d'études stratégiques de l'Académie des sciences de l'Ukraine, Serhiy Kolesnikov.

La Russie « jouera la montre » dans les questions relatives au cessez-le-feu et tentera d'éviter de nouvelles sanctions. Daniel Szeligowski, expert des questions ukrainiennes et coordinateur du programme l`Europe de l'Est à l'Institut polonais des relations internationales (PISM), l'a indiqué dans un commentaire à Ukrinform.

Comme l'a souligné l'expert, même si Trump parvient à un accord avec Poutine en Alaska, cela ne signifie pas que l'Ukraine « devra automatiquement l'accepter ou qu'elle pourra être contrainte à quoi que ce soit ».

M. Cheligovsky s'attend à ce que ce soit plutôt une discussion générale sur certains cadres d'un règlement politique. Il n'a pas exclu que M. Trump puisse réussir à faire un pas en avant dans la question du cessez-le-feu.

« Je pense qu'il y a une chance de parvenir à un cessez-le-feu partiel, même si cela ne signifie pas qu'il sera mis en œuvre. Il me semble que c'est ce que veulent l'Ukraine et l'Europe. Et Poutine devra aussi proposer quelque chose à Donald Trump lors de la rencontre afin que le président américain ne reparte pas les mains vides », a souligné M. Cheligovsky.

Selon l'expert, Poutine pourrait proposer à Trump un cessez-le-feu partiel, par exemple dans les airs, et en échange, le leader américain devrait lui promettre, par exemple, qu'il convaincra l'Ukraine d'accepter le soi-disant mémorandum russe d'Istanbul comme base pour les négociations de paix russo-ukrainiennes.

L'expert du PISM a souligné que Poutine souhaite atteindre plusieurs objectifs lors de sa rencontre avec Trump. Selon lui, tout d'abord, la Russie « joue la montre » pour éviter des sanctions supplémentaires, tout en conservant l'initiative sur le front.

Il a ajouté que l'Ukraine était intéressée par un cessez-le-feu complet et n'était pas très intéressée par un cessez-le-feu limité à l'espace aérien, où Kyiv a obtenu des succès évidents.

L'expert polonais fait remarquer que, comme le président ukrainien Volodymyr Zelensky ne sera pas présent à la rencontre Trump-Poutine en Alaska et qu'il n'y aura pas de « filtres supplémentaires » tels que, par exemple, le secrétaire d'État américain Mark Rubio, de diplomates américains ou de dirigeants européens qui connaissent bien les intentions de la Fédération de Russie, Poutine aura la possibilité de manipuler Trump.

L'expert a souligné que Poutine ne prenait pas de risques politiques importants en participant à cette rencontre.

M. Cheligovsky a indiqué qu'il était difficile de prédire l'issue de cette rencontre en Alaska. Il n'exclut pas que, suite à celle-ci, Trump puisse proposer à l'Ukraine un cessez-le-feu, en s'appuyant sur les arguments de la Fédération de Russie et en menaçant que, si Kyiv n'acceptait pas ces propositions, les conditions pourraient être encore pires dans un mois.

« Mais on ne peut pas non plus exclure que Poutine mette Trump en colère », a déclaré l'expert, attirant l'attention sur le large éventail de réactions possibles du président américain à cette rencontre.

Comme le rapporte Ukrinform, le président américain Donald Trump et le chef de la Fédération de Russie Vladimir Poutine se rencontreront le 15 août à la base militaire commune d'Elmendorf-Richardson à Anchorage (Alaska).

Photo : capture d'écran